Revue Lespwisavann N°0
"L’intention qui accompagne ce recueil est simple : contribuer à enrichir la réflexion historique dans la Caraïbe." SOMMAIRE : - Historien Guadeloupéen ou Historien de l'Histoire de la Guadeloupe - Un point de vue sur la situation sociale actuelle en Guadeloupe - Entrevue avec Raymond B. GAMA
"L’intention qui accompagne ce recueil est simple : contribuer à enrichir la réflexion historique dans la Caraïbe."
SOMMAIRE :
- Historien Guadeloupéen ou Historien de l'Histoire de la Guadeloupe
- Un point de vue sur la situation sociale actuelle en Guadeloupe
- Entrevue avec Raymond B. GAMA
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et le salariat, soit 151 années. La société guadeloupéenne actuelle
se caractérise en ce qu’elle est composée en grande majorité
par des petits - fils d’esclaves. Autrement dit, le Guadeloupéen en
général a été initié au travail par dressage sous le fouet et dans
la servilité bien plus longtemps qu’il n’use du contrat social "
librement " consenti. Cette " éducation ", l’expérience accumulée
en somme, n’est pas ipso facto dissoute sous l’effet d’une innovation
institutionnelle de l’éducateur.
Deuxièmement, les stratégies élaborées par la majorité de la
masse servile (anciens esclaves et hommes de couleur libres ) et
puis surtout par les " nouveaux libres " en 1848, semblent
confrontées, d’une manière douloureuse chez leurs héritiers, à
une compression de leur espace (A. Césaire a pu parler de
" génocide par substitution ") et surtout à une dilution de leur
être par l’assistanat systématique. Enfin, la réussite, même relative
par un investissement sur le terrain de la connaissance
livresque n’offre plus aucune garantie d’insertion sociale.
Troisièmement, l’axe fondateur de cette " mise en valeur " est le
profit commercial. Et, l’agent créateur de ce processus singulier
c’est le capitalisme français. Mais, il serait complètement absurde
d’envisager cette excrétion ex – nihilo, comme s’il s’agissait d’un
acte démoniaque. Cela nous éloignerait de notre point de vue.
L’action en question, même lorsqu’ on la considère sous ses
aspects spécifiques est significative dans le contexte mondial élaboré
par les Européens. C’est sous l’angle commercial que je me
suis contenté d’examiner les enjeux. Le terrain de ces enjeux
n’est évidemment pas la Guadeloupe mais le monde.
Le tableau que je vous livre en annexe (cf. Chiffres approximatifs
du commerce mondial tirés de The Dictionary of Statistics in " Les
Origines de l’économie moderne " 22 ) permet une approche quantitative
de la situation entre 1780 et 1820. Aujourd’hui, le leader
n’est plus l’Europe, ni même les Etats–Unis mais par délégation,
pourrait–on dire, le Japon. L’Europe occidentale, forte de sa victoire
politique sur le marxisme avec le concours de l’ensemble du
système capitaliste mondial, cherche à parachever une nouvelle
stratégie de domination sur le monde. Ses rapports avec les
Etats–Unis, en particulier, connaîtront dans les temps à venir de
sérieuses secousses sur le terrain commercial et leurs conséquences
sont difficiles à imaginer aujourd’hui. En tous cas, des deux
côtés de l’Atlantique, la tactique consiste en un " ce qui est pris
est pris ! ", dans la Caraïbe du moins, et nous voilà dans un
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W.W. Rostow, Les origines de l’économie moderne, Ed. Hachette, Paris, 1976, p.
198-200.
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