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La Detention Preventive Prolongee En Haiti - Vera Institute of Justice

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trouvaient là sur mandat d’un Juge de paix. Monsieur Leblanc, le Ministre de la <strong>Justice</strong>,<br />

nous a déclaré que, pour la région de Port-au-Prince, les Tribunaux de paix se montraient<br />

plus efficaces.<br />

Pourtant, les problèmes persistent. Il semble que les Juges de paix ordonnent<br />

fréquemment des arrestations sur la base de plaintes qui n’ont fait l’objet d’aucune<br />

enquête, émettant généralement un mandat de dépôt après que la personne lui a été<br />

présentée sur assignation. Dans de tels cas, il arrive qu’aucune enquête ne suive<br />

l’arrestation, et que la personne arrêtée reste en détention, bien que son dossier ne<br />

contienne aucune preuve fondée.<br />

De plus, bien des arrestations, censées s’être déroulées en flagrant délit ou durant la<br />

commission d’une infraction, interviennent en fait des suites de la clameur publique qui,<br />

selon le droit haïtien, suffit à procéder à une arrestation. <strong>La</strong> notion de flagrant délit est<br />

quant à elle élastique : le Code d’Instruction Criminelle stipule qu’un délit est flagrant<br />

dans les 24 heures suivant sa commission, durée que de nombreux Juges étirent encore.<br />

<strong>La</strong> clameur publique peut très bien n’être rien de plus qu’une rumeur non fondée, qui<br />

déclenche néanmoins arrestations et détentions. <strong>En</strong> l’absence de contrôles réels des<br />

autorités judiciaires, cette pratique, qui jouit malheureusement d’une grande popularité,<br />

peut conduire à des arrestations arbitraires et des détentions prolongées.<br />

Dans la mesure où les Tribunaux de paix sont plus proches de la population que tout<br />

autre Tribunal, leurs Juges sont particulièrement vulnérables à la pression des notables et<br />

des associations politiques locaux, surtout s’il n’y a pas ou peu de protection policière.<br />

Même si une infraction est de leur ressort, ils préfèreront parfois renvoyer un prévenu<br />

impopulaire à un Tribunal supérieur, provoquant ainsi un nouveau prolongement de la<br />

détention.<br />

Le Parquet. <strong>En</strong> théorie, le transfert d’un prévenu de l’autorité du Juge de paix à celle du<br />

Commissaire du Gouvernement, se fait en moins de trois jours. Cependant, même à Portau-Prince<br />

où la distance et le transport ne posent pas de problèmes, des avocats nous ont<br />

dit que ce délai de trois jours était rarement respecté. Dans des régions plus reculées, ce<br />

transfert peut prendre des semaines, selon que le Juge de paix est situé près du Parquet ou<br />

non, ou dispose d’un véhicule ou non.<br />

Des délais supplémentaires peuvent être provoqués par des dossiers incomplets,<br />

obligeant le Parquet à retourner les dossiers au Juge de paix pour un complément<br />

d’information. Un Juge de paix nous confia avoir vu un même prévenu se représenter<br />

devant lui, à deux ans d’intervalle, parce qu’il n’avait jamais reçu la requête de<br />

complément d’information du Commissaire du Gouvernement.<br />

Si le Commissaire du Gouvernement estime que la charge pesant sur le prévenu est<br />

justifiée, il devrait aussitôt transmettre le dossier au Juge d’instruction sans émettre de<br />

mandat de dépôt à l’encontre du prévenu, le mandat de dépôt étant uniquement une<br />

prérogative du Juge d’instruction. Toutefois, les Commissaires du Gouvernement ont<br />

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