Liber Lutetiae - Sden

leur fille unique, une jeune enfant de quelques années
qui évoluait au milieu d’hommes. Alexandre venait de
rencontrer Saviarre.
Saviarre devint rapidement une femme de tête, habituée
à fréquenter le milieu très masculin de la terre et des
affaires. Instruite par un prêtre, elle se passionna pour
l’étude des Evangiles et devança rapidement tous ses
frères dans le domaine des choses de l’esprit. Toutefois,
sa détermination et sa vigueur n’étaient pas en reste et
elle se fit une place de choix dans la famille : ses frères et
son père lui demandaient son avis en toute chose, qu’il
s’agisse de transactions ou du choix de la période pour
planter ou moissonner. Heureuse de participer activement
à la prospérité de sa famille, Saviarre fut comblée
lorsqu’elle découvrit les fastes de Rome. Son statut était
déjà respectable lorsqu’à l’âge de 22 ans, elle rencontrait
les nobles de la Cité. Elle représentait un parti convoité
et sa famille en avait conscience. Un mariage judicieux
aurait pu marquer un tournant décisif et Saviarre s’y
prêtait de bonne grâce. En 661, Saviarre scellait l’alliance
entre sa famille et celle de son époux, un membre considéré
de l’élite de la ville. Pourtant, la situation devint
difficile quand Saviarre s’aperçut que plus personne ne
souhaitait la voir prendre des décisions. Sa clairvoyance
avait été louée et son autorité reconnue mais elle était
mariée désormais et rien ne pouvait plus être comme
avant.
Alexandre suivit l’évolution de la jeune Saviarre et retrouva
en elle la fierté et l’intransigeance des femmes dont
elle était issue. Elle était de son sang et lui rendait honneur.
Les coutumes d’une époque décadente n’allaient
pas la bâillonner et il se résolut à lui offrir l’immortalité,
elle qui avait traversé les âges pour resurgir sous les
traits d’une jeune fille. Chaque été jusqu’à l’heure de
son étreinte en 638, Saviarre s’entretint avec son aïeul
dont elle apprit peu à peu les secrets. Alexandre voyait
en elle la parfaite incarnation de sa lignée et c’est partagé
entre l’amour paternel et la fascination pour la femme
qu’il lui révéla ses projets. Saviarre quant à elle voyait en
Alexandre son propre passé et la gloire qui l’auréolait
ne rendait que plus difficile les heures qu’elle passait à
Rome, contrainte au silence.
Quand Saviarre fut étreinte, elle décida de rester en
Italie pour un temps afin de s’éveiller à sa nouvelle
condition et refusa de suivre Alexandre pour l’instant.
Elle était avide de liberté et de découvertes et entra
rapidement en contact avec les caïnites de Rome. Elle
rencontra les Lasombras et les Nosferatus de la Cité et
elle s’initia aux jeux du pouvoir et de l’Eglise. Partenaire
respectée des Lasombras dont elle appréciait la subtilité,
Saviarre éprouvait quelques difficultés à communiquer
avec les membres de son propre Clan, trop basiques et
prétentieux à son goût. Toutefois, voyant la tournure
que prenait la relation entre les Lasombras romains et
la Cour de Paris, Saviarre se retira des “affaires” pour
prendre du recul. La reconnaissance de Pépin le Bref
comme roi portait la marque de l’influence d’Alexandre
et avait provoqué des réactions très violentes en Italie.
Elle comprit qu’il était temps pour elle de quitter le pays
quand les Toréadors Hirmingarde et Bernard de Souabe
furent détruits par les Lasombras au service d’Ecliastus.
Elle gagna Paris vers 750 mais ne se révéla pas à la Cour
malgré l’insistance d’Alexandre qui souhaitait la voir
régner à ses côtés. Elle préférait apprendre, s’imprégner
de la situation politique de la région, connaître par
coeur les hommes de pouvoir ainsi que leurs faiblesses.
Elle étudia pendant des années et quitta plusieurs fois le
royaume pour retourner discrètement en Italie. Pendant
ce temps, elle devint l’amante d’Alexandre et la Cour ne
tarda pas à suspecter la liaison. Pourtant, quand Saviarre
se décida enfin à paraître à la Cour au bras du prince
Ventrue, elle n’était plus seule sur les rangs et elle apprit
l’existence de Theti-Sheri. L’opposition fut immédiate
mais Saviarre décida de ne pas détruire la Sethite et,
malgré sa jalousie, elle la laissa affirmer son influence
néfaste sur Alexandre. Saviarre restait encore confinée
dans le rôle traditionnel et symbolique de la reine et
jouissait d’une autonomie encore limitée. Si Alexandre
lui préférait cette Sethite, tout comme il l’avait trompée
avec la fameuse Lorraine, mieux valait qu’elle sorte son
épingle du jeu et voit plus loin que les bas désirs de son
mari. Alors que les rumeurs de l’adultère couraient,
Saviarre prit peu à peu une influence grandissante au
sein de la Cour et elle s’émancipa définitivement au
cours du XI° siècle. Son mari montrait des signes évidents
de déficience intellectuelle et les décisions traînaient,
faisaient l’objet de contestations incessantes de la
part des Toréadors et des Brujahs. Saviarre abandonna
son rôle de faire-valoir bafoué et prit les choses en main.
Sa grande connaissance des affaires de Paris et de la
politique royale, ecclésiastique et vampirique la hissa à
une vitesse fulgurante au sommet. Impressionné par la
progression de son Infante, Alexandre s’en remit à elle
pour toutes les décisions à court et moyens terme.
Aujourd’hui, Saviarre semble être la véritable Reine du
royaume de France et de la Cour. On prend souvent son
sens des responsabilités pour de l’arrivisme mais qui aurait
pu prévoir ce qu’il adviendrait de la Cour si Saviarre
n’avait pas été là. La majorité des vampires fidèles à la
Cour reconnaissent la valeur de la Reine et respectent
son choix : celui de porter sur ses seules épaules l’avenir
du Clan et de la Cour de Paris.
Destinée
Elle fuira Paris lors du désaveu d’Alexandre par les
Toreadors et laissera sa palce à Geoffroi du Temple.
Apparence
Saviarre est une femme de petite taille mais dotée
63