Liber Lutetiae - Sden

un pouvoir capable de fédérer les rois et les chefs de
guerre belliqueux. C’est en sacrifiant les anciens usages
que le Ventrue Alexandre parvint à s’attirer le respect
de nombreux roitelets humains et des caïnites qui les
infiltraient. Mêlé aux barbares qui prenaient place autour
du Rhin, Alexandre étendit son influence sur de
nombreuses tribus et s’assura l’allégeance des Ventrues
et la crainte des Brujahs. Son âge et la puissance de
son sang lui permirent d’échafauder son grand projet,
une utopie censée redonner au Clan son lustre passé
en le hissant à nouveau au sommet en recourant aux
méthodes qu’exigeait l’époque. C’est à forces de guerres,
de manigances tortueuses et souvent de trahisons douloureuses
qu’Alexandre parvint à s’extirper du lot et à
être en mesure de réclamer l’obéissance de ses sujets,
qu’ils fussent mortels ou non.
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Le prototype de la royauté selon
Alexandre
Ainsi, l’Ancien réhabilita une hiérarchie fondée sur
les coutumes franques et utilisa les codes de ce peuple
pour justifier sa supériorité. Plus que de puissance pure,
Alexandre avait besoin d’un cadre “ légal “ ou au moins
reconnu par la majorité pour asseoir son influence et
légitimer son accession au pouvoir. La nature éminemment
guerrière et magique du roi dans les traditions
franques constitua son grand atout : il put sans peine
faire montre de prouesses dans ces deux domaines et être
reconnu comme l’archétype du roi implacable choisi par
les dieux pour guider son peuple. L’alchimie du sang, de
la violence et des rites obscurs trouva un écho immédiat
chez les mortels qui suivaient le Ventrue et sa réputation
traversa l’Europe, colportée par les survivants des
batailles ou les caïnites qui avaient entrevu un prince
vampire parmi les guerriers. Grand voyageur, Alexandre
formalisa son désir de créer une entité dirigeante aux
mains du Clan Ventrue au cours de ses nombreuses
pérégrinations des IV° et V° siècles. Il s’en ouvrit à
Garibald, son lieutenant, et ensemble ils formulèrent le
souhait d’Alexandre : créer une cité en Europe qui serait
le bastion du Clan, garante du respect des Traditions
et administrée par des mortels au sang noble. Ce n’est
qu’à la moitié du V° siècle, quand Alexandre, Garibald
et leurs hommes fuyaient les Huns, que ce formidable
projet prit corps définitivement : Alexandre voyait Paris
pour la première fois.
Le Clan Ventrue de Paris a subi de nombreuses mutations
depuis l’arrivée d’Alexandre et ses efforts continuels
pour mettre en place à Paris une famille royale
forte et franque. En effet, les premières heures du Clan
à Paris furent celle de l’opposition entre les Ventrues
romains, implantés en ville depuis plusieurs siècles, et
les barbares d’Alexandre. Le choc fut terrible : les tenants
de l’école ancienne, fidèles aux pratiques romaines,
se heurtaient au sang neuf des Ventrues d’Alexandre
et Garibald. Pourtant, les différends qui opposaient
notamment Cassius à Alexandre disparurent devant
la menace représentée par le Clan Lasombra et son
principal représentant à Paris, Ecliastus. Rapidement,
un clivage très net apparut : les Ventrues d’Alexandre
faisaient leur possible pour assurer la suprématie à une
noblesse mortelle, de tradition païenne et respectueuse
de la loi salique tandis que les Lasombras d’Ecliastus
s’efforçaient de valoriser la religion catholique et ainsi
obtenir un levier alternatif à la puissance guerrière. La
branche romaine représentée par Cassius s’effaçait progressivement,
éclipsée par Ecliastus et absorbée par les
Nobles d’Alexandre.
C’est après l’échec d’Ecliastus à mettre sur le trône un
parfait représentant du guerrier très chrétien, Charles
Martel, qu’Alexandre jeta les bases de la Grande Cour et
de l’ascendant Ventrue sur celle-ci. Sigebert de Rennes et
Thibaud, ses deux principaux sujets, l’aidèrent à susciter
un élan de résistance au Clan Lasombra à travers tout
le domaine qu’il s’était attribué. En 740, les Ventrues
d’Alexandre avaient investi l’ensemble du royaume
et pactisé avec les Toréadors de Paris. Si Alexandre se
montrait peu en ville et préférait se charger d’obtenir
un soutien de la part des seigneurs postés aux frontières,
ses deux lieutenants parvinrent à réunir sous une même
bannière les nombreux Ventrues environnants, surtout
ceux d’obédience barbare. Les Ventrues romains fidèles
à Cassius se trouvaient dans une situation ambiguë :
Ecliastus et Cassius prônaient le maintien d’une identité
romaine ainsi que de son système politique mais il devenait
de plus en plus évident que ce voeu pieux ne serait
jamais réalisé et que seule l’ambition d’Ecliastus motivait
les actes des deux vampires. Une scission s’opéra au
sein des Ventrues romains : certains se rangèrent avec
Alexandre, conscients des faiblesses de Cassius et des
menées du Lasombra tandis que d’autres préférèrent
conserver leur allégeance première, convaincus qu’un
jour ils seraient capables de se libérer du joug des
barbares.
ba
Les faiseurs de rois
La réussite d’Alexandre et de ses lieutenants se manifesta
par l’accession au pouvoir de Pépin le Bref qui
maintint l’héritage franc tout en s’attachant les faveurs
de l’Eglise. Profitant de cette victoire, Alexandre revint
à la charge et demanda à Cassius de rejoindre ses rangs.
Il espérait ainsi rallier les Ventrues romains à sa cause,
d’autant plus que la Cour venait de subir un revers
sévère à Rome, où plusieurs agents importants avaient
été détruits par les Lasombras. Cassius accepta d’aider
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