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La Detention Preventive Prolongee En Haiti - Vera Institute of Justice

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de la population carcérale et la diminution des ressources alimentaires, l’état des prisons<br />

haïtiennes est voué à se détériorer encore.<br />

Police<br />

Deux questions ont aiguillé nos recherches sur le rôle de la police dans la détention<br />

préventive : dans quelle mesure la détention dans les cellules de commissariat dépasse-telle<br />

le délai réglementaire ? Quels sont les résultats des enquêtes criminelles menées par<br />

la police ?<br />

<strong>La</strong> Constitution de 1987 autorise la police à détenir un suspect pendant 48 heures<br />

avant de le présenter devant un Juge de paix qui évalue les charges, statue sur la légalité<br />

de l’arrestation, décide de l’action appropriée en fonction de l’affaire et du détenu et, si<br />

nécessaire, confirme la détention par une décision motivée. D’anciens membres de la<br />

MICAH nous ont néanmoins confié que, même début 2001, les détentions au-delà de 48<br />

heures étaient la règle plus que l’exception. Le problème est particulièrement grave dans<br />

les zones rurales reculées et à Port-au-Prince.<br />

Dans les commissariats de campagne qui sont éloignés des principales voies de<br />

communication ( tels que Savanette dans le département du Centre ou Anse-d’Hainault à<br />

la Grand Anse), l’auteur présumé d’une infraction peut attendre des semaines, voire des<br />

mois, avant d’être présenté devant le Parquet ou le Tribunal de première instance. Dans<br />

de tels cas, les prévenus auront peut-être vu le Juge de paix, mais même si ce dernier<br />

souhaite émettre un mandat de dépôt, le manque de transport adéquat ne laisse d’autre<br />

solution que de replacer le prévenu en garde à vue.<br />

Dans les zones rurales, on peut être détenu avant même d’atteindre un commissariat.<br />

Dans les régions particulièrement reculées, dépourvues de forces de l’ordre (situation<br />

répandue, puisqu’il y a quelque 3 000 agents de police pour tout le pays), des membres<br />

des Conseils d’Administration des Sections Communales (CASECS) peuvent procéder à<br />

des arrestations et détenir les individus arrêtés à leur domicile, attachés, pendant au moins<br />

une nuit. 29 A Mirebalais, des fonctionnaires nous ont dit que les Juges de paix et les<br />

policiers transmettaient parfois aux CASECS des assignations et des mandats d’arrêt de<br />

facto.<br />

Dans les commissariats de la zone de Port-au-Prince, il est fréquent d’être détenu<br />

pendant plusieurs semaines avant que la mise en accusation ou la libération n’intervienne.<br />

Lors de l’une de nos visites dans l’un des grands postes de la capitale, plus de 25 hommes<br />

nous dirent y être détenus depuis au moins un mois. <strong>La</strong> plupart d’entre eux ne figuraient<br />

pas sur le registre de détention, de sorte qu’il était impossible de vérifier l’état<br />

d’avancement de leur dossier.<br />

29 L’effectif total est estimé entre 2 500 et 4 000.<br />

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