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un peu en arrière, en appui sur les bras.

– Fils parfait, frère parfait, fiancé parfait… Il fait même un mort parfait !

Avec ses boucles blondes qui lui donnent l’air d’un angelot sur les photos,

avec ce sourire qui ne s’effaçait jamais de son visage imberbe. Il était dégoûté

de ne pas avoir de barbe… alors que la mienne poussait vite. Mais ça l’a fait

rester éternellement un petit garçon aux yeux de mes parents. Ils ont perdu un

fils de 23 ans, mais aussi un ange. Ça n’a étonné personne qu’il propose de

me donner un rein quand j’étais au plus mal, alors que ça l’obligeait à

repousser son mariage.

– Tu aurais fait la même chose pour lui, non ?

– Peut-être… mais j’aurais râlé. J’aurais raté des matchs de rugby, des

parties de pêche avec mon père, des voitures, des fêtes, des filles… Benedict

l’a fait avec le sourire. Il ne courait pas après la vie, lui. Il conduisait

doucement, en regardant par la vitre. Il observait les nuages en attendant qu’il

y en ait un qui ressemble à quelque chose. La vie était douce avec lui, il avait

tout le temps pour être heureux. Alors il le rendait aux autres. Je crois que le

fait de se sacrifier lui faisait même un peu plaisir, comme un juste retour des

choses.

Ça m’émeut de l’entendre parler de son frère, de leur enfance et leur

adolescence, sans fard… J’ai l’impression d’y être, cachée dans les coulisses,

spectatrice privilégiée, petite souris curieuse, future groupie des frères

Blackwood. Admirative du gentil, amoureuse du rebelle. Je sais déjà qui

j’aurais été, dans ce trio-là.

– Comment vous avez survécu tous les trois, avec tes parents ?

– Honnêtement, je ne sais pas… chuchote-t-il en faisant non de la tête.

– Comment on vit la mort de son frère aîné, à tout juste 20 ans, quand on

doit sortir tout seul de l’enfance pour devenir un homme ?

– J’ai retardé l’échéance en faisant n’importe quoi, m’avoue Alistair, un

petit sourire triste aux lèvres. J’ai joué au con, abusé de tout. Je n’arrivais pas

à me pardonner, à avancer sans lui. Alors je restais au même point de ma vie

pour ne pas le trahir, pour ne pas vivre ce qu’il ne vivrait jamais.

– Qu’est-ce que tu t’es empêché de faire ?

– Des études, une carrière… Tomber amoureux, me marier… Envisager

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