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Féminisme et enseignement

pour une égalité filles garçons

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Mais la question du travail des femmes est entièrement liée à leur rôle au sein de la famille. En

effet, selon l’historienne Eliane Gubin, « la priorité donnée à la mère (future ou potentielle) sur

la travailleuse départage les féministes en deux camps depuis la fin du 19 e siècle, (…) le travail

salarié des femmes convoque nécessairement les valeurs familiales et la maternité : leur priorité

respective est au fondement des dissensions féministes. » 77 L’auteure rappelle qu’entre les deux

guerres, l’Association Internationale pour le Suffrage des femmes évoquait « two groups of feminists

», les partisanes et adversaires de la protection au travail. Ainsi, tout au long du combat

des femmes pour l’accès au travail, se posera la question de la nécessité, ou non, d’instaurer un

travail spécifique féminin, posant encore une fois le débat autour de l’existence d’une essence

féminine qui, naturellement, la prédestinerait à certaines activités, dont la plus fondamentale

serait la maternité.

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1.3.1. Les premières associations féministes et les premières victoires

Les premières associations françaises pour les droits des femmes se forment en 1870, conséquences

de la publication, trois ans plus tôt, de l’ouvrage « The Sujection of women » de John

Stuart Mill qui établit que c’est en éliminant les obstacles légaux que l’on permettra aux femmes

d’accéder à une plus grande liberté individuelle. Les belges Marie Popelin, son avocat, Louis

Franck et Isala Van Diest, créent alors la « Ligue Belge du Droit des Femmes » qui représente

la première « association belge d’étude et de propagande féministe avec comme objectif, des

réformes sur le plan économique, politique, moral et de l’enseignement, mais plus encore, la

révision des lois discriminatoires » 78 . Suivra, quelques années plus tard, la création de la « Société

belge pour l’amélioration du sort de la Femme ». Le féminisme chrétien de Belgique,

quant à lui, voit le jour en 1903, non sans difficultés, puisque qu’il se heurte aux dogmes de

l’église catholique concernant la place des femmes dans le foyer. En 1905, Marie Popelin crée

le « Conseil National des Femmes Belges » qui organise conférences, interventions auprès des

parlementaires etc., et se révèle être un vrai succès public. Grâce au travail de ces associations,

diverses lois seront adoptées en faveur des femmes :

- en 1900, une loi reconnait et protège le droit d’épargne de la femme mariée ; une autre loi

permet aux femmes d’avoir un contrat de travail et un salaire de 3000f par an au maximum ;

- en 1908, les femmes sont autorisées à agir comme témoins pour des actes civils et comme

tuteur et membre du conseil de famille. Cette même année, une loi, surtout symbolique,

voit le jour et lève l’interdiction de recherche de paternité d’un enfant naturel, reconnaissant

ainsi le rôle du père 79 .

1.3.2. Les revendications du monde ouvrier : l’égalité femmes/hommes,

revendication de gauche ?

Le travail des ouvrières est mal considéré en général : par les ouvriers eux-même, pour qui,

elles cassent le niveau des salaires en étant aussi peu rémunérées, mais aussi par les bourgeois

qui prônent le modèle de la femme au foyer. Pour certains notables, le fait de travailler

n’est qu’une question de vanité : « La vanité, innée chez les femmes, est portée d’autant plus

haut qu’on a moins développé en elles les qualités de cœur susceptibles d’en contrebalancer

l’influence. » 80 Par ailleurs, « la mixité des ateliers choque, certains industriels catholiques s’efforcent

d’éliminer cette promiscuité en séparant les hommes et les femmes et en différenciant

les heures d’entrée et de sortie. » 81

77 Idem, p.164.

78 Denise KEYMOLEN et Marie-Thérèse COENEN, op.cit., p. 25.

79 Idem, p. 29.

80 Suzanne VAN ROKEGHEM, Jeanne VERCHEVAL-VERVOORT et Jacqueline AUBENAS, op.cit., p. 39.

81 Ibidem.

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