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LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo

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2 - <strong>LES</strong> IMAGES <strong>DE</strong>SCEN<strong>DE</strong>NT DANS <strong>LA</strong> RUE<br />

1908<br />

Dès le début du deuxième semestre 1908, les propriétaires de certains grands cafés de la ville,<br />

victimes eux aussi de la crise générale et à la recherche d'un appoint publicitaire, décidèrent de donner des<br />

séances gratuites de cinéma, aux abords de leurs établissements, après avoir reçu l'autorisation<br />

réglementaire des services publics. Ils ne faisaient, en cela, que suivre l'initiative prise par le "Grand Café<br />

Glacier", lorsque celui-ci avait donné des projections en plein-air, au cours du mois d'Août de l'année<br />

précédente, sur la terrasse du "Palmarium" (1), initiative qui s'était révélée un succès public sans précédent.<br />

A partir du 4 Juillet, avertis par la presse, de nombreux Perpignanais allèrent assister à l'installation<br />

de ces cinématographes; Les grands écrans de toile étaient tendus, au dessus du sol, à l'aide de câbles et<br />

de panneaux de bois, tandis que l'on procédait, à distance convenable, à la construction de la petite guérite<br />

en bois, où devaient prendre place l'opérateur et son appareil.<br />

Les représentations débutèrent le 10 Juillet 1908, place de la Loge (2) et, peu de jours après, à<br />

l'angle de la brasserie PY, en haut de l'avenue de la Gare. Le 20 Juillet, les premières projections furent<br />

données par "Le Grand Café Glacier", sur la plate-forme du "Palmarium" (3).<br />

Soucieux d'attirer le plus grand nombre de consommateurs sur leurs terrasses, les cafetiers ne<br />

craignirent pas, à cette occasion, de supporter des frais assez importants. Non seulement ils prirent à leur<br />

charge l'installation des écrans et des cabines, la location des films et la rémunération des projectionnistes,<br />

mais ils furent, en outre, dans l'obligation de payer un droit spécial de voirie et d'occupation temporaire de la<br />

voie publique par les canalisations électriques, indépendamment du droit de voirie proprement dit et de celui<br />

des pauvres perçu