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Féminisme et enseignement

pour une égalité filles garçons

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milieux sociaux, jouant ainsi un rôle de médiatrices entre les ouvrières et les intellectuelles » 141 .

Certains journaux de l’époque soutiendront qu’elles nient leur féminité : « Plus vous essayez

de nous ressembler et moins vous susciterez en nous ce que toute, pourtant, vous espérez : la

grande passion » 142 .

Au niveau universitaire, se créent en 1971, le GALF à l’UCL (Groupe d’action pour la libération

des femmes) et le FLF (Front de libération des femmes) à l’ULB qui publie, pendant plusieurs

années le journal Et ta sœur. L’une de leurs actions phares, caractérisant bien l’aspect humoristique

et décalé des féministes, a consisté en un sabotage de la soirée de gala du concours

Miss Belgique 1971. À l’aide d’une complice sur scène, les militantes ont surgi avec des tracts

clamant que les femmes ne sont ni de la « viande », ni du « bétail ». Le scandale fut fort dans la

salle et l’écho fut garanti dans les médias, qui, d’une façon générale, relaieront plutôt bien les

actions féministes.

Les Marie Mineur, les Dolle Mina, le GALF et le FLF ont la même mentalité, « c’était un féminisme

farceur, combattif, volontaire et gagnant » 143 , ainsi que les mêmes objectifs en matière

d’éducation, de partage du travail ménager, de vie professionnelle, de contraception, d’avortement

144 .

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2.3.2. Un combat destiné aux femmes et aux hommes

Jeanne Vercheval, fondatrice des Marie Mineur, donne sa version du féminisme : « Notre lutte

n’est pas, comme disent les humoristes bourgeois, dirigée contre les hommes mais contre la

société(…)la libération des femmes conduira également à la libération des hommes. » 145 En

effet, les féministes de l’époque incitent les hommes à participer au combat pour l’égalité, à

se remettre eux-mêmes en question en « refusant le rôle de chef de famille, en refusant de

considérer la femme comme un être inférieur » 146 . La participation des pères aux tâches ménagères

est requise puisque « tout est question d’apprentissage, hommes et femmes peuvent

tout faire » 147 . De même, elles invitent les femmes à refuser le jeu des rôles sexués : « Arrêtons

d’attendre le surhomme, fort, protecteur, ferme, le prince charmant, nous accepterons enfin

notre compagnon avec ses faiblesses. »

Selon Jeanne Vercheval encore, les relations dans les couples en pâtissent. Lorsqu’il s’agissait de

réunions autour de questions professionnelles, les compagnons acceptaient globalement que

les femmes participent aux actions ou réunions, mais, « à partir du moment où elles venaient

avec des histoires comme la vaisselle, nettoyer les enfants,ça, ça n’avait plus rien à voir. » Jeanne

Vercheval évoque des féministes en conflit avec leurs compagnons, des ruptures, et parfois

aussi de la violence physique à leur égard. Par ailleurs, est évoqué le sentiment de culpabilité,

l’école faisant porter aux mères militantes les mauvais résultats des enfants.

2.3.3. Le Petit livre rouge, une œuvre collective

« Dire ce que nous vivons, ce que nous éprouvons, ce que nous pensons (...) pour dénoncer les

rouages de ce système qui rend la vie inhumaine (...) nous ne tapons pas vraiment sur les hommes.

Nous tapons un peu sur la table. Pour qu’on nous écoute. »

En 1972, à l’initiative de l’écrivaine Marie Denis, des membres des Dolle Mina et des Marie

141 Idem, p. 160.

142 Idem, p. 40.

143 Idem, p. 59.

144 Idem, p. 61.

145 Le Siècle des féminismes, op.cit., p. 64.

146 Idem, p. 40.

147 Idem, p. 63.

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