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L’Afrique du design<br />
Cinq talents à suivre<br />
■ DINA SIMÃO Angola<br />
Après avoir étudié le stylisme à Cascais, dans les abords<br />
chics de Lisbonne, la designer angolaise de l’Année 2009<br />
a du flair pour la mode de tous les jours – entendez par là<br />
imprimés audacieux et maxi robes fluides !<br />
■ LISETE POTE Angola<br />
Lisete Pote développe une belle ligne tout en glamour : jupes<br />
fendues, robes sirène bien coupées, longs fourreaux de soie<br />
aux teintes tropicales et décolletés très, très profonds…<br />
■ LALESSO Kenya<br />
Représentant la mode la plus équitable, la collection<br />
d’Olivia Kennaway et Alice Heusser’s est fabriquée par des<br />
couturiers locaux payés trois fois plus que le salaire moyen<br />
dans l’industrie. Les boutons sont taillés dans des noix de<br />
coco par des plagistes sans emploi, alors que les pièces au<br />
crochet sont réalisées par des religieuses réfugiées du<br />
Zimbabwe. lalesso.com<br />
■ KREYANN Cameroun<br />
La ligne luxueuse, moderne de la designer Anna Ngann<br />
Yonn puise son inspiration dans les vêtements féminins<br />
traditionnels africains. Elle propose des pantalons à pinces<br />
dans des soies variées, des encolures de plumes ou encore<br />
des corsages piqués à la main. kreyann.com<br />
■ DAVID TLALE COUTURE Afrique du Sud<br />
Actuellement la crème de la mode sud-africaine, Tlale est<br />
connu pour ses collections magiques de tenues de soirée.<br />
Il crée des pièces qu’on ne peut porter que deux fois, mais<br />
que l’on aime pour toujours. davidtlale.com<br />
L’Angola est aujourd’hui le premier fournisseur de<br />
pétrole de la Chine, alors que la Corée du Sud y a<br />
récemment investi 24 millions € (31,4 millions $) dans<br />
l’industrie du coton de la province de Kwanza-Sul. Au<br />
lieu d’exporter le coton, les Sud-Coréens fabriqueront<br />
les produits finis sur le territoire angolais, créant ainsi<br />
10 000 emplois. A Luanda, actuellement la ville la plus<br />
onéreuse pour les expatriés, les signes de cette<br />
nouvelle affluence sont partout. Le centre est une<br />
concentration de chantiers et de constructions. Des<br />
magasins tels qu’Hugo Boss et Nike voient le jour à<br />
proximité des quartiers pauvres. Alors que deux-tiers<br />
de la population angolaise vit toujours avec moins de<br />
1,5 € (soit deux dollars) par jour, l’afflux soudain de<br />
devises étrangères a créé une élite locale qui a de<br />
l’argent à dépenser. « Au Portugal, environ 30 % des<br />
dépenses totales pour des produits de grandes<br />
marques proviennent d’Angola, » explique Katia<br />
Fidalgo, chef maquilleuse au FBA. « De toute évidence,<br />
cela dépend de la classe sociale mais, parmi les riches,<br />
toutes ces marques sont ostensiblement présentes. »<br />
Katia Fidalgo a quitté Johannesburg pour l’Angola voici<br />
un an. Grande, sûre d’elle et l’allure immaculée avec sa<br />
combinaison couleur crème et ses talons hauts en peau<br />
de serpent, elle admet qu’elle s’attendait à trouver une<br />
désolation vestimentaire quand elle a rejoint Luanda.<br />
« Mais tout le monde ici a du style : peu importe la<br />
classe sociale d’où ils viennent, les gens s’habillent<br />
bien. Les garçons ne sont pas du tout timides. Ils n’ont<br />
pas peur de porter des pantalons roses ou à fleurs, ou<br />
encore des tongs comme les filles. Ils sont très<br />
tendance », analyse-t-elle. Pour l’instant, Katia Fidalgo<br />
illustre le style exubérant des rues de Luanda sur son<br />
blog, Ango-la-la (prettymsk.blogspot.com), sorte de<br />
book virtuel des tendances vestimentaires angolaises.<br />
« Vous verrez des gars porter des vestes peintes à la<br />
bombe ou des pantalons avec une jambe rouge et l’autre<br />
bleue. Ou une paire de sandales Havaianas de couleurs<br />
différentes… Ils sont tellement créatifs, c’est inspirant. »<br />
Alors, est-ce que ce feeling pour la mode,<br />
endémique à tous les niveaux signifie que Luanda a une<br />
bonne chance de devenir la capitale africaine de la<br />
mode ? Jan Malan reste circonspect. « Seul le temps<br />
pourra le dire, » explique-t-il. « Il y a quelques villes<br />
dans la course. Nous avons Dakar, qui propose la mode<br />
la plus étonnante, la plus conceptuelle. Et de toute<br />
évidence, il ne faut pas oublier Jo’burg et Le Cap. »<br />
Mais en dépit des nombreux talents provenant<br />
d’Afrique du Sud, le soutien à la mode y reste faible.<br />
Il y a peu de boutiques-vitrines des grandes marques,<br />
et peu de ressources éducatives. Et parmi les meilleurs<br />
designers, stylistes ou photographes, nombreux sont<br />
ceux qui partent pour l’Europe.<br />
Par contraste, le président de la FIL, Matos Cardoso,<br />
place la mode au sommet de ses priorités. Et comme<br />
il dit : « Après tout, tout le monde doit s’habiller ! »<br />
La scène angolaise de la mode a clairement le vent en<br />
poupe. A chacun d’imaginer jusqu’où.<br />
STYLE CITY AFRICA *<br />
Above: South African<br />
brand Undacova's<br />
show-stealing vest<br />
Brussels Airlines b.spirit! magazine Jan-Feb <strong>2011</strong> 19