BOOKS IN REVIEWtivement de se consacrer à la prêtrise etd'établir une mission en Afrique. Mais cequ'il ignore au moment de son départ,c'est que Rose est ence<strong>in</strong>te de lui.Le deuxième tome fait un saut en avantjusqu'aux années 1930-36, au début dela crise. La caméra est ma<strong>in</strong>tenant braquéesur la génération suivante et enparticulier sur Donald, fils de Rose etd'Alex, sur Rose-de-Lima et Germa<strong>in</strong>,enfants du vois<strong>in</strong> de Rose, et sur Jean-Pierre Debrettigny, fils d'un autre vois<strong>in</strong>.L'auteur raconte les histoires respectivesde ces amis d'enfance et l'entrecroisement<strong>in</strong>évitable. Il s'agit surtout de l'amourconstant et <strong>in</strong>ébranlable de Rosede-Limapour Donald, amour qui resteratoujours sans réponse.L'auteur y cont<strong>in</strong>ue de développer unautre motif qui avait une place non négligeabledans le premier tome: la relationha<strong>in</strong>e-amour que l'on entretient avecl'Ontario du Nord. On ne cesse de lemaudire à cause des nombreuses épreuvesqu'il <strong>in</strong>flige: dur labeur, <strong>in</strong>cendiesdévastateurs, froid perçant en hiver, chaleurétouffante et <strong>in</strong>sectes piquants enété. Mais il exerce en même temps unesorte d'envoûtement et l'amour évidentavec lequel l'auteur le décrit trahit unpr<strong>of</strong>ond rattachement à ce pays si souvent<strong>in</strong>hospitalier. Dans les deux premierstomes, elle met l'accent sur cettedichotomie : la nature, entité parfois hostile,voire meurtrière, a en même tempsun effet salutaire.Par ailleurs, les histoires de Donald etde Jean-Pierre permettent à l'auteur des'en prendre aux gens ambitieux et orgueilleux.Les deux amis ont chacun uneespèce d'"ange gardien" qui se chargepersonnellement de l'éduquer et de leformer. Mais leur motif est lo<strong>in</strong> d'êtrealtruiste. La tante de Jean-Pierre veutqu'il devienne médec<strong>in</strong> seulement pourassurer que le nom Debrettigny figure denouveau parmi ceux de cette pr<strong>of</strong>ession.Parvenue au plus haut degré, elle ne voitque la rentabilité d'une action ou d'uneamitié. Pour Donald, c'est encore pire,car son Pygmalion n'est même pas unparent. Les Gray, parents d'un de sesamis, l'enlèvent pratiquement à ses parentset en font un deuxième fils. Ambitieux,riches et <strong>in</strong>fluents, les Gray ontd'autres ambitions pour Donald que cellesque la pauvreté de ses parents pourraitlui <strong>of</strong>frir, et savent que sa gloireéventuelle rejaillera sur eux.Le troisième volet du triptyque, LesRoutes <strong>in</strong>certa<strong>in</strong>es, présente au lecteurquelques différences par rapport aux autresen ce qui concerne l'enchaînementdu récit. Entre les tomes I et II, il yavait un saut de quatorze ans, mais avecle troisième, on commence là où on avaitterm<strong>in</strong>é à la f<strong>in</strong> du tome II, en 1936. Unedeuxième différence tient au passage dutemps. On sautera des étapes (la guerre,les années c<strong>in</strong>quante) pour term<strong>in</strong>er versla f<strong>in</strong> des années soixante. Et, enf<strong>in</strong>, aulieu de changer de génération, l'auteurlaisse sur scène les mêmes acteurs. Rosede-Limacont<strong>in</strong>uera de vivre un amournon réciproque pour Donald alors quece dernier, réussissant brillamment unecarrière parfaitement prévue et orchestréepar les Gray, f<strong>in</strong>ira par devenir Premierm<strong>in</strong>istre du Canada. Jean-Pierre,quant à lui, sera év<strong>in</strong>cé par sa tante à lasuite d'une aventure amoureuse qui ledétourne de ses études. Plus tard danssa vie, il rencontrera Rose-de-Limaaprès une longue période sans l'avoir vueet ensemble ils feront un voyage en Ontariodu Nord après plusieurs annéesd'absence. Ce "retour aux sources"n'aura pas qu'un effet bénéfique sur leuresprit; il provoquera en outre la naissancede l'amour entre eux, confirmanta<strong>in</strong>si l'<strong>in</strong>fluence salutaire de la nature.Enf<strong>in</strong>, l'auteur boucle la boucle en faisantrevenir sur scène Alexandre Sellier,absent dès après la f<strong>in</strong> du premier tome,ma<strong>in</strong>tenant vieux missionnaire en Afrique.Il y accueille Donald, son fils <strong>in</strong>-252
