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Après la Deuxième Guerre mondiale, l’activité des femmes augmente, mais elles n’ont pas accès
à tous les métiers, les emplois sont souvent sans qualifications, avec peu de perspectives,
et des bas salaires. De plus, certains contrats de travail stipulent que les femmes doivent démissionner
en cas de maternité ou de mariage. Cependant, « les tensions entre protection et
égalité vont s’estomper sous l’effet d’un contexte favorable au travail des femmes (…) grâce
aux années de croissance. » 100
1.4. Lutte pour le droit de vote et la représentation politique
1.4.1. L’accès au droit de vote
Si en 1901, le Parti Ouvrier belge supprime le droit de vote des femmes « au profit d’impératifs
politiques supérieurs » 101 , cette revendication reste dans les esprits. Au sein du Conseil national
des femmes belges est créée une « Union pour le suffrage des femmes ». En 1910, les femmes
obtiennent le droit de vote aux élections des Conseils des prud’hommes, ce qui constituera
un véritable symbole 102 . En 1913, on assiste à une mobilisation générale de toutes les forces
féministes pour la création de la Fédération Belge pour le Suffrage des femmes. À partir de ce
moment-là, les catégories de femmes ayant accès aux suffrages s’élargiront peu à peu : après la
guerre, aux veuves, aux mères de militaires et de civils tués par l‘ennemi ainsi qu’aux femmes
faites prisonnières ou condamnées par l’ennemi ; aux femmes majeures mais « non prostituées
et adultères » lors des élections communales en 1920 ; et enfin, à toutes les femmes en 1948. Il
est à noter que les femmes votent en Nouvelle Zélande depuis 1893 103 .
1.4.2. Vers une représentation politique
En 1921, alors que les femmes n’ont pas encore le droit de vote, elles peuvent pourtant être
Bourgmestre, Échevine ou Secrétaire communal, à condition de bénéficier de l’autorisation de
leur époux. En 1936, la première députée socialiste, Isabel le Blume Grégoire, orientera son
action autour des droits des femmes. En 1947, l’ACV 104 crée un service syndical qui vise à la
formation des militantes afin qu’elles intègrent les organes dirigeants nationaux et régionaux.
Sur le plan de l’enseignement, de l’accès aux droits civils et politiques, mais aussi, à une moindre
échelle, de l’emploi et de l‘égalité salariale, cette première vague a permis des avancées considérables.
Si les réflexions autour de la sexualité ont été abordées par certains groupes, précurseurs
mais minoritaires, tels que les néo malthusiens ou l’Open Door Council, et si les femmes
de l’époque se sont positionnées contre la prostitution et contre le traitement différentiel de
l’adultère, les femmes de la première vague n’ont que très peu abordé ces questions. Toutefois,
les idéaux des Lumières ont été distillés et les femmes s’en sont emparées.
Pourtant, les résistances ont été fortes, et il a souvent fallu brandir la carte d’une spécificité
féminine relative à la maternité pour être acceptée comme citoyenne à part entière. Les droits
ont été accordés au compte-goutte et régulièrement remis en question sous couvert d’une
protection spécifique allouée aux femmes ou pendant les périodes de crise, démontrant ainsi
toute la fragilité des acquis obtenus.
100 Le Siècle des féminismes, op.cit., p. 170.
101 Denise KEYMOLEN et Marie-Thérèse COENEN, op.cit., p. 45.
102 Pour relater les grandes avancées pour le droit de vote et la représentation politique des femmes, nous nous appuierons à
nouveau sur l’ouvrage Pas à Pas.
103 Premier pays à donner le droit de vote aux femmes.
104 Algemeen Christelijk Vakverbond
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