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Je lui souris. Il parle bien. Il parle vrai. Son visage se fait intense, son

regard profond. Il voyage déjà dans le passé, dans tout ce qu’il a enterré

jusque-là.

– Ton tout premier souvenir, aussi loin que tu puisses remonter…

– Je ne sais pas si c’est le premier… Mais dès 6 ou 7 ans, je me souviens

de mon grand-père qui nous racontait déjà l’histoire de ce château en long, en

large et en travers. Alors qu’on n’avait qu’une envie, mon frère et moi, c’était

d’aller jouer au rugby dans l’herbe ou nous jeter dans le plan d’eau.

– Les enfants de vicomte sont donc des enfants comme les autres ? lui

demandé-je en souriant.

– Plus heureux que nous, ça n’existait pas ! me soutient-il en arrachant

l’herbe devant lui. Mon frère était le fils parfait, poli, bon élève, sportif mais

fair-play, ambitieux mais pas prétentieux, amoureux de la même fille depuis

ses 15 ans, prêt à se marier et à remplir ce manoir de petites têtes blondes et

frisées comme la sienne.

– Il voulait vivre ici avec sa famille ?

– C’était une certitude. Mais pas pour garder ce manoir rien qu’à lui, juste

pour pouvoir le transmettre à son tour, un jour, et raconter les histoires

ennuyeuses de mon grand-père à des enfants qui ont juste envie de courir.

Il se marre dans sa barbe mais retrouve vite son masque de tristesse, de

douleur, de nostalgie.

– Et toi ? Tu rêvais de quoi ?

– Benedict m’avait laissé la place du rebelle, dit-il en haussant les épaules.

C’était simple d’être son frère. J’avais bien le droit de faire des conneries

puisqu’il assurait la pérennité du nom, la bonne réputation de la famille. La

relève était assurée. Je ne sais pas trop de quoi je rêvais… Juste de faire ce

que je voulais, de n’être obligé de rien. Et mes parents m’ont laissé faire,

puisqu’ils avaient déjà un fils dans le droit chemin.

– Jusqu’à ce qu’ils en perdent un, le guidé-je doucement.

– Le meilleur des deux !

Alistair cache son trouble avec un petit sourire narquois. Puis il se penche

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