Liber Lutetiae - Sden
Liber Lutetiae - Sden
Liber Lutetiae - Sden
- TAGS
- liber
- lutetiae
- sden
- www.sden.org
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
L’artisanat et l’église<br />
La subtilité des pratiques antiques ne trouvait plus<br />
d’écho à Paris et le seul moyen de perpétuer l’héritage<br />
du Clan et de ranimer sa naturelle sensibilité consistait<br />
à l’adapter aux moyens de l’époque. Certains virent<br />
dans les forgerons, les potiers, les tisserands le salut d’un<br />
aspect du Clan, celui de la recherche de la perfection à<br />
travers l’Oeuvre. Quel déshonneur y avait-il à concevoir<br />
une épée de métal plutôt qu’une sculpture de marbre si<br />
son créateur y insufflait toute son énergie et sa conviction<br />
? Les Toréadors pouvaient faire renaître de ces pratiques<br />
frustes et utilitaires le génie qui les avait toujours<br />
caractérisé. Aussi une partie du Clan participa-t-elle à<br />
la mise au point de nombreuses techniques notamment<br />
dans les domaines du travail du métal, du bois, des<br />
teintures, de l’orfèvrerie, de la peinture et du vitrail. Les<br />
armes en acier damassé et les premiers édifices religieux<br />
bénéficièrent de leur attention et de leur talent. Peu à<br />
peu, le Clan fut à nouveau renommé dans le royaume<br />
pour sa dextérité et s’infiltra à tous les niveaux de la société<br />
humaine. Forts de leur influence sur les structures<br />
naissantes du commerce et de l’artisanat (les futures<br />
maîtrises et jurandes), les Toréadors purent se hisser au<br />
niveau des Ventrues en terme de réputation.<br />
Dans le même temps, l’officialisation du culte chrétien<br />
permit à nombre de Toréadors de s’y réfugier pour pouvoir<br />
se livrer à leurs introspections spirituelles ou simplement<br />
disposer de suffisamment de latitude pour étudier<br />
les mortels, leurs passions et leurs oeuvres. Les Toréadors<br />
perçurent très tôt l’intérêt de s’immiscer dans les affaires<br />
ecclésiastiques et le sacre de Clovis scella l’indéfectible<br />
alliance entre l’église et les Toréadors parisiens. Se faisant<br />
l’écho de leurs pairs romains, les Toréadors de France<br />
prirent de vitesse les Ventrues sur ce terrain et placèrent<br />
de nombreux agents dans les rangs du clergé. Usant de<br />
méthodes radicalement différentes des Ventrues, encore<br />
pétris de celtisme guerrier et d’un sens exacerbé des devoirs<br />
de la noblesse, les Toréadors s’imprégnaient sans<br />
bruit de l’air du temps au contact des mortels. Certes,<br />
Alexandre et ses soldats impressionnaient le commun et<br />
s’arrogeaient des prérogatives régaliennes mais partout<br />
où leur regard se portait, le Clan de la Rose était présent.<br />
Dans les échoppes, les chapelles, les marchés et les cours<br />
des nobles...<br />
ba<br />
L’alliance de la Grande Cour<br />
Finalement, sous la menace Lasombra d’Ecliastus, les<br />
Ventrues furent contraints de faire le premier pas vers le<br />
Clan Toréador. En cette première moitié du VIII° siècle,<br />
Alexandre jeta les bases de la Grande Cour en s’alliant au<br />
Clan de la Rose et en leur proposant une place de choix<br />
dans la direction des affaires du royaume. L’opiniâtreté<br />
avait enfin payé et le Clan était désormais l’égal de celui<br />
des rois. L’avénement de Pépin le Bref fut la première<br />
réussite de cette fructueuse union et les Toréadors de<br />
Paris resserèrent les liens avec leurs frères des états pontificaux.<br />
L’influence Lasombra sur l’Eglise romaine les<br />
poussa à concentrer leurs efforts sur le Saint Siège et la<br />
lutte fit rage entre les deux clans. Les Toréadors eurent<br />
toutes les peines du monde à résister à l’omniprésence<br />
des Lasombras et plusieurs membres influents de la<br />
Cour périrent sous les coups des Magisters. La Cour fut<br />
largement désorganisée à cette occasion mais l’arrivée<br />
au pouvoir de Charlemagne relança la course au pouvoir.<br />
Promu par les Ventrues, l’empereur propageait<br />
partout en Europe la foi qu’il avait fait sienne et emportait<br />
dans son sillage Lasombras et Toréadors. Ces<br />
derniers parachevèrent leur oeuvre en s’insinuant dans<br />
toutes les villes d’Europe soumises à Charlemagne et<br />
en se représentant à toutes les cours. Malgré le démembrement<br />
de l’empire du aux conflits de succession, les<br />
Toréadors avaient marqué des points en se rendant omniprésents<br />
dans le royaume de France et indispensables<br />
à sa bonne gestion.<br />
Les Ventrues voyaient d’un mauvais oeil l’accession des<br />
Toréadors à de nombreux postes clés mais il n’était plus<br />
possible de changer le cours des choses. La Grande Cour<br />
se formait inéluctablement et les Toréadors en seraient,<br />
quoiqu’il advienne. Artistes, artisans, ecclésiastiques ne<br />
tardèrent pas à peupler les Elysiums de Paris et à afficher<br />
ouvertement leurs revendications, contestant ainsi le<br />
pouvoir Ventrue. Alexandre et ses lieutenants ne prirent<br />
pas la pleine mesure de l’accélération du phénomène<br />
et se contentèrent de se retrancher derrière leurs postes<br />
de dirigeants. Heureusement, une faction non négligeable<br />
des Ventrues de la Cour, quelque peu lassés de<br />
l’arrogance de ses anciens, renoua le dialogue avec les<br />
Toréadors et la situation se détendit. La Cour rayonnait<br />
et constituait un exemple pour toute l’Europe. Mais<br />
l’aventure de Lorraine et Alexandre sema la discorde<br />
entre les Clans. Alexandre refusa de se retirer malgré les<br />
exhortations des Toréadors et de Ventrues contestataires<br />
, privant Louis de Beaurain de la place qu’il convoitait.<br />
Il est raisonnable de penser que cet événement compromit<br />
toutes les chances d’établir un jour une Grande<br />
Cour unie. Nombre de Ventrues se désolidarisèrent du<br />
pouvoir que représentait Alexandre et les Toréadors,<br />
en grand nombre, prirent toutes leurs libertés pour intriguer<br />
en marge du pouvoir officiel. C’est dans les zones<br />
d’ombre de la scène parisienne que se font et se défont<br />
les réputations, que les serments d’allégeance se prêtent<br />
et se transgressent.<br />
51