Essais & Simulations n°133
Spécial Eurosatory : Quels moyens d’essais pour la défense ?
Spécial Eurosatory :
Quels moyens d’essais pour la défense ?
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<strong>Essais</strong> et modélisation<br />
Dans un tokamak, des températures supérieures à 150<br />
millions de degrés Celsius provoquent la séparation des<br />
électrons des noyaux, ce qui forme un plasma surchauffé<br />
entièrement ionisé à partir d’un combustible hydrogène<br />
gazeux. Le cœur du plasma est contenu dans un récipient<br />
sous vide toroïdal ou en forme d’anneau et est maintenu<br />
à haute pression pour produire un plasma dense avec une<br />
probabilité élevée de collision. Les champs magnétiques<br />
externes confinent et contrôlent le plasma d’une manière<br />
analogue aux champs gravitationnels intenses au cœur du<br />
soleil, produisant ainsi une fusion nucléaire. « Les progrès<br />
récents dans les supraconducteurs à haute température pourraient<br />
nous permettre de concevoir un tokamak qui fonctionne<br />
à des champs magnétiques plus élevés, hissant ainsi<br />
les performances du plasma à celles du niveau des réacteurs,<br />
explique Jeffrey Doody, ingénieur en mécanique au PSFC.<br />
L’objectif des recherches passera ensuite de l’amélioration de<br />
la performance du plasma aux systèmes de support dans le<br />
tokamak. »<br />
À l’aide de la simulation numérique, Jeffrey Doody et ses<br />
collègues conçoivent la structure ADX pour obtenir et maintenir<br />
des flux de chaleur et des champs magnétiques au<br />
niveau de celui des réacteurs, ce qui en fait un banc d’essai<br />
adapté pour les systèmes d’échappement et les interactions<br />
plasma-matériau. Tout ceci afin de permettre la prochaine<br />
étape de développement des machines à fusion.<br />
Figure 2<br />
Schéma du tokamak ADX proposé par le PSFC du MIT.<br />
« Pour évaluer la conception du récipient ADX proposé,<br />
nous effectuons une simulation numérique dans le logiciel<br />
Comsol Multiphysics afin de prévoir les champs magnétiques,<br />
les courants de Foucault et les forces de Lorentz qui résultent<br />
d’une perturbation du plasma, explique Doody. Les charges<br />
calculées sont ensuite appliquées à un modèle mécanique du<br />
récipient, afin de prévoir les contraintes et les déplacements. »<br />
La Figure 3 montre la géométrie d’un modèle magnétique<br />
à symétrie cyclique de l’ADX, dont le récipient, le plasma et<br />
les bobines magnétiques poloïdales, nécessaires pour maintenir<br />
le plasma dans sa position d’équilibre.<br />
Survivre au plasma<br />
La conception proposée pour le récipient sous vide ADX est<br />
innovante dans le sens où il est composé de cinq enveloppes<br />
axisymétriques distinctes, comme le montre la figure 2, au<br />
lieu d’un seul cylindre. La conception modulaire permet<br />
d’échanger les bobines magnétiques et de tester différentes<br />
configurations du divertor. Le divertor est un composant qui<br />
sert de système d’échappement pour retirer les cendres de<br />
fusion du tokamak. Lorsque les ions échappent au confinement<br />
des champs magnétiques qui contrôlent le plasma, le<br />
divertor les récupère et les conduit hors du récipient.<br />
Le récipient modulaire doit non seulement supporter les flux<br />
thermiques élevés et les champs magnétiques nécessaires<br />
pour produire la fusion nucléaire, mais doit aussi survivre<br />
aux perturbations du plasma, qui sont une autre source de<br />
contraintes dans l’enveloppe sous vide du réacteur, générées<br />
par l’effondrement du plasma.<br />
ESSAIS & SIMULATIONS • N°133 • mai-juin 2018 I23