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Mineur, ainsi que d’autres militantes appartenant aux groupes féministes universitaires ou au
comité d’action À Travail égal, Salaire égal, publient ensemble Le Petit livre rouge des femmes,
« réalisation emblématique du néoféminisme belge » 148 . L’ouvrage rassemble des femmes « aux
profils très diversifiés, tant par l’âge, l’orientation philosophique, la situation familiale ou professionnelle
». Le Petit livre rouge des femmes « expose les inégalités dans un style révolté et spontané,
combat les tabous touchant au corps et à la sexualité, détaille les organes sexuels féminins,
réclame le droit de disposer de son propre corps, le droit au plaisir, aux moyens contraceptionnels
et à l’avortement ». L’ouvrage sera un succès, 15 000 exemplaires seront vendus.
2.3.4. La journée nationale de la Femme
Le 11 novembre 1972, la première journée nationale de la Femme est organisée, présidée par
Simone de Beauvoir. Ce jour-là, nombre d’associations féministes se retrouvent. En plus des
groupes ayant participé à l’écriture du Petit livre rouge, s’ajoutent le Groupement belge de la
porte ouverte, le Parti féministe unifié 149 etc. Au total, 8000 femmes sont réunies au Passage
44 à Bruxelles, « déchaînées, rieuses, revendicatrices, moqueuses et fières » 150 . Cette première
journée est un succès considérable.
2.3.5. Les cahiers du GRIF : réflexion autour du néo féminisme
Du côté francophone, en 1973, Françoise Colin crée les Cahiers du GRIF, revue issue d’un
groupe de réflexion et d’information féministe. Ces cahiers atteignent une renommée internationale,
« mêlant témoignages et théories, ils explicitent, argumentent et structurent au fil des
24 numéros la pensée et les analyses néo féministes, en explorant des thèmes d’une grande
diversité : corps, travail (ménager et professionnel), sécurité sociale, politique, conflits sociaux,
famille, violence, lesbianisme, religion, art, langage etc. » 151 En seulement une journée, les 1500
exemplaires du premier numéro sont achetés.
2.3.6. Des lieux de rencontres
En 1973 et 1974, ouvrent des lieux d’accueil et de rassemblement : la Maison des femmes, les
Cafés des femmes, les Librairies de femmes, la Rabouilleuse, le Centre flamand de documentation
etc. Ce sont des endroits pour travailler et se rencontrer.
2.4. La crise et la situation des travailleuses
L’impact de cette nouvelle crise des années 1970-1980 sur les femmes, est sensiblement le
même que lors de la crise des années 1930 : elles sont les premières touchées. En 1977, 17,6%
des femmes actives sont au chômage, contre seulement 6,2% des hommes. Par ailleurs, les
mesures d’austérité mises en place les concernent directement. Les associations féministes se
mobilisent en conséquence ; en 1976, les Marie Mineur publient leur livre blanc des chômeuses
et organisent diverses manifestations 152 , en 1977 et 1978, les journées F sont axées sur le chômage
des femmes.
En 1980, lorsque le pacte d’Egmont sera mis en place, entraînant la réduction de l’allocation de
chômage du cohabitant, c’est-à-dire, dans la grande majorité des cas, des femmes, un front féminin
se forme. Il devient le groupe de coordination « Femmes contre la crise », rassemble des
organisations flamandes et francophones, et organise d’importantes manifestations contre les
148 Idem, p. 77.
149 Dont l’objectif est de faire pression sur les partis traditionnels pour que les femmes soient représentées.
150 Le Siècle des féminismes, op.cit., p. 84.
151 Idem, p. 87.
152 Suzanne VAN ROKEGHEM, Jeanne VERCHEVAL-VERVOORT et Jacqueline AUBENAS, op.cit., p. 225.
étude
Le féminisme et l’enseignement, pour une égalité é filles/garçons
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