BOOKS IN REVIEWsoupçonné, lors d'une visite <strong>of</strong>ficielle dece dernier, situation un peu tirée par lescheveux, il faut l'admettre, mais qui nemanque pas de suspense et dont la conclusionsurprendra.Celui qui entreprend d'écrire un roman-fleuves'expose nécessairement à desproblèmes d'ordre structural. Avec troistomes et un total de plus de neuf centspages, il n'est pas toujours facile dema<strong>in</strong>tenir de façon cohérente tous les filsdes diverses histoires et d'en suivre tousles développements. Il n'est donc pas surprenantde constater dans les Chroniquesun air décousu, quelques redites et, parfois,une certa<strong>in</strong>e lourdeur. Ceci est dûen partie à deux procédés narratifs auxquelsHélène Brodeur a souvent recourspar la bouche d'un narrateur omniprésent:la prolepse ( "Jean-Pierre ne croyaitpas si bien dire. Il allait vite s'apercevoirde la distance . . . qui séparait Vald'Argent de Montréal"), et l'analepse:("Rien qu'à évoquer ce souvenir elle serevit..."). Pour nous donner l'<strong>in</strong>formationqu'elle juge nécessaire, son narrateurfait souvent des apartés où il racontel'arrière-fond d'une telle situation, résumantbrièvement les événements qui ymènent. Cependant, ces apartés deviennentparfois trops longs et ne sont pastoujours nécessaires (par exemple, l'histoiredu chem<strong>in</strong> de fer en Ontario duNord). En fait, il y a d'une part beaucoupde détails que l'auteur aurait pulaisser de côté sans nuire à la trame durécit, et d'autre part des détails non réglés.Il en résulte que le récit s'étend tropet l'auteur n'arrive pas à tout boucler.L'histoire de Germa<strong>in</strong>, par exemple, seterm<strong>in</strong>e prématurément, sans conclusionsatisfaisante. De plus, on voit souvent oùl'auteur veut en venir, car ses allusionssont à pe<strong>in</strong>e voilées. On sait bien d'avance,par exemple, qu'il y aura un feude forêt dans le premier tome; l'allusionflagrante à la page 53 n'en est qu'un<strong>in</strong>dice parmi d'autres. Ces deux procédésnarratifs trahissent assez manifestementla présence très sentie du narrateur. Noussommes conscients que l'on nous raconteune histoire bel et bien f<strong>in</strong>ie, dans unpassé récent. On nous le rappelle constamment,d'où le titre du recueil, doit-onassumer. Il y a en outre ici et là quelquesaccrocs, des <strong>in</strong>vraisemblances et des métaphoreset comparisons un tant soit peubanales. Par exemple, la sauvagesse"énigmatique" qui se laisse prendre estcomme "la bonne terre qui se laisse fouillerpar la charrue."Mises à part ces quelques critiques, onpeut dire qu'Hélène Brodeur nous livreici trois récits fort divertissants, liés lesuns aux autres, certes, mais qui se tiennent<strong>in</strong>dépendamment aussi. Sans prétention,sans grandiloquence, elle traitedu thème éternel de l'amour impossibletout en évoquant un pays trop peu connude la plupart des Canadiens et en décrivantles efforts des Canadiens françaispour s'y établir tout en gardant leur langueet leur culture. C'est là, en effet,dans sa description du beau pays rude del'Ontario du Nord, que son oeuvre brillele plus par sa vigueur et par son lyrisme.INSALATA MISTAMARK BENSONII Veltro: Le Relazioni tra l'Italia e il Canada,gennaio-aprile/maggio-agosto 1985,$40.00.<strong>THE</strong> CANADA <strong>OF</strong> FRANGESCO CERLONE'S1764 play Gl'Inglesi <strong>in</strong> America, о sia ilSelvaggio is planted with palms and cypressesand presided over by a Pr<strong>in</strong>ceArensbergh, Lord <strong>of</strong> the Savages, whomakes his first entrance at the head <strong>of</strong> acaravan <strong>of</strong> camels. Despite his Teutonicname, the Pr<strong>in</strong>ce is black, mak<strong>in</strong>g him ason <strong>of</strong> Caliban. Yet, as Piero del Negropo<strong>in</strong>ts out, the source <strong>of</strong> the play is notdirectly The Tempest but Goldoni's25З
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