JOURNAL ASMAC No 5 - octobre 2020

Perspectives
équilibre des épaules ou du bassin, une
inégalité de longueur des membres inférieurs,
mais en particulier la gibbosité ou
le pli de taille dans le test d’Adam (test de
flexion antérieure). Si la scoliose est déjà
ancienne, le patient présentera éventuellement
déjà des douleurs chroniques ou des
troubles organiques importants, même si
ce tableau est devenu très rare dans les
pays développés. L’examen clinique peut
facilement s’effectuer avec le scoliomètre
avec le patient penché en avant (test
d’Adam). Un écart de 7 ° peut correspondre
à une scoliose pouvant atteindre 20 ° et
doit impérativement être approfondi par
d’autres procédés diagnostiques [7]. La
plupart du temps, il s’agit de scolioses
idiopathiques de l’adolescent thoraciques
avec une convexité droite. La convexité
thoracique gauche beaucoup plus rare
peut être associée à des maladies syndromiques
ou d’autres pathologies sousjacentes.
Dans ce cas de figure, on envisagera
une IRM pour préciser le diagnostic
dans le contexte global du patient [8, 9].
La quantification de la scoliose s’effectue
par la mesure de l’angle de Cobb sur
une radiographie antéro-postérieure debout
de toute la colonne vertébrale (illustration
1a). L’angle de Cobb représente
l’angle formé par le plateau vertébral supérieur
de la vertèbre supérieure la plus inclinée
à l’extrémité proximale de la courbe
majeure avec le plateau vertébral inférieur
de la vertèbre inférieure la plus inclinée
[10]. Les paramètres sagittaux autrefois
délaissés sont également pertinents pour
évaluer le degré de gravité d’une déformation
(illustration 1b) [11]. La rotation est
divisée en quatre degrés selon la méthode
Nash–Moe [12].
On parle d’une scoliose à partir d’un
angle de Cobb de 10 °. En dessous de cette
valeur généralement d’une mauvaise posture
scoliotique, même si ce terme peut
prêter à confusion chez les patients très
jeunes. Indépendamment du degré de gravité,
toute scoliose constatée durant la
phase de croissance requiert une observation
jusqu’au terme de l’adolescence.
Traitement conservateur
Si l’angle de Cobb dépasse 10 °, il est recommandé
de régulièrement suivre une
physiothérapie avec formation posturale.
On ne dispose hélas pas de preuves claires
pour une forme spécifique de physiothérapie.
Les mesures et exercices pour renforcer
l’équilibre musculaire et pour corriger
les déséquilibres musculaires sont recommandés,
ceux-ci devant être effectués le
a b
Illustration 1:
a) Radiographie antéro-postérieure du rachis avec scoliose thoracolombaire avec angle de Cobb
thoracique de 55 ° (rouge), contre-courbe lombaire de 30 ° (bleu) et déplacements du fil à plomb
de C7 vers la droite (vert). E: vertèbre terminale, A: vertèbre apicale.
b) Radiographie du rachis de profil avec cyphose thoracique (rouge) et lordose lombaire (bleu) et fil
à plomb de C7 à S1 (vert).
plus souvent possible, aussi en autothérapie.
Pour les courbures dépassant 20 ° où
une progression est établie ou attendue, le
traitement standard actuel comprend un
traitement de physiothérapie combiné
avec un traitement par corset. Différents
concepts de corset ont été développés et
établis au fil du siècle dernier. En Europe
centrale, le concept du corset de Cheneau
s’est imposé. Il agit dans les trois plans de
l’espace en appliquant une pression de
l’extérieur au moyen de pelotes afin de
corriger les courbures scoliotiques dans
toutes leurs composantes. Le corset doit si
possible être porté 18 à 22 heures par jour.
Il peut être enlevé pour le sport, la physiothérapie
et les soins corporels [13]. Les possibilités
d’une correction au niveau de la
colonne vertébrale cervicale ou de la colonne
vertébrale thoracique supérieure
restent très limitées. En principe, les
coques de corset sont adaptées sur un
moule en polystyrène ou similaire contenant
du polyéthylène (PE). Les progrès
réa lisés dans la technique des matériaux
permettent d’imprimer des modèles en
trois dimensions qui ont trouvé une première
application clinique (illustration 2).
Les premiers examens, très limités et non
standardisés, montrent un confort amélioré
et une durée du port potentiellement
plus élevée. L’équivalence voire même une
supériorité n’a jusqu’ici pas pu être établie
avec certitude, raison pour laquelle les
traitements continuent d’être effectués au
moyen de corsets en PE.
Traitement chirurgical
Si la courbure progresse rapidement malgré
le traitement conservateur ou qu’elle a
été diagnostiquée trop tard, il faut discuter
d’un traitement chirurgical pour réduire la
déformation et empêcher une progression.
Cela doit notamment permettre de
protéger et indirectement corriger les segments
vertébraux adjacents crâniaux et
caudaux.
Les stades de Risser, qui évaluent l’ossification
de l’apophyse de la crête iliaque,
ont longtemps été considérés comme le
principal outil d’évaluation de la croissance
[15]. Il existe également d’autres
classifications radiologiques. Au cours des
dernières années, la classification de San-
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