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Revue Lespwisavann N°0

"L’intention qui accompagne ce recueil est simple : contribuer à enrichir la réflexion historique dans la Caraïbe." SOMMAIRE : - Historien Guadeloupéen ou Historien de l'Histoire de la Guadeloupe - Un point de vue sur la situation sociale actuelle en Guadeloupe - Entrevue avec Raymond B. GAMA

"L’intention qui accompagne ce recueil est simple : contribuer à enrichir la réflexion historique dans la Caraïbe."

SOMMAIRE :
- Historien Guadeloupéen ou Historien de l'Histoire de la Guadeloupe
- Un point de vue sur la situation sociale actuelle en Guadeloupe
- Entrevue avec Raymond B. GAMA

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que cela. L’Histoire, en fait, n’est pas une science du passé ! Nous

tâcherons de le prouver en produisant sur le présent et en transformant

la vue étrangère que nous gardons sur les décennies et

siècles écoulés.

En définitive, ce que nous sommes décidés à montrer, c’est que

l’École Coloniale d’Histoire ne peut être, et ne sera jamais l’Ecole

Guadeloupéenne d’Histoire. Nous, Historiens Guadeloupéens, ne

deviendrons réellement Historiens tout en restant Guadeloupéens,

que si avec acharnement, nous rompons le fil qui nous conduit

sur le chemin de célèbres imitateurs, mais jamais de bons exemples

de créateurs.

2 - Résistance en Guadeloupe

Le sort promis à la mémoire populaire par le colonialisme français

a été contrecarré par la résistance de la " classe paysanne " 9

. Née de l’esclavage, celle - ci développe une vie nouvelle à la

campagne. La famille paysanne guadeloupéenne prend véritablement

son essor, se fortifie, s’organise non plus autour de " l’habitation

- sucrerie ", mais des " fonds ", des " hauts ", de la tè a

jaden 10 ... etc. Économiquement, la principale ressource reste la

canne à sucre 11 qui lie le paysan à " l’usine centrale ", mais, les

nouvelles dispositions au plan foncier créent le sentiment de la

propriété 12 . Même sous le poids écrasant de la rente foncière, le

paysan guadeloupéen s’enracine volontiers à la terre, apprend à

l’aimer et à se battre pour la garder. Psychologiquement, c’est un

homme nouveau en comparaison de l’esclave qui avait mille et

une raisons de haïr cette terre de souffrances. L’objectif du colonialisme

qui est de libérer civilement la force de travail en abolissant

l’esclavage, pour mieux l’exploiter, crée les conditions objectives

de la transformation des campagnes guadeloupéennes (terres,

habitats, hommes...). Le paysan guadeloupéen… naît de cette

évolution en ayant incrusté jusqu’au fond de son être l’héritage

de l’esclavage. Tout ce qui va être oublié ou conservé, changé ou

créé y trouve désormais sa racine. C’est aujourd’hui le plus solide

édifice de la mémoire populaire.

-caine ont joué un rôle éminent dans cette prise de conscience au sein des associations

de conservateurs à l’échelle internationale. Cf. A.N(Paris), Le témoignage

oral aux Archives , 1990, 100 pages.

9

Ces guillemets ne figuraient pas sur le manuscrit. Nous les avons ajoutés pour

marquer une certaine évolution de notre part sur la question " paysanne ", en

tous les cas depuis la réalisation de notre thèse d’histoire en 1997 qui nous a

permis de développer l’analyse de cette question.

10

Trad. fr. : " terre propice aux jardins. " - 11 Et aussi la banane, quoique cette

dernière soit singulièrement menacée. 12 Voir les multiples réformes foncières de

1958 à 1981.

10

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