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discrimination. Si aucune étude n’a été effectuée depuis 1985 concernant le sexisme dans les
manuels scolaires, les recherches de pays voisins permettent d’appréhender ces questions 222 .
Selon Nicole Mosconi et Sylvie Cromer 223 , le manuel scolaire reste aujourd’hui un support éducatif
très utilisé par les enseignants, ayant une fonction à la fois pédagogique, puisqu’il transmet
et structure des connaissances, mais aussi une fonction plus implicite, comme nous l’avons
vu, appelée « curriculum caché ». Les manuels sont davantage pensés en termes pédagogiques
qu’en tant que vecteurs de culture.
Les recherches de Nicole Mosconi et Sylvie Cromer ont permis de mettre à jour, de façon
quantitative et objective, les mécanismes sexistes dans les manuels. Les chercheuses se sont
penchées sur quinze manuels de mathématiques de différentes collections, censés transmettre
un savoir scientifique et non orienté. Elles ont observé les personnages illustrant les situations,
au nombre de 3610, s’intéressant ainsi à leur sexe, à leurs âges, aux actions et métiers attribués
à chaque sexe, afin d’analyser et de recenser les représentations. Quatre catégories ont été
mises à jour, parmi les enfants, les filles et les garçons, et parmi les adultes, les femmes et les
hommes. Les chercheuses ont repéré trois types de discriminations sexistes.
- La minoration numérique des personnages féminins : seulement 39% de femmes/filles
sont représentées pour 61% de personnages de sexe masculin. Si on observe une parité au
niveau des personnages d’enfants, chez les personnages adultes, on note une réelle sous-représentation
des femmes puisqu’elles sont 196 pour 564 hommes, soit 74% d’hommes et
26% de femmes.
- Une opposition entre les sexes : ainsi, si les filles et les garçons sont pratiquement représentés
en même nombre chez les enfants, on note déjà des « systèmes de genre qui s’esquissent
», les attributs scolaires sont l’apanage des garçons (compas, règles, etc.), quand
les filles sont présentées d’une façon plus passive, regardant ou commentant l’action des
garçons. De même, les couleurs restent fortement différenciées, bleu pour les garçons et
rose pour les filles.
- Une valorisation du masculin : chez les adultes, où le secteur professionnel est largement
représenté, 60% des hommes sont des actifs quand seulement 42% des femmes le sont.
Les hommes sont présents dans tous les domaines, quand les femmes ne sont jamais représentées
dans les disciplines artistiques, intellectuelles, politiques, dans les métiers d’ordre
et de sécurité, de travaux publics et dans les situations d’aventure. Concernant les activités
extra professionnelles, les loisirs sont davantage investis par les hommes et les femmes sont
représentées dans des activités traditionnellement féminines (tâches ménagères, cuisine,
soins aux enfants, etc.).
Ainsi, dans l’analyse des manuels scolaires, on retrouve divers éléments supposant une inégalité
de traitement : minorisation des personnages féminins, opposition entre les sexes et valorisation
du masculin.
1.1.2. Les modèles féminins dans les savoirs
« Si l’on demande aux étudiants de citer dix femmes historiques, ils ne savent pas répondre, parce
que les femmes sont invisibles des programmes. » 224
Malgré l’avènement des Gender Studies et la réappropriation des savoirs pour et par les
222 Égalité filles/garçons, femmes/hommes dans le système éducatif. op.cit.
223 Nicole Mosconi est professeur en Sciences de l’Éducation à Paris Ouest-Nanterre, et Sylvie Cromer est Maîtresse de
conférence en sociologie à l’Université Lille 2. Présentation de leurs recherches le 16 octobre 2012, lors du Colloque Sexes et manuels,
organisé par la Direction de l’Égalité des Chances.
224 Eliane GUBIN, Colloque Sexes et manuels, le 16 octobre 2012.
étude
Le féminisme et l’enseignement, pour une égalité é filles/garçons
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