Liber Lutetiae - Sden
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58<br />
tribu d’hommes corrompus qui parlaient aux démons<br />
de la terre menaçait le peuple d’Alexandre. Ce dernier<br />
fut surpris ; ses hommes surveillaient les environs sans<br />
relâche dans l’attente d’une attaque mais nul ne lui avait<br />
rapporté la présence d’ennemis à l’est. Les sages lui apprirent<br />
que cette guerre n’avait rien de classique et qu’elle<br />
faisait rage depuis déjà des siècles, sans que le commun<br />
des mortels n’en fût informé. C’était aux sages s’assurer<br />
la sécurité du peuple en ayant recours aux voies de la<br />
magie et aujourd’hui, Alexandre pouvait prouver sa valeur<br />
et son engagement en choisissant quelques hommes<br />
pour affronter le danger en face. Un des prêtres assisté<br />
d’un noble qu’Alexandre désignerait le remplacerait le<br />
temps de son absence. Alexandre abandonna son peuple<br />
et prit avec lui une poignée de guerriers parmi les plus<br />
braves. Les prêtres informèrent Alexandre que ce combat<br />
constituerait un présage pour sa vie future car ce<br />
serait là son premier contact avec le mal incarné. Il avait<br />
ardemment désiré posséder le pouvoir et la connaissance<br />
: les nuits qui s’annonçaient pouvaient les lui apporter à<br />
moins qu’il ne trouve qu’une mort douloureuse. Braha<br />
guida le groupe d’hommes à travers les forêts, les montagnes<br />
et les torrents. Elle leur parla des monstres qu’ils<br />
allaient combattre, des créatures qui tiraient leur puissance<br />
de pactes obscènes avec les esprits mauvais. Leur<br />
progression était ineluctable et seul un roi, investi du<br />
pouvoir magique propre à son statut, pouvait contrer les<br />
démons. Nuit après nuit, ils apprirent à connaître le visage<br />
des créatures qui prétendaient asservir les hommes ;<br />
la force qu’ils tiraient du sang et de la lune, leur grande<br />
crainte des flammes et leur férocité sans limite.<br />
Finalement, après plusieurs semaines de voyage,<br />
Alexandre et ses hommes découvrirent l’horreur au<br />
sommet d’une colline rocailleuse. Entourée par un<br />
village de pierres et de boue, une vaste bâtisse de bois<br />
trônait sur cet escarpement. Immédiatement, le combat<br />
fit rage. Des hommes jaillirent par dizaines des bois environnants<br />
et des cahutes incertaines. La flamme de la<br />
folie couvait dans leur regard et les peaux de bêtes qui<br />
couvraient leur corps contrefait leur donnait l’apparence<br />
d’animaux infernaux. Pendant que la nuit tombait, les<br />
chevaux et les hommes d’Alexandre tombaient les uns<br />
après les autres. Braha montra à Alexandre le bâtiment<br />
de bois et lui ordonna de s’y précipiter, de faire son office<br />
et de couper à la racine le mal qui infectait la région.<br />
Laissant sa suite aux prises avec les sauvages, Alexandre<br />
s’engouffra dans l’obscurité pour y découvrir un spectacle<br />
saisissant. Des ossements par milliers, assombris<br />
par le sang, dissimulaient les murs de sapin. Au milieu<br />
de cet édifice macabre se tenait une silhouette encore<br />
engourdie qui se tourna vers Alexandre en sifflant. Ce fut<br />
la le dernier son que la créature émit et sa tête roula sur<br />
le sol, tranchée nette par la lame du roi mortel. Quand<br />
Alexandre ressortit avec la tête du démon à la main, les<br />
assaillants se dispersèrent en hurlant. Alexandre fut saisi<br />
d’un sentiment étrange. Pour monstrueuse qu’elle était,<br />
la créature qu’il avait détruite devait sans doute disposer<br />
d’un pouvoir sans égal, un secret qu’il se devait de posséder.<br />
Braha lut cette pensée sur le visage d’Alexandre<br />
et comprit qu’il avait déjà choisi son destin. Le présage<br />
avait eu lieu.”<br />
Au cours des années qui suivirent, Alexandre apprit<br />
beaucoup des démons et les combattit non sans tâcher<br />
de leur extirper leurs connaissances avant la mort ultime.<br />
Ses pérégrinations le poussèrent loin de chez lui<br />
et il arriva aux confins de la Grèce, laissant son peuple<br />
aux bon soins de suppléants. Confronté aux peuples<br />
grecs, les Eupatrides, il découvrit une culture unie par la<br />
religion mais dont les usages étaient bien différents des<br />
siens. Si différents qu’ici, les démons avaient droit de cité<br />
et n’affectaient pas le masque monstrueux des créatures<br />
de l’est. Rois entre les rois, ils semblaient avoir toujours<br />
vécu et dirigé. Alexandre traversait le pays de part en<br />
part, fasciné par ces vampires si étranges et paradoxalement<br />
humains. Il suivit leur trace, tenta de comprendre<br />
leurs faiblesses et leur origine. Lorsqu’il revenait dans<br />
son village, il passait des journées entières à questionner<br />
les sages qui prenaient peu à peu conscience de l’erreur<br />
qu’ils avaient commise en éveillant l’intérêt de leur roi.<br />
Finalement, Alexandre décida d’arracher son secret à un<br />
vampire qu’il étudiait depuis de longs mois. Ce caïnite<br />
était une femme depuis longtemps morte qui étendait<br />
son influence dans la vallée de l’Eurotas et s’était fort<br />
bien accomodée des manières rudes des hommes de<br />
Sparte. Elle avait aimé ces guerriers hégémoniques qui<br />
écrasaient la population indigène, les Hilotes et les<br />
Périèques de Laconie et les rares hommes qui avaient pu<br />
la contempler et en réchapper la révéraient sous le nom<br />
de Nefra Ouaset.<br />
Alexandre sut que l’heure était venue d’obtenir des<br />
réponses à ses questions, de percer les secrets de la magie<br />
dont se servaient les sages et de connaître l’ultime source<br />
de pouvoir qui ferait de lui le roi parfait. Il s’introduisit<br />
avec quelques compagnons dans le refuge de marbre de<br />
la caïnite et s’aventura jusqu’à son tombeau alors que le<br />
soleil d’hiver se levait à peine. Alexandre fut ébloui par la<br />
magnificence du bâtiment, la richesse des ornements et<br />
le confort des lieux. Sa fascination fut bien vite rompue<br />
par la réaction des gardes de Nefra qui, gorgés du sang<br />
du vampire, jaillirent de l’ombre pour s’interposer. Les<br />
échos du combat résonnèrent encore longtemps entre les<br />
murs glacés avant qu’Alexandre, en sang, ne s’aperçoive<br />
qu’il semblait être le seul rescapé de l’affrontement. Son<br />
lieutenant se releva également et ensemble ils tournèrent<br />
leur regard vers la lourde porte de bronze encadrée de<br />
brasiers qui celait la couche de Nefra Ouaset. Sachant<br />
qu’il touchait à son but, Alexandre ne put admettre qu’il<br />
aurait à partager ses secrets avec un autre. Il plongea<br />
son épée dans le flanc du dernier survivant et poussa