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LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo

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2 - <strong>LES</strong> FORAINS, APPRENTIS SORCIERS<br />

1896 - 1912<br />

La foire était incontestablement, à cette époque, une des manifestations les plus caractéristiques de<br />

la vie populaire. A l'encontre du Carnaval, par exemple, où certains divertissements n'étaient destinés qu'à<br />

une société aisée, le champ de foire ouvrait sans limite ses réjouissances aux plus modestes habitants de la<br />

cité.<br />

C'est à la suite d'une pétition présentée par "la Très fidèle ville de Perpignan", que le Conseil d'Etat,<br />

créa le 27 Avril 1759, une foire franche (1). Depuis ce temps lointain, les forains s'installaient, chaque<br />

année, dès les premiers jours de Novembre, sur la Promenade des Platanes. Celle-ci, nous l'avons vu,<br />

demeurait un des lieux privilégiés du spectacle à Perpignan. Elle était formée de trois longues allées,<br />

délimitées par des arbres superbes plantés en 1809, et dont les fûts majestueux se dressaient avec une<br />

étonnante vigueur, pour former une voûte unique "jamais lassé d'entendre bourdonner la foule vaine, de voir<br />

s'agiter à ses pieds la cohue des promeneurs, qui souvent cherchent à oublier leurs misères devant les<br />

marionnettes de la foire"(2).<br />

Les forains qui devaient obligatoirement posséder une patente (3) étaient soumis, dans chaque ville,<br />

à se mettre en règle avec l'administration municipale. Dès que l'autorisation de s'installer leur avait été<br />

délivrée, les agents de l'octroi leur désignaient un emplacement qu'ils ne pouvaient refuser, en aucune<br />

manière, sous peine d'être exclus sans rémission.<br />

Le prix des places sur le champ de foire, (auquel venait s'ajouter le droit des pauvres) était fixé à 1 franc le<br />

mètre carré, en 1896 (4), pour une période de huit jours. Les forains qui débutaient le 11 Novembre, pour ne<br />

repartir, la plupart du temps que le 10 Décembre, pour se rendre soit à Béziers, soit à la fête de Rivesaltes<br />

(la Municipalité autorisant certaines années, à cause du mauvais temps, une prolongation de la foire)<br />

devaient verser un droit supplémentaire qui était fixé à un quart environ de ce qu'ils avaient payé pour la<br />

période légale (5).<br />

Chaque spécialité avait un emplacement bien déterminé ; Sur l'allée de gauche étaient installés les<br />

marchands de porcelaine, les jeux de hasard, les confiseurs, les limonadiers, tandis que sur l'allée de droite<br />

se retrouvaient chaque année les sauteurs de corde, les chevaux de bois mêlés aux lutteurs, aux<br />

ménageries et aux divers "théâtres".<br />

Dès les premiers jours de la foire, l'allée centrale de la Promenade était envahie par le public<br />

perpignanais, auquel venait se mêler, du 11 au 15 Novembre, l'énorme contingent de ruraux, que des trains<br />

spécialement affrétés emmenaient de la plupart des communes du département (6).<br />

Tandis que sur l'air de "Guillaume Tell" et de "La Muette de Portici", tournaient les chevaux de bois<br />

MERCADIE et le manège vélocipède BERGES, les curieux stationnaient devant les baraques, les unes<br />

luxueuses et brillamment éclairées, les autres "avec des façades de toiles qui semblent en loques sous la<br />

lampe fumeuse accrochée au seuil" (7). Dans une odeur de friture mêlée à celle des moteurs à pétrole, sous<br />

la lumière crue des ampoules électriques, que la Municipalité avait fait installer en 1896, la foule des<br />

badauds défilait lentement, sous les grands arbres, dans un halo de lumière.<br />

(1) Par la suite, un arrêté préfectoral, daté du 29 Janvier 1775, décida que cette foire, dite de la Saint-<br />

Martin, durerait 8 jours à partir du 11 Novembre.<br />

(2) Horace CHAUVET; Pour le centenaire des platanes (L'Indépendant, 1 er Novembre 1905).<br />

(3) Les marchands forains… et tous les autres patentables, dont la profession n'est pas exercée à<br />

demeure fixe, sont tenus d'acquitter le montant de leur cote au moment où la patente leur est<br />

délivrée (Loi du 15 Juillet 1880).<br />

(4) Ce tarif était encore le même en 1906.<br />

(5) Relevé des droits de places perçus par la Municipalité : 1896 (3.769,50 Frs) 1898 (4.092,65) 1900<br />

(3.690,10 Frs).<br />

(6) 6800 en 1896 : 5686 en 1904 : 6900 en 1910.<br />

(7) Jacques FERDY : (Article de l'Indépendant, 19 Novembre 1899).<br />

© Cinémathèque euro-régionale <strong>Institut</strong> <strong>Jean</strong> <strong>Vigo</strong> <strong>LES</strong> <strong>CAHIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CINEMATHEQUE</strong> N° 1 janvier 1971<br />

Arsenal espace des cultures populaires – 1 rue <strong>Jean</strong> Vielledent, 66000 PERPIGNAN Tél. 04.68.34.09.39 Fax. 04.68.35.41.20<br />

courriel : contact@inst-jeanvigo.com site internet : www.inst-jeanvigo.asso.fr<br />

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