La Detention Preventive Prolongee En Haiti - Vera Institute of Justice
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Il reste à mentionner les cas où le commissaire ou le Juge d'instruction est parti en<br />
congés ou est en formation pour quelques mois alors que les dossiers s'accumulent dans<br />
son bureau, ou encore, tous aussi fréquents, les cas de magistrats révoqués et ne sont pas<br />
remplacés pendant des semaines, voire des mois… s’ils le sont. Leurs dossiers sont alors<br />
redistribués entre les magistrats en fonction, augmentant d'autant leur charge de travail.<br />
Contrôle et supervision : l’Inspection Judiciaire<br />
Pour la plupart de nos interlocuteurs, un service d’inspection opérationnel serait<br />
indispensable à la bonne santé de l’appareil judiciaire et à la résorption de la détention<br />
provisoire. Toutefois, le mécanisme d’inspection en place ne remplit pas cette fonction.<br />
Le décret du 22 août 1995 réinstaura le Service d’Inspection Judiciaire sans toutefois<br />
définir ses responsabilités et son mode de fonctionnement. Le Service d’Inspection<br />
Judiciaire n’a pas de directeur. Les inspecteurs dépendent du Directeur des Affaires<br />
Judiciaires, qui a de nombreuses autres responsabilités.<br />
Les inspecteurs que nous avons rencontrés nous ont décrit la limite de leurs moyens.<br />
Par exemple, le service ne dispose par de véhicules, et il n’existe aucune procédure de<br />
location de véhicule ou de remboursement de frais pour usage de véhicule personnel. Les<br />
inspecteurs refusent d’utiliser les transports publics pour se rendre dans les Tribunaux de<br />
la zone métropolitaine.<br />
Ajoutons que les méthodes manuelles traditionnelles de contrôle de la détention<br />
préventive sont très largement sous utilisées. <strong>La</strong> tenue de registres de détention<br />
provisoire, de tableaux de détenus permettant de vérifier à tout instant le nombre et la<br />
date d’incarcération des détenus relevant d’un Juge d'instruction et de registres<br />
permettant de suivre l'état des procédures est pratiquement inexistante. Les Juges et<br />
commissaires n’ont pas de registres personnels ou presque pas. Ils s’adressent au<br />
responsable du greffe pour obtenir des informations sur les dossiers qui leur sont soumis..<br />
Le traitement des mineurs<br />
Au cours des dernières années, la délinquance juvénile est devenue un fléau en Haïti.<br />
Dans la capitale et certaines grandes villes de province, entre 6 000 et 8 000 enfants sont<br />
actuellement à la rue. Dans ces conditions, la situation des mineurs détenus est<br />
particulièrement préoccupante. Selon la législation haïtienne et la Convention<br />
Internationale Relative aux Droits des <strong>En</strong>fants, ratifiée par Haïti en1995, il est interdit<br />
d’emprisonner les mineurs âgés de 13 à 16 ans, pour lesquels des centres de rééducation<br />
sont prévus. Toutefois, Haïti ne possède pas de centres de rééducation, si bien que les<br />
jeunes délinquants sont souvent envoyés dans des institutions privées.<br />
A Port-au-Prince, les autorités pénitentiaires ont tenté de séparer les mineurs des<br />
adultes en réservant une grande cellule aux adolescents de Fort National. <strong>La</strong> disposition<br />
des lieux et le manque d’espace rendent toutefois cela plus difficile dans les institutions<br />
pénitentiaires de province.<br />
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