Revue Lespwisavann N°0
"L’intention qui accompagne ce recueil est simple : contribuer à enrichir la réflexion historique dans la Caraïbe." SOMMAIRE : - Historien Guadeloupéen ou Historien de l'Histoire de la Guadeloupe - Un point de vue sur la situation sociale actuelle en Guadeloupe - Entrevue avec Raymond B. GAMA
"L’intention qui accompagne ce recueil est simple : contribuer à enrichir la réflexion historique dans la Caraïbe."
SOMMAIRE :
- Historien Guadeloupéen ou Historien de l'Histoire de la Guadeloupe
- Un point de vue sur la situation sociale actuelle en Guadeloupe
- Entrevue avec Raymond B. GAMA
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d’abord, il faut dire une chose, c’est que pour bien situer cette
question il nous faut remonter aux années 1970 - 80. Enfin, disons
à partir de 1978, pour une petite équipe dont Jean - Pierre,
Claude (Jean-Pierre Sainton et Claude Hoton) avec Baba (disons…
Barfleur Junior), j’avais écrit notamment un premier texte qui
était destiné à une réflexion commune…. À la suite d’une longue
série de discussions que nous avons menées en particulier à
Fauvette (ndlr : quartier de la commune de Port - Louis, en
Guadeloupe)... Nous recherchions l’expression qu’il y avait sous
tout cela, et c’est vrai qu’il faut l’assumer aussi, c’est principalement
ce que j’essayais de leur transcrire comme une priorité,
comme un révélateur de ce que nous avions à faire : traduire en
un mot toute le substance que nous percevions dans le mouvement
de masse des travailleurs agricoles déclenché à partir de
1971 et qui inspirait une nouvelle intellectualité. Je me souviens…
c’est Jean - Pierre qui l’avait " sorti ", en disant que c’est comme
un " homme de savane ". Et alors, ce fut dorénavant " lespwi
savann "…
Il est vrai qu’en tant qu’historiens (puisque c’était notre formation
à tous), nous savions ce qu’étaient " les nègres de savanes
"… Mais, bon… cette une expression qui au plan historique a une
signification bien particulière… C’était des nègres esclaves que le
maître mettait quelque part sur l’habitation et qui, en quelque
sorte, servaient de vigiles... Donc, ce n’est pas cela que nous
avions à encencer. Au contraire, nous avions à exprimer l’idée que
dans le marronnage qui s’opère dans et hors du système esclavagiste,
il y avait toujours un lieu que le nègre occupait au dépens
du maître, voire à l’intérieur même de sa maisonnée ou des bois
debouts, et qui représentait on savann. C’est cet espace - là qu’il
nous faut chercher pour y loger. Et, quand vous atteignez cet
espace, quand vous y habitez en permanence… la liberté prend
un sens qui n’est pas formel, qui n’est de l’ordre de la déclaration
seule. Je parle là, au plan de l’esprit pour les hommes d’une
époque donnée, pour les nègre marrons d’hier et d’aujourd’hui !
Donc, c’est cette conjonction qu’il y avait avec le mot " savane ",
avec le son " savann "… c’est (je résume) l’idée d’une liberté intégrale,
totale et qui envahit tout l’être au point de libérer le nègre
marron de toute contrainte. Ce n’est pas simplement son corps
qui se libére à ce moment là, mais son esprit aussi et ainsi toutes
les représentations opérées sous l’effet d’un environnement totalement
hostile. Et symboliquement, nous ramenions ceci au plan
intellectuel, nous transposions ceci sur le terrain de l’intellect. En
tout cas, c’est ce que j’avais à dire, c’est ce que j’avais à expliquer,
c’est ce que je tentai de faire partager à mes jeunes cama-
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