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La Detention Preventive Prolongee En Haiti - Vera Institute of Justice

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d’avancer, à l’échelon national, un chiffre de 400 à 500 prévenus retenus en détention<br />

préventive depuis 1999 ou avant. 7<br />

Il convient de noter que la libération d’un détenu est tout aussi aléatoire que<br />

n’importe quelle autre étape du circuit judiciaire. A Port-au-Prince, où se déroulent peu<br />

de procès criminels, rares sont les détenus à être libérés sur une décision judiciaire prise<br />

sur le fond d’une affaire. Au lieu de cela, les détenus sont généralement libérés suite à<br />

l’intervention <strong>of</strong>ficieuse d’un fonctionnaire de justice qui a reçu un pot-de-vin ou subi<br />

une pression extérieure (personne ou groupe), ou encore après avoir purgé une peine<br />

équivalant à celle qui leur aurait été appliquée si leur culpabilité avait été prouvée.<br />

Contexte<br />

Histoire<br />

Pour la majeure partie de leur existence, les prisons haïtiennes ont été administrées par<br />

les Forces Armées d’Haïti, créées sous l’occupation américaine (1915-1934). Suite à<br />

l’intervention de la communauté internationale, en 1994, pour rétablir le Président Jean-<br />

Bertrand Aristide à la tête de l’Etat, l’administration des prisons échut à la Force<br />

Intérimaire de Sécurité Publique. <strong>En</strong> 1995, le Président Aristide procédait à la dissolution<br />

de l’armée et fondait l’Administration Pénitentiaire Nationale (APENA). <strong>La</strong> réforme du<br />

système pénitentiaire fut entamée cette même année. 8 Toutefois, suite à un très bref<br />

débat, un décret présidentiel en date du 24 avril 1997 intégra à la Police Nationale d’Haïti<br />

(PNH) l’Administration Pénitentiaire Nationale, qui fut alors renommée Direction de<br />

l’Administration Pénitentiaire (DAP). Conformément à la Constitution de 1987, la DAP<br />

fut placée dans une section spéciale des forces de police qui dépendent du Ministère de la<br />

<strong>Justice</strong>, au mépris des normes internationales séparant institutions policières et<br />

pénitentiaires. 9<br />

Sous contrôle militaire, les prisons haïtiennes, dont certaines datent de l’occupation<br />

américaine, et même parfois de l’époque coloniale française, tombèrent dans un état de<br />

délabrement extrême. 10 Depuis l’avènement des Gouvernements Duvalier en 1957, voire<br />

même avant, la détention illégale de prisonniers politiques sans aucune forme de procès<br />

devint la règle. Ceux-ci étaient systématiquement écroués sans que le moindre dossier ne<br />

soit instruit. Les prisonniers de droit commun étaient, sur le plan procédural tout du<br />

moins, un peu mieux lotis. Cependant, alors que les Gouvernements et les coups d’Etat se<br />

multipliaient dans le sillage de la chute des Duvalier en 1986, les prisons se vidèrent à<br />

7 Nous basons notre estimation sur les chiffres connus suivants : 299 au Pénitencier National, 35 à Cap-Haïtien et 0 à<br />

Mirebalais.<br />

8 L’armée n’a pas été abolie dans la Constitution.<br />

9 Articles 269 et 272 de la Constitution.<br />

10 <strong>La</strong> prison actuelle de Fort National a été bâtie sur les fondations d’un fort datant de la Guerre d’indépendance de<br />

Haïti, qui prit fin en 1804.<br />

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