LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo

II - Marcel OMS
« Pas de concessions, un témoignage pour l’histoire »
Après celui du conservateur, nous avons jugé utile de connaître le point de vue de l’animateur :
M. Marcel OMS.
- Quelle place tiendra la « Cinémathèque » dans l’ensemble des activités de l’association ?
Dans l’esprit des Amis du Cinéma, la dimension historique est une nécessité permanente. Ce n’est pas par
hasard que nous avons créé « Confrontation ». BORDE d’un côté et moi de l’autre avons fait l’expérience
d’une certaine vanité de la critique qui a constamment perdu de vue les critères historiques, les conditions
économiques de production du cinéma. Pour mon cas personnel, seul le recours aux grands classiques du
cinéma permet de trouver les structures profondes de l’art cinématographique.
- En s’installant au Palais des Congrès et de la Jeunesse, des perspectives nouvelles s’ouvrent à la
« Cinémathèque », lesquelles ?
D’abord, une totale indépendance financière à l’égard des exploitants. Je précise que je ne fais pas leur
procès ; je suis conscient de la fiscalité qui pèse sur eux. Mais je me demande s’ils ont été conscients du
rôle que jouait la fréquentation des cinémas.
Ensuite l’équipement technique de la salle, - auquel nous avons été conviés d’apporter notre grain de sel -,
permettra de passer des 35 et 16 mm, pièces de collection, dans le format conçu et voulu par leur
réalisateur.
Enfin tout cela nous permettra d’assurer des séances gratuites.
- La Cinémathèque de Toulouse sera la partenaire des Amis du Cinéma. Doit-on s’étonner de cette
collaboration préférentielle ?
La Cinémathèque de Toulouse tient toujours ses promesses. Le programme prévu sera présenté. La
collection de Toulouse est très riche en films, muets français, période très mal connue de l’histoire du
cinéma sur laquelle nous voulons faire quelques travaux. Enfin, l’appartenance de la cinémathèque de
Toulouse à la F.I.A.F. met et mettra à la disposition du public perpignanais les collections des plus grandes
cinémathèques internationales.
- Peut-on parler d’une originalité de la cinémathèque par rapport aux Amis du Cinéma (Ciné-club) et à
Confrontation (festival) ?
Sur le plan pratique, pas d’originalité à proprement parler, mais complémentarité absolue. « Confrontation »
n’aurait jamais existé sans les collections de la cinémathèque de Toulouse, mais n’aurait jamais pu vivre
sans le public des Amis du Cinéma. La seule originalité c’est que nous ne ferons aucune concession au goût
du public, nous contentant de témoigner pour l’histoire.
- Tu as parlé un peu plus haut de séances gratuites, qui donc assurera le financement de la cinémathèque ?
La « Section catalane de la cinémathèque de Toulouse » est subventionnée par la municipalité de
Perpignan. Je ne le dis pas parce que c’est une année électorale, mais je me félicite que Perpignan soit la
seule ville de France à avoir concrètement manifesté son intérêt pour la conservation du patrimoine filmique
national.
Contrairement à ce que pouvaient penser certains, il n’y a pas de Cinémathèque nationale, ce qui témoigne
d’une véritable désertion des pouvoirs publics. Je me demande même si ce que nous faisons avec la
cinémathèque de Toulouse n’est pas un embryon d’ une régionalisation des cinémathèques.
© Cinémathèque euro-régionale Institut Jean Vigo LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE N° 1 janvier 1971
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