Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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Sur le côté gauche il y a peut-être quatre fenêtres: chambre<br />
de Valérie, corridor, chambre des parents. Elles donnent sur<br />
un parc peu attrayant arrivant au réfectoire, aux cuisines; <strong>à</strong><br />
côté la buanderie ou maman donne ses grandes lessives qui<br />
nous reviennent bien repassées dans une grosse corbeille.<br />
Le deuxième étage c’est le mien. Aussi celui de Natalie.<br />
Il n’y a plus de balcon. Beaucoup de fenêtres. Les miennes<br />
je dois les nettoyer de temps en temps. J’aime pas nettoyer<br />
mes fenêtres. Peut-être que la maturité se mesure par le fait<br />
de commencer <strong>à</strong> aimer nettoyer ses fenêtres. Ma chambre,<br />
quand on regarde la maison en tournant le dos au monde,<br />
au train et au cèdre, c’est la fenêtre tout <strong>à</strong> droite de la façade<br />
et du balcon. Le balcon est au milieu, ma fenêtre est <strong>à</strong> l’étage<br />
supérieur, en dessus du balcon sur la diagonale menant <strong>à</strong><br />
l’angle droit supérieur. <strong>Une</strong> fenêtre donne sur le dit-parc<br />
peu-attrayant, sur le réfectoire et la cuisine…<br />
Bref ce balcon, cette maison, le monde, la largeur de<br />
l’espace autour de moi, le nombre de chambres, les distances<br />
de la maison <strong>à</strong> l’école, <strong>à</strong> la leçon de piano, aux cours de<br />
danse m’ont habités d’un sentiment de grande liberté<br />
spatiale. Mon Eldorado helvétique. Liberté.<br />
Un jour ma chère maman m’enferma dans ma chambre<br />
par soucis de discipline. Je voulais m’en aller elle voulait que<br />
je reste. J’ai pris mon drap de dessous et mon drap de dessus ai<br />
fait un grand nœud entre les deux ai fixé le dit drap quelque<br />
part et me suis échappée par la fenêtre. J’ai fait une fugue. Le<br />
balcon n’avait servit <strong>à</strong> rien, je ne pouvait l’atteindre depuis<br />
ma chambre. Je me suis échappée vers le monde <strong>à</strong> gauche de<br />
la grande maison, vers la ville. Je suis allée en ville. Je suis<br />
retournée 3 jours plus tard après tractations et médiation<br />
paternelle. Je suis certaine que rentrer <strong>à</strong> la maison n’a pas<br />
été trop dur. Le monde restait l<strong>à</strong> ou il était, la maison l<strong>à</strong> où<br />
elle devait être et moi l<strong>à</strong> d’où je venais.<br />
Ce souvenir est un souvenir amusant. <strong>La</strong> maison reste<br />
une belle maison, la plus belle maison évidemment.