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discours indirect libre - e-Sorbonne

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Chapitre I Le <strong>discours</strong> <strong>indirect</strong> <strong>libre</strong> : tentatives de définition 45<br />

Le DIL fait partie de lřarsenal stylistique de lřécrivain, de sa manière d'entrer dans la<br />

conscience du personnage et de montrer son point de vue, de regarder avec ses yeux, ce<br />

qui veut dire parfois que lřauteur doit abandonner sa position de narrateur omniscient.<br />

Cřest cette description dřun point de vue particulier que Stendhal recherchait dans son<br />

écriture et le DIL est une forme du DR qui permet cette entrée dans la conscience du<br />

personnage :<br />

(8) (Mme de Rênal accueille Julien Sorel, le nouveau précepteur de ses enfants. Elle lřimaginait sévère,<br />

âgé, et a la surprise de voir un jeune homme à lřapparence fragile.)<br />

Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle dřune jeune fille, elle se moquait dřelle-<br />

même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c‟était là ce précepteur qu‟elle<br />

s‟était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses<br />

enfants !<br />

Ŕ Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?<br />

Stendhal, Le Rouge et le Noir<br />

Le DIL est utilisé ici pour illustrer tout le bonheur de Mme de Rênal qui découvre<br />

que son précepteur est un jeune homme à lřapparence très douce, loin donc de la figure<br />

sévère dřun latiniste quřelle imaginait persécuter ses enfants : lřénoncé exclamatif au<br />

DIL est ici une expression de cause du comportement de lřhéroïne (elle se mit à rire<br />

etc.).<br />

Stendhal sřintéresse à la vision singulière du monde. Cřest la question du Vrai<br />

dans la littérature quřil se pose. Pour lui, il nřy a pas de Vrai absolu : cřest notre<br />

expérience qui compte par-dessus tout. Chez Flaubert, nous avons parlé du principe de<br />

la caméra qui accompagne le personnage, caméra qui saisit, décrit ce que voit celui-ci.<br />

Chez Stendhal, on peut évoquer, suite à Michel Brix, sa métaphore du miroir : le roman<br />

est « un miroir quřon promène le long du chemin » 37 , ce qui veut dire que ses récits sont<br />

le reflet de sa perception du monde. Les descriptions des scènes, des personnes, etc.,<br />

nřapparaissent que dans la mesure où ils sont motivés du point de vue du personnage,<br />

Cřest-à-dire que lorsque le personnage choisi comme angle de vue privilégié dans le<br />

récit nřest plus intéressé par telle ou telle chose, cette chose disparaît de son champ de<br />

vision. Il sřagit du même principe que nous avons décrit plus haut chez Flaubert dans<br />

37 Cité dans M. Brix (2006), dřaprès lřépigraphe (attribuée à Saint-Réal) du chapitre XIII du premier tome<br />

de Le Rouge et le Noir.

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