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Féminisme et enseignement

pour une égalité filles garçons

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demandes sont en adéquation avec les programmes nationaux, conservateurs et fascistes, qui

s’attachent à mettre en avant un modèle familial où les femmes sont les garantes du foyer. Il est

toutefois important de noter que « l’attention apportée par les féministes aux questions sociales

dans les années 1920, a contribué de manière essentielle à l’établissement et à la formation de

l’État providence. » 44

Dans cette partie concernant la première vague féministe, nous évoquerons les mouvements

pour l’accès à l’éducation, au travail, aux droits civils et sociaux. Nous avons choisi de mettre

moins en avant les questions autour du corps et de la sexualité, ces thèmes, s’ils étaient abordés

lors de cette première vague, l’ont surtout été lors de la seconde vague des années 1970.

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1.1. Nouveaux idéaux et condition des femmes

1.1.1. La révolution, son idéal d’égalité, les femmes évincées

« Le19 e siècle fut celui de la révolte des esclaves noirs aux États-Unis d’Amérique, des classes laborieuses

dans nos civilisations occidentales et des femmes qui commençaient à revendiquer leurs

droits. » 45

Nicole Van Enis, dans l’étude Barricade 46 dénomme « pré féminisme » la période entre 1789

et 1830, qui a vu l’émergence de la pensée et des premiers mouvements féministes. Si les

femmes, avant la Révolution française, souffraient de « discriminations juridiques, politiques

et économiques ainsi que dans le domaine de l’enseignement » 47 , « la Révolution française de

1789, fruit des idées des Lumières, inaugure une ère nouvelle : l’aspiration collective à l’égalité

de tous et chacun. » 48 Les femmes ayant largement pris part au mouvement (en participant aux

réflexions dans les salons où les bourgeois réinventaient le monde, en conduisant des révoltes

lors des journées révolutionnaires des 5 et 6 octobre 1789 49 , en militant à l’aide de journaux,

de pétitions, de tracts, de pamphlets) espèrent être reconnues en conséquence. Les propos

d’Olympe de Gouge, figure phare des femmes révolutionnaires, célèbre pour sa « Déclaration

des droits de la femme et de la citoyenne » en 1793, illustre bien cette volonté de changement :

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la

Tribune. » Ainsi, les femmes se reconnaissent, « se revendiquent comme groupe opprimé, et

défendent un droit à l’enseignement et au travail » 50 . Pourtant, dès 1793, les gouvernements

révolutionnaires interdisent les organisations féminines et féministes, les salons ferment et leur

presse est supprimée : « Celles qui exerçaient un rôle dans la sphère publique allaient être

décrites comme des êtres qui transgressaient les frontières entre les sexes et contribuaient

à la dissolution des différences. » 51 La répression est forte, des femmes sont guillotinées, dont

Olympe De Gouge.

1.1.2. Les débuts de la société industrielle et les femmes au plus bas de

la condition humaine

Au 19 e siècle, dans la Belgique que Karl Marx appelle le « paradis du capitalisme continental » 52 ,

un nouvel environnement professionnel apparait : « usines, ports,charbonnages, ateliers, pau-

44 Idem, p. 49.

45 Denise KEYMOLEN et Marie-Thérèse COENEN, op.cit., p. 6.

46 Nicole VAN ENIS, op.cit.

47 Denise KEYMOLEN et Marie-Thérèse COENEN, op.cit., p. 5.

48 Nicole VAN ENIS, op.cit., p. 13.

49 Des femmes de toutes conditions réclamant du pain sont entrées dans Versailles.

50 Denise KEYMOLEN et Marie-Thérèse COENEN, op.cit., p. 7.

51 Nicole VAN ENIS, op.cit., p. 13.

52 Suzanne VAN ROKEGHEM, Jeanne VERCHEVAL-VERVOORT et Jacqueline AUBENAS, op.cit., p. 19.

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