Revue Lespwisavann N°0
"L’intention qui accompagne ce recueil est simple : contribuer à enrichir la réflexion historique dans la Caraïbe." SOMMAIRE : - Historien Guadeloupéen ou Historien de l'Histoire de la Guadeloupe - Un point de vue sur la situation sociale actuelle en Guadeloupe - Entrevue avec Raymond B. GAMA
"L’intention qui accompagne ce recueil est simple : contribuer à enrichir la réflexion historique dans la Caraïbe."
SOMMAIRE :
- Historien Guadeloupéen ou Historien de l'Histoire de la Guadeloupe
- Un point de vue sur la situation sociale actuelle en Guadeloupe
- Entrevue avec Raymond B. GAMA
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la phraséologie pure, il nous faut sortir carrément des chemins
déjà parcourus. Aussi, être prêt à résoudre la question posée,
c’est avant toute chose accepter d’agir, de faire en " contre-école
". En somme, prendre la voie d’une Ecole Guadeloupéenne
d’Histoire.
Nous développerons trois aspects de la présente ébauche de
réflexion :
- Le poids de l’École Coloniale ;
- Les éléments de résistance ;
- Pour une " nouvelle école. "
1 - L’HISTOIRE, c’est la FRANCE !
Quand il n’y a pas de LOUIS XIV (ou autres), de NAPOLÉON etc,
il n’y a pas d’histoire. Telle est la sainte vérité pour l’opinion commune.
[Aujourd’hui les choses semblent avoir changé mais,] le
fait est que des générations entières [de jeunes] ont été formées
à cette École en Guadeloupe. Même lorsque ces hommes se trouvent
face à des travaux signés par un chercheur d’origine guadeloupéenne,
l’image première, la re-présentation des schèmes de
valeurs qui empreignent l’œuvre n’échappe pas au phénomène
d’identification que nous appèlerons konlézot 6 . Nous définirons
donc le konlézot, comme étant un état propre à l’historien d’origine
guadeloupéenne qui ne produit que dans le champ de valeurs
exclusivement françaises, occidentales 7 .
L’Histoire est une " science du passé ", tel est un autre aspect
particulier diffusé par l’Ecole Coloniale. Cela se traduit chez le
chercheur Guadeloupéen par une limitation aux seuls documents
d’archives et de leur production. La conservation officielle des
documents a été et reste le privilège des maîtres et de leurs suppôts
gouvernementaux 8 . Les archives dites " départementales "
ou " communales " restent la propriété de l’Etat colonialiste. En
réalité, cette source, lors même que nous la considérerions
comme importante, ne doit pas nous obstruer la mémoire. Un
homme de 85 à 90 ans aujourd’hui, [nous sommes en 1978] est
un petit - fils d’esclaves ; il ne s’agit pourtant que de notre
grand-père. L’esclavage, en l’occurrence, n’est donc pas si loin
6
Trad. fr. : " Imiter, singer… les autres ."
7
Dans le texte original il y avait l’expression : " extra - territoriales. "
8
Lors du Congrès International des Archives (1988) tenu à Paris, les archives ne
furent plus considérées en France comme étant les seuls documents écrits, mais
également des enregistrements (audio et audio - visuels) réalisés selon un certain
nombre de règles (voir l’influence de disciplines utilisant à une grande échelle l’enquête
de terrain, ainsi que la télévision). Les archivistes et historiens d’origine afri-
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