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discours indirect libre - e-Sorbonne

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Chapitre I Le <strong>discours</strong> <strong>indirect</strong> <strong>libre</strong> : tentatives de définition 23<br />

jamais « je », « tu », « maintenant ». Pour Banfield, les énoncés au DIL se différencient<br />

radicalement de ceux au DI par le fait que le DIL nřest pas lié par la conjonction de<br />

subordination. Le DIL est différent du DD également, car même sřil partage des<br />

caractéristiques dites expressives de celui-ci, il ne comporte pas de locuteur (« speaker »<br />

dans sa théorie), dont la preuve est lřimpossibilité dřavoir un « tu » ou un impératif dans<br />

cette forme. Notons tout de suite que cette affirmation sur lřimpossibilité dřavoir un<br />

destinataire du <strong>discours</strong> se trouve contredite par de nombreux exemples du DIL 19 .<br />

Pour préserver la cohérence de sa théorie, Banfield exclut les paroles représentées<br />

du DIL. En effet, la linguiste met au centre de ses recherches la distinction entre les<br />

pensées et les paroles, ce qui recouvre en fait lřopposition « langue parlée vs. langue<br />

écrite ». Ainsi, si les paroles représentées sont incluses dans le DIL, toute sa théorie sur<br />

lřappartenance du DIL à la langue écrite sřécroule. Pour elle, dans le DIL, personne ne<br />

parle puisque le DIL appartient au récit, une forme muette écrite par lřauteur : il nřy a<br />

donc pas de place pour le locuteur. Reprenant les remarques de Benveniste sur le plan<br />

de lřhistoire, elle définit le DIL comme une forme de représentation de la parole où les<br />

événements sont comme posés dřeux-mêmes et la représentation des paroles (pensées)<br />

du personnage ne sřadresse à personne. Par conséquent, il nřy a quřune seule place dans<br />

le DIL, et elle est occupée par le sujet de conscience unique, le personnage. Ainsi, le<br />

DIL se trouve en dehors du schéma de communication.<br />

Cette théorie conteste donc les positions du cercle de Baxtin sur la « double<br />

voix ». Dans la théorie de Banfield, il n'y a pas de place pour la deuxième voix : c'est<br />

une forme du DR originale qui ne découle pas des autres. C'est ce point-là, précisément,<br />

qui constitue lřun des mérites de sa théorie tellement critiquée par la suite et, selon nous,<br />

à juste titre. Les critiques les plus sévères venaient surtout du représentant de la théorie<br />

narratologique, Gérard Genette 20 . C'est cette prise de position, la reconnaissance du DIL<br />

comme forme à part, qui l'oppose, la fait sortir du cadre de la grammaire<br />

transformationnelle qui sert de cadre théorique pour la linguiste. En même temps,<br />

Banfield trace des frontières très nettes, serons-nous tentée de dire, entre le DD, le DI et<br />

le DIL. Dans sa théorie, ce sont des catégories étanches qui ne peuvent<br />

« communiquer » entre elles. Ainsi, les éléments expressifs du DD ne pourraient pas se<br />

retrouver dans le DI. Pourtant, on peut citer des contre-exemples. Brian McHale (1978),<br />

19 Cf. exemple (1), voir plus loin les exemples (2) et (3) (ou cf. Volume II. Corpus des exemples cités).<br />

20 G. Genette (1983 : 68).

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