JOURNAL ASMAC No 5 - octobre 2020

Formation postgraduée / Conditions de travail
de texte représente à mon avis déjà une
standardisation», argumente la vice-présidente
de l’association. Car chaque patiente
et chaque patient est différent. Tout
comme chaque anamnèse, ce qui mérite
une attention individuelle.
Copier au lieu de réfléchir
Patrizia Kündig avance encore un autre
motif de scepticisme: «La qualité des modèles.
Il faut apprendre à écrire. Un
contrôle de la qualité serait donc sûrement
indiqué.» Marie-Claire Flynn – elle corrige
elle-même des rapports dans sa fonction
de cheffe de clinique – partage cette retenue
à l’idée de simplement se servir dans
une boîte. «Dans cette situation, le cerveau
a généralement tendance à copier plutôt
qu’à réfléchir.» Dans sa clinique, il existe
des éléments de texte spécifiques que l’on
utilise régulièrement. Elle considère cela
comme mieux adapté. Tout comme Anja
Zyska. Pourquoi? «Parce que les attentes
envers les rapports sont différentes d’une
clinique à l’autre. De plus, l’élaboration et
la mise à disposition de tels modèles internes
devraient faire partie de la formation
postgraduée et non pas être externalisées»,
argumente l’ancienne présidente de
l’association.
Dina-Maria Jakob fronce aussi les
sourcils à ce propos. «Moi, je n’utilise jamais
d’éléments de texte et je n’ai jamais
été fan de cela. Les (sous-)assistantes et
assistants le sont par contre. Dans chaque
clinique, il existe sur chaque ordinateur
d’innombrables modèles pour des rapports
dont au moins 90% sont truffés de
fautes sur le plan de l’orthographe et du
contenu. Je préfère donc malgré tout les
éléments de texte vérifiés par les médecins
cadres.»
«Probablement heureux»
Helen Manser, membre du Comité directeur,
prend la défense des modèles. «Notamment
les médecins fraîchement diplômés
sont probablement heureux d’avoir un
tel outil à disposition. La même chose vaut
pour celles et ceux qui effectuent une rotation
dans une discipline particulière et qui
doivent soudain rédiger des rapports très
différents.» Cela permet d’économiser du
temps et de l’énergie. Evidemment, chaque
patient ou patiente représente un cas particulier,
et bien sûr, les modèles incitent les
utilisateurs à pousser la réflexion personnelle
moins loin. «Les rapports sont cependant
corrigés. Au final, c’est quand même
la clinique qui est responsable d’enseigner
cela aux médecins.»
Qu’en est-il de la qualité? La question fondamentale
dans ce contexte. «Le contrôle
de la qualité s’effectue dans le cadre d’un
échange avec les utilisatrices et utilisateurs
de notre site web. Premièrement, au
moyen d’une fonction d’évaluation (une à
cinq étoiles) et, deuxièmement, par la
fonction de commentaire qui sert à améliorer
les textes et à maintenir leur qualité
à un niveau élevé. C’est ce qu’explique
Massimo Barbagallo, un des deux initiateurs
de berichteguru.com. Il a mis en
place la plate-forme il y a environ une année
avec Lukas Bachmann, comme lui médecin-assistant
en médecine interne. Actuellement,
leur offre gratuite comprend
22 modèles de rapports de différentes disciplines
médicales.
Pas le temps de partager
Et qu’en est-il de la demande? A l’heure
actuelle, environ 170 personnes sont inscrites,
explique Massimo Barbagallo. La
plupart des médecins-assistant(e)s de
Suisse alémanique. Oui, il reçoit des retours
dont «la plupart sont positifs». Rassembler
des éléments de texte en un endroit
et pouvoir les reprendre par un
simple clic est très apprécié. La même
chose vaut pour la fonction d’évaluation et
de commentaire. Il fait cependant aussi
d’autres constatations: «D’après notre sondage,
un grand nombre d’utilisatrices et
utilisateurs n’ont pas le temps de partager
leurs modèles de texte personnels.
D’autres semblent tout simplement ne pas
en avoir ou rarement en utiliser – du moins
jusqu’ici.
La problématique du temps est à l’origine
de berichteguru.com. «Massimo et
moi-même avons réfléchi à la manière
de simplifier notre propre travail et celui
de nos collègues», explique Lukas Bachmann.
«C’est alors que nous avons eu
l’idée des modèles de texte.» Même si les
hôpitaux disposent aussi de modèles de
texte, ils ne sont souvent pas accessibles
en un seul endroit pour les utilisateurs potentiels.
«Nous voulions changer quelque
chose, parce que nous considérons les éléments
de texte comme un outil de plus
pour surmonter les obstacles bureaucratiques
dans notre travail quotidien. Avec
pour effet de passer moins de temps dans
le bureau et plus au chevet du malade.»
Et le nom de la plate-forme? D’où
vient-il? Lukas Bachmann explique que
l’idée du site web est de mettre à disposition
un outil apportant un peu de sérénité
dans la tâche souvent fastidieuse de la rédaction
des rapports médicaux. «A l’instar
Apporter de la sérénité dans la rédaction des
rapports médicaux – à l’instar de la sérénité
stoïque d’un gourou en méditation: tel est
l’objectif de berichteguru.com.
de la sérénité stoïque d’un gourou en méditation.
C’est pourquoi le logo représente
un médecin en méditation sur une pile de
documents.»
La preuve par l’exemple
Assez parlé, passons à l’action! Nora Bienz,
membre de longue date du Comité directeur
de l’asmac et vice-présidente fraîchement
élue, l’a fait. «La page fonctionne
sans problème et est très simple et conviviale»,
résume-t-elle. On reconnaît clairement
qui est derrière cette prestation et à
qui on peut s’adresser. «Le contenu des
modèles est bon et approprié.» Pourtant,
Nora Bienz a des doutes quant au succès
de ce concept, c’est-à-dire «qu’un nombre
suffisant d’éléments de texte soient téléchargés
et mis à disposition». Autrefois,
elle en a beaucoup utilisé. «Avec le temps,
on n’en a plus besoin, parce que l’on peut
généralement dicter les rapports et qu’on
connaît les formules toutes faites. Mais s’il
faut soi-même rédiger des rapports, c’est
très utile.»
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