La Detention Preventive Prolongee En Haiti - Vera Institute of Justice
La Detention Preventive Prolongee En Haiti - Vera Institute of Justice
La Detention Preventive Prolongee En Haiti - Vera Institute of Justice
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Résumé analytique<br />
Il y a aujourd’hui dans les prisons haïtiennes deux fois plus de détenus qu’en 1995. Près<br />
de 80 pour cent de ces détenus attendent une décision judiciaire. Pour la plupart d’entre<br />
eux, des semaines, voire des mois, s’écoulent avant qu’ils ne soient libérés ou jugés. Et,<br />
pour une proportion non négligeable, ce sont même des années. Dans les prisons<br />
haïtiennes, les présumés innocents côtoient les condamnes, les auteurs de vol à l’étalage<br />
et les victimes de fausses accusations croupissent à côté de criminels. Malgré les progrès<br />
récemment accomplis par l’administration pénitentiaire pour se pr<strong>of</strong>essionnaliser et<br />
renforcer ses institutions, les cellules sont bondées, la nourriture manque et les conditions<br />
de vie sont dans l’ensemble insalubres.<br />
<strong>La</strong> détention préventive prolongée est un problème tenace. Bon nombre de<br />
commissions gouvernementales, missions d’experts internationales et programmes nongouvernementaux<br />
ont tenté de le résorber, sans grand succès. Soutenant le mouvement<br />
pour la démocratie en Haïti depuis 1995, l'Open Society <strong>Institute</strong> a, avec le Programme<br />
des Nations Unies pour le Développement (PNUD), demandé au <strong>Vera</strong> <strong>Institute</strong> <strong>of</strong> <strong>Justice</strong><br />
de réétudier ce problème, ainsi que celui de l’état des prisons, pour définir un plan visant<br />
à réduire les détentions préventives et à améliorer les conditions de détention. Ainsi, une<br />
mission d’experts internationale, accompagnée de spécialistes du <strong>Vera</strong> <strong>Institute</strong> <strong>of</strong><br />
<strong>Justice</strong>, a passé en revue les initiatives passées, visité de multiples institutions judiciaires<br />
et établissements pénitentiaires haïtiens, et rencontré de nombreuses personnes aux faits<br />
de ces problèmes, dont deux Ministres de la <strong>Justice</strong>.<br />
Nos recherches ont montré que, alors que quatre cinquièmes des personnes<br />
incarcérées dans l’ensemble du pays n’avaient pas été jugées, des différences<br />
considérables existaient entre les juridictions de Port-au-Prince et celles de province.<br />
Ainsi, dans une juridiction provinciale, deux tiers des personnes incarcérées avaient été<br />
condamnés et la détention préventive prolongée n’y était pas un problème. <strong>En</strong> revanche,<br />
une petite prison de la capitale n’accueillait que des personnes en détention préventive.<br />
Cet écart s’est creusé au cours des trois dernières années, révélant toute la gravité du<br />
problème dans la région de la capitale et les effets positifs produits en province par la<br />
formation, l’encadrement et les réformes procédurales.<br />
Nos recherches nous ont permis d’identifier plusieurs problèmes connexes. Les<br />
détentions dans les commissariats d’auteurs présumés d’infraction ne peuvent être<br />
chiffrées, les agents ne disposant d’aucune statistique exploitable. Les jeunes délinquants<br />
comparaissent devant les Tribunaux encore moins que les adultes, échappant souvent<br />
purement et simplement aux Tribunaux pour enfants. Les carences alimentaires observées<br />
dans les prisons découlent de la désorganisation qui prévaut à l’achat et à la distribution<br />
des vivres, ainsi que d’un manque de ressources financières. <strong>La</strong> pénurie des<br />
infrastructures de sécurité réduit au minimum l’exercice physique des détenus dans les<br />
cours intérieures – rares sont les détenus bénéficiant des six heures passées hors de la<br />
cellule recommandées par la réglementation pénitentiaire.