discours indirect libre - e-Sorbonne

Chapitre II Le discours indirect libre dans le système du discours rapporté
pose une situation dřinterlocution qui définit un énonciateur et son énonciataire, le
destinataire du discours, qui correspond à la même personne physique que lřénonciateur.
Il sřagit toujours dřun dédoublement dans le monologue intérieur : il y a un « je » et « un
autre je », à qui sřadresse le discours. Cette relation dřinterlocution est indispensable pour
le maintien du DIL : il doit toujours y avoir un destinataire (réel ou fictif) de la parole, ce
qui rejoint le principe de réalisme pragmatique dont nous avons parlé.
Un autre facteur que lřon doit garder à lřesprit lorsque lřon parle du monologue
intérieur est la place que celui-ci prend dans le récit, autrement dit sa longueur qui est
donnée en critère définitoire par plusieurs linguistes, Gardes Tamine, De Mattia-Viviès ;
la définition du Petit Robert I (1987) 78 en parle comme dř « une longue suite des
pensées » ; la longueur du monologue intérieur (difficile à mesurer, il est vrai) se trouve
sans doute en rapport avec sa caractéristique de discours élaboré, construit et pré-pensé.
Du point de vue du fonctionnement énonciatif, le monologue intérieur au DD, appelé
également « monologue rapporté » 79 rapporte une situation dřénonciation : nous avons la
représentation mimétique de la parole de lřénonciateur rapporté, ainsi que celle de
lřactivité énonciatrice. Mais le monologue au DIL possède une nature énonciative
différente.
2.1.3.2. Monologue intérieur et DIL
Dans son emploi de la représentation du discours intérieur, le DIL peut être employé
également comme un moyen de représenter le discours quřun personnage sřadresse à soi-
même. Comme le remarque, à juste titre, Rene Rivara, la question que lřon se pose alors
est la suivante : « Les deux modes linguistiques de reproduction dřun état de conscience
nous livrent-ils la même réalité psychologique ? » 80 . La différence de fonctionnement
entre ces deux types de monologue intérieur consiste dans le fait que le DD et le DIL
nřont pas le même fonctionnement énonciatif. Au DIL, lřénonciateur rapporté est
représenté à la troisième personne, ce qui est une trace de narrativisation de la parole
78
Pour dřautres définitions et commentaires sur le monologue intérieur, cf. M. De Mattia-Viviès (2006a :
chapitre III).
79
Voir sur le monologue rapporté (« quoted monologue ») D. Cohn (1981 : 75-121).
80 R. Rivara (1998 : 402).
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