Jeunes femmes et loisirs commerciaux durant les années ... - Archipel
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2.2.3 Moralité<br />
En plus de corrompre <strong>les</strong> âmes de manière criminelle, le théâtre <strong>et</strong> le cinéma<br />
sont accusés de la dépravation des mœurs par leur essence immorale. Dans le<br />
Montréal urbain des <strong>années</strong> 20, la sexualité devient une réalité beaucoup plus visible.<br />
D'une part, cela s'explique par la promiscuité des jeunes fournie par le contexte<br />
urbain. D'autre part, <strong>les</strong> <strong>loisirs</strong> <strong>commerciaux</strong> ne sont pas étrangers à ce phénomène.<br />
Ils perm<strong>et</strong>tent d'échapper au contrôle parental, scolaire <strong>et</strong> professionnel, en<br />
fournissant aux jeunes un cadre de rencontre mixte. Le théâtre n'échappe pas à c<strong>et</strong>te<br />
règle, d'autant plus qu'il est lui-même fournisseur d'images qu'on pourrait qualifier<br />
d'osées pour l'époque. La fréquentation du cinéma comme cause première<br />
d'immoralité constitue le cœur de l'argumentation de plusieurs journaux <strong>et</strong> de<br />
l'Église catholique. D'abord, La Patrie publie un article sur l'importance d'une<br />
censure cinématographique éclairée en insistant sur le fait que la province de Québec<br />
en est une «profondément morale <strong>et</strong> catholique ». Aussi, le journal prône la<br />
protection de la jeunesse envers <strong>les</strong> spectac<strong>les</strong> dangereux ou risqués 106. En m<strong>et</strong>tant<br />
l'accent sur le protectorat des jeunes, La Patrie montre clairement qu'ils sont le<br />
groupe cible qu'il faut prémunir des scènes jugées menaçantes pour leur âme.<br />
Ensuite, un journaliste de L'Action française exprime clairement son opinion<br />
anti-sémite en dénonçant le cinéma judéo-américain comme dangereux pour <strong>les</strong><br />
mœurs. Il vise particulièrement la jeunesse, qui à l'aide du cinéma, prend<br />
connaissance des « dessous de la vie» <strong>et</strong> du vice 107 . Manifestement, ces deux<br />
expressions font directement référence à la sexualité. À une époque où la sexualité<br />
demeure un suj<strong>et</strong> tabou, l'effervescence des <strong>loisirs</strong> <strong>commerciaux</strong> tend à sortir <strong>les</strong><br />
jeunes <strong>femmes</strong> de leur ignorance à ce suj<strong>et</strong>. L'opinion mise de l'avant dans c<strong>et</strong> article<br />
106« Il faut une censure mais une censure éclairée», La Patrie, 6 novembre 1920, p. 23.<br />
107 «Théâtre <strong>et</strong> cinéma », L'Actionfrançaise, juill<strong>et</strong> 1924, p. 74.<br />
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