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Téhéran, Iran
Zahra
marche
vers plus
d’équité
L’athlète iranienne,
ambassadrice Newfeel,
perce les murailles pour
assurer la parité.
Vouloir ! Ce verbe, Zahra Jafarabadi
l’utilise chaque jour.
« Si tu veux quelque chose, tu
peux l’avoir ! ». En Iran, comme
dans tant de lieux au monde,
les barrières sont nombreuses, pour
les femmes. Des barrières à enjamber.
« Nous n’avons pas de problèmes
particuliers au quotidien mais il y a
des règles qu’il faut respecter ! » sourit-elle.
Cela ne l’empêche pas d’avoir
des idées et surtout de la volonté, elle
qui est marcheuse de haut niveau.
Avant Zahra, les marcheuses iraniennes
ne disputaient, en compétition,
que le 10 kilomètres. Avec mademoiselle
Jafarabadi, les choses ont
évolué. « J’ai voulu prouver que nous
étions capables d’enchaîner des 20 kilomètres.
» En 2018, ses performances
sur cette distance et son obstination
parviennent à convaincre la fédération.
Les femmes sont, depuis, autorisées
à participer à des 20 kilomètres
avec les hommes. Une première victoire
pour Zahra même si, aujourd’hui,
elles ne sont qu’une dizaine à ses côtés
lors de ces compétitions.
En Iran, Zahra n’a plus rien à prouver.
Avec, sur le 20km, un record en
1h 54m 36s établi à Téhéran le 8 février
2020, record national de marche
athlétique, elle arrive largement en
tête à chaque compétition. Elle souhaiterait
voyager hors du pays pour
affronter d’autres marcheuses. « La
mixité et l’égalité entre femmes et
hommes existe dans le sport de base
en Iran. Mais cela devient beaucoup
plus compliqué pour le haut niveau. »
Au contraire des athlètes masculins,
ELLE VEUT MONTRER QUE
LES FEMMES EN IRAN
S’ÉMANCIPENT.
les championnes ont interdiction de
quitter le pays sans un accompagnateur…
masculin.
Zahra est une femme vivant avec
son temps. Partenaire technique de
la marque Newfeel, très présente sur
les réseaux sociaux, elle veut montrer
que les femmes en Iran s’émancipent.
« Je reçois énormément de
remerciements, d’encouragements,
de messages de soutien. » Un mouvement
amplifié par le fait que la
marche soit devenue un loisir très
prisé en Iran. Elle est donc porte-voix.
Ses followers (plus de 10 000 sur Instagram)
raffolent de ses photos d’entraînement
dans les parcs de Téhéran,
ou de ses vidéos, notamment
lors du confinement : « Une période
qui a permis à beaucoup de femmes
de prendre confiance en elles en faisant
du sport à la maison ».
Zahra est professeur de psychologie
du sport à l’université, coach sportive
et donne des cours d’athlétisme. « Ce
n’est pas avec la marche que je gagne
de l’argent. » Qu’importe, même si elle
réfute le terme de féministe, Zahra
regrette cependant que si peu de
femmes en Iran suivent son exemple :
« Elles se comptent sur les doigts
d’une seule main ! ». Ce n’est donc
pas le moment de lever le pied. n
D.R.