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LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo

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Quelques mois auparavant, un exploitant catalan, <strong>Jean</strong> FONT, propriétaire d'une petite chaîne de<br />

cinématographes à Barcelone, ayant appris que dans ce domaine les recettes françaises étaient bien<br />

supérieures aux espagnoles, entreprit avec son fils un voyage d'affaires à Marseille. Ce projet ayant échoué<br />

(1), un confrère lui fit connaître l'existence, à Perpignan, d'un local susceptible d'être transformé en cinéma.<br />

Dès son retour, il s'arrêta dans la capitale du Roussillon, mais ne pût mener à bien cette deuxième affaire.<br />

La veille de son départ pour Barcelone, pendant une promenade, il passa près d'un terrain à vendre, non<br />

loin de la Porte Notre-Dame. Quelques semaines plus tard, sur les instances de sa femme, <strong>Jean</strong> FONT<br />

l'acheta au prix de 75 Fr or le mètre carré. Les premiers plans furent dressés par ARNAUD, architecte du<br />

département. Peu de temps après, un autre architecte, MONTES, les reprit et "les modifia en collaboration<br />

avec le sculpteur GUENOT, pour la décoration" (2). A la fin de l'année 1910, les travaux furent commencés<br />

par l'entreprise CASEPONCE.<br />

Ce bâtiment, qui pouvait contenir un millier de spectateurs, était d'une superficie de 600 mètres<br />

carrés, ce qui en faisait la plus grande salle de Perpignan. Le parterre était meublé de bancs et de chaises.<br />

Un fumoir-promenade avait été aménagé au premier étage, attenant à la galerie qui se composait de cinq<br />

rangées de fauteuils de bois. La charpente apparente de cet immeuble était entièrement métallique, et<br />

l'appareil de projection se trouvait à l'extérieur, sur une terrasse. Le modern-style fleurissait sur les<br />

décorations de la façade, avec ses balustrades, ses pylones, et ses garnitures de céramique (3), ainsi que<br />

dans les sculptures des deux caisses qui s'ouvraient dans le hall d'entrée. Ce cinéma, l'un des plus beaux<br />

(4) de la région du Midi, avait coûté 300.000 Francs or.<br />

L'inauguration qui eut lieu le 7 Novembre 1911, se fit sur invitation et au bénéfice des victimes du<br />

navire "le Liberté", qui avait explosé en rade de Toulon, peu de temps auparavant. Le programme se<br />

composait de deux parties, où se mêlaient la musique et le cinéma. La partie musicale avait été confiée à<br />

l'orchestre "Excelsior", formé de sept musiciens sous la direction de LOUIS ELIE, qu'un contrat liait à<br />

l'établissement au prix de 180 Fr par semaine. Les chorales de "La Lyre perpignanaise" et de "l'Echo<br />

rousillonnais", ainsi que quelques artistes locaux (J.C. B<strong>LA</strong>NQUE, Marcel PARAIRE et J. TURRULL)<br />

participèrent à cette soirée. Si les projections (5) n'eurent pas la vedette dans le programme officiel, il ressort<br />

des échos unanimes de la presse qu'elles furent de loin les meilleures que l'on ait vues jusqu'alors à<br />

Perpignan (6).<br />

<strong>Jean</strong> FONT avait signé un contrat avec l'Agence marseillaise de la Société Pathé, au prix de 0,15 Fr<br />

le mètre de pellicule par semaine, et donnant droit à deux programmes, l'un le Mardi, l'autre le Vendredi,<br />

ainsi qu'à des affiches au tarif de 0,25 Fr la pièce. En outre, le nouveau directeur représentait cette société<br />

dans notre région, et filmait lui-même, pour le "Pathé-Journal", des séquences sur certains aspects de la vie<br />

roussillonnaise et de courts documentaires sur les lieux privilégiés du département (7).<br />

(1) Le projet de <strong>Jean</strong> FONT était d'ouvrir une grande salle de cinéma sur la Canebière.<br />

(2) Les autres corps de métiers étaient dirigés par les entreprises SERRE, COMBET et VIA<strong>DE</strong>R.<br />

(3) Les ornements furent terminés au mois de Mars 1912. A la même époque, la façade fut exhaussée<br />

de 2 mètres puis ornée d'une balustrade, et les 3 portes d'entrée coiffées d'une marquise.<br />

(4) Ce ne fut pas l'avis de tout le monde. Le 11 Novembre Albert BAUSIL écrivait : "Etait-il si<br />

nécessaire de nous rappeler, au seuil des frivolités de la foire, que nous ne sommes que poussière,<br />

par l'érection de ce macabre cénotaphe ? On a beau écrire dessus : "Cinéma Castillet", ce n'est pas<br />

nous qu'on trompera. Ces petites fenêtres étroites, cette porte de caveau, ce couronnement en<br />

escalier, ces deux pylones funèbres….. toute cette architecture nécropolaire ne peut laisser d'illusion<br />

à personne". (in "le Cri catalan", le 11 Novembre 1911).<br />

(5) Programme d'ouverture du "Castillet" : "la Poupée de l'orpheline", "les amours d'Ourvari", "Anna<br />

Karénine", "Un appel silencieux", "Entre deux qui se battent", "Toto gagne", "Les tentations d'une<br />

grande ville" (Auguste BLOM).<br />

(6) "Enfin des films cinématographiques d'une netteté, d'une longueur et d'un coloris remarquables" (in<br />

"Le Cri Catalan", 11 Novembre 1911).<br />

(7) "On ne peut plus faire un pas dans la rue…. Ou aux Platanes, sans que l'honorable opérateur du<br />

"Castillet" ne tourne sa manivelle à notre barbe" (César BOYER. In "l'Indépendant" du 15 Décembre<br />

1913).<br />

© Cinémathèque euro-régionale <strong>Institut</strong> <strong>Jean</strong> <strong>Vigo</strong> <strong>LES</strong> <strong>CAHIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CINEMATHEQUE</strong> N° 1 janvier 1971<br />

Arsenal espace des cultures populaires – 1 rue <strong>Jean</strong> Vielledent, 66000 PERPIGNAN Tél. 04.68.34.09.39 Fax. 04.68.35.41.20<br />

courriel : contact@inst-jeanvigo.com site internet : www.inst-jeanvigo.asso.fr<br />

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