choisir et décider - Mars 2012 - Chambre d'Agriculture du Gard
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Doit-on craindre les<br />
résistances ?<br />
Comme pour tous les pro<strong>du</strong>its<br />
unisites, c'est-à-dire avec un seul<br />
mode d'action, le risque de<br />
résistance existe. Mais ce risque est<br />
plus ou moins élevé, selon les<br />
pathogènes concernés <strong>et</strong> les<br />
modalités d’utilisation des SDHI.<br />
Concernant les SDHI, le risque est<br />
considéré par le FRAC comme<br />
intrinsèquement moyen. Les<br />
strobilurines viennent d’être<br />
récemment reclassées à risque<br />
élevé.<br />
La carboxine <strong>et</strong> l'oxycarboxine ont<br />
été les premières matières actives<br />
systémiques employées contre le<br />
charbon nu de l’orge <strong>et</strong> contre la<br />
rouille <strong>du</strong> chrysanthème notamment.<br />
En 1984 sur orge, des isolats sur<br />
charbon nu (Ustilago nuda)<br />
résistants à la carboxine ont été<br />
décelés. En 1985, les prélèvements<br />
effectués en France <strong>et</strong> dans d’autres<br />
pays européens (Allemagne,<br />
Grande-Br<strong>et</strong>agne, Irlande) ont<br />
confirmé l’existence de souches<br />
résistantes.<br />
Concernant Puccinia horiana, agent<br />
de la rouille blanche <strong>du</strong><br />
chrysanthème, des souches<br />
résistantes à l’oxycarboxine ont été<br />
isolées au Japon, en France <strong>et</strong> aux<br />
Pays-Bas.<br />
Les nouveaux SDHI : le boscalid, le<br />
bixafen, l'isopyrazam, la<br />
fluxapyroxad <strong>et</strong> le penthiopyrad, tous<br />
unisites ne sont pas à l’abri d’une<br />
mutation capable de provoquer une<br />
résistance. Des souches résistantes<br />
ont été identifiées au champ sur<br />
botrytis, <strong>et</strong> des soupçons pèsent sur<br />
la présence de souches résistantes<br />
de Sclérotinia sclerotiorum. Sur<br />
maladies foliaires des céréales,<br />
seuls des mutants de laboratoire ont<br />
été reconnus sur Mycosphaerella<br />
graminicola (Septoria tritici).<br />
Quels sont les risques de<br />
résistance ?<br />
Avec un seul représentant jusqu'en<br />
2011, la pression de sélection<br />
exercée par la famille était faible. En<br />
2013, il y aura très probablement 5<br />
SDHI sur le marché, correspondant<br />
à plus de 10 pro<strong>du</strong>its commerciaux.<br />
La pression de sélection <strong>et</strong> donc les<br />
risques deviendront alors n<strong>et</strong>tement<br />
plus élevés.<br />
Plus d'un million d'hectares de blé<br />
/an ont été traités avec <strong>du</strong> boscalid<br />
ces quatre dernières années. Ce<br />
chiffre pourrait doubler en <strong>2012</strong> avec<br />
l'arrivée <strong>du</strong> bixafen <strong>et</strong> <strong>du</strong><br />
fluxapyroxad puis continuer<br />
d’augmenter encore en 2013 avec<br />
l’arrivée de l'isopyrazam <strong>et</strong> <strong>du</strong><br />
penthiopyrad, pour atteindre <strong>et</strong> peutêtre<br />
dépasser à terme celui de tous<br />
les hectares de blé <strong>et</strong> d’orge<br />
cultivés.<br />
Quelles souches vont être<br />
sélectionnées par les<br />
SDHI ?<br />
Les résistances sont généralement<br />
associées à l’apparition d’une<br />
résistance spécifique à une famille,<br />
liée à une mutation de site/cible, <strong>et</strong><br />
déterminant une résistance en<br />
pratique aux représentants de la<br />
famille considérée. De ce point de<br />
vue les monitorings réalisés pour la<br />
résistance aux SDHI sont formels.<br />
Aucune souche résistante<br />
spécifique aux SDHI n’a été<br />
identifiée chez Mycosphaerella<br />
graminicola, Puccinia recondita,<br />
Oculimacula yallundae, O.<br />
acuformis, Puccinia hordei,<br />
Pyrenophora teres,<br />
Rhynchosporium secalis,<br />
Ramularia collo-cygni (source<br />
FRAC).<br />
D’un autre côté les phénotypes dits<br />
« MDR* » sont résistants à tous les<br />
IDMs (triazoles <strong>et</strong> imidazole) à des<br />
niveaux très élevés <strong>et</strong> dans une<br />
moindre mesure à d’autres modes<br />
d’action comme les strobilurines ou<br />
SDHI. Ces nouvelles molécules<br />
peuvent donc parfois être<br />
confrontées à des souches<br />
faiblement résistantes, mais<br />
résistantes malgré tout. La faible<br />
présence de ces souches est<br />
aujourd'hui sans conséquences sur<br />
l’efficacité observée au champ. Le<br />
Actualités phytosanitaires<br />
risque d’une éventuelle<br />
généralisation dans les populations<br />
de Septoria tritici de ce type de<br />
souche est encore mal évalué. Leur<br />
présence régulière bien que faible<br />
dans le réseau «Performance»<br />
(réseau d’observatoire des<br />
résistances) depuis 2008 constitue<br />
un appel sérieux à la vigilance.<br />
* MDR : les souches dites MultiDrug<br />
Resistant, présentent un spectre de<br />
résistance croisée à tous les IDMs <strong>et</strong><br />
dans une moindre mesure aux<br />
autres modes d’action. Le<br />
mécanisme de résistance<br />
correspondant est lié à la<br />
surexpression de pompes<br />
membranaires dont le rôle est de<br />
diminuer la concentration en<br />
toxiques dans la cellule, quel que<br />
soit la classe chimique à laquelle il<br />
appartient.<br />
Quelles mesures m<strong>et</strong>tre en<br />
place pour r<strong>et</strong>arder le<br />
développement des<br />
souches MDR ?<br />
En l’absence de certitude en la<br />
matière, il est préférable d’anticiper<br />
<strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre tous les atouts de notre<br />
côté, en commençant par limiter la<br />
présence de la maladie, par d’autres<br />
moyens que les fongicides. Cela<br />
passe par des mesures<br />
prophylactiques appropriées : dans<br />
un premier temps le choix d’une<br />
variété tolérante aux maladies, un<br />
ajustement de la densité de semis,<br />
de la date de semis <strong>et</strong> de la<br />
fertilisation azotée. En limitant la<br />
pression de maladie, on limite le<br />
recours aux traitements, <strong>et</strong> par<br />
conséquent la pression de sélection<br />
exercée par les fongicides d’une<br />
manière générale <strong>et</strong> des SDHI en<br />
particulier.<br />
Dans le même esprit on évitera de<br />
démultiplier le nombre de passages.<br />
Il est en eff<strong>et</strong> reconnu que le nombre<br />
de passages exerce une pression de<br />
sélection qui favorise l’apparition de<br />
populations résistantes. Les<br />
fractionnements excessifs ne sont<br />
donc pas recommandés, tout<br />
comme des interventions<br />
inappropriées, trop précoces ou trop<br />
© ARVALIS – Institut <strong>du</strong> végétal - 14 - CHOISIR <strong>2012</strong><br />
Région Provence - Languedoc Traitements <strong>et</strong> interventions de printemps