discours indirect libre - e-Sorbonne

Chapitre IV Les indices de rupture énonciative du DIL avec la narration
4.4. Le DIL et l’expression du point de vue
Le point de vue peut être exprimé de diverses manières dans le récit : ces formes
peuvent aller du discours narré (terme de Genette), qui résume le contenu du discours de
lřénonciateur rapporté, au DIL, en passant par les formes qui peuvent être confondues par
leurs effets avec le DIL, comme le psycho-récit. Une fois de plus, soulignons que le DIL
ne se prête pas bien à la délimitation très nette de son champ, et le DIL « traditionnel »,
pur se mélange souvent avec dřautres formes qui peuvent être celles du champ du DR ou,
alors, du côté du récit. Observons quelques exemples qui permettent de comprendre de
quoi il sřagit.
Nous allons nous intéresser dans cette partie à la représentation du point de vue de
lřénonciateur rapporté, plus précisément, à lřexpression de son raisonnement. Les
problèmes étudiés seront, une fois de plus, les frontières entre le DIL Ŗde raisonnementŗ
et le récit, ainsi que le problème des connecteurs qui sont des marqueurs privilégiés
lorsquřil sřagit du problème de lřargumentation. Certains connecteurs, comme nous
verrons, peuvent produire un décrochage énonciatif dans le récit, signalant que le
raisonnement quřils introduisent appartient à autrui.
Comme nous lřavons déjà remarqué plus dřune fois au cours de la présente étude,
pour parler dřun décrochage énonciatif dans le texte, il est indispensable de prendre en
compte la nature du narrateur, lřimage quřil construit depuis le début du récit. Par
exemple, le texte auquel nous nous sommes souvent référé, Madame Bovary, présente un
narrateur hétérodiégétique, au maximum détaché, objectif, qui ne glisse pas
dřappréciations subjectives sur les événements narrés dřune manière explicite.
Naturellement, le cas du DIL où le narrateur semble penser, percevoir et décrire à
lřunisson avec le personnage principal, Emma Bovary, est à part. Ainsi, dans le texte qui
présente un narrateur de ce type, les connecteurs polyphoniques que nous allons examiner
peuvent servir de véritables déclencheurs et marquer lřintrusion dřautrui. A défaut dřêtre
identifié comme du DIL, ces connecteurs servent en tout cas à construire un point de vue
dans le récit, ou, en dřautres termes, le récit à point de vue, ce dernier pouvant servir à son
tour de gradient, de passerelle vers le DIL. Donc, on se gardera dřassimiler le point de
vue au DIL, car le point de vue peut être construit dans les termes appartenant au
narrateur ; ainsi, le DIL nřest quřune expression possible du point de vue dans le récit.
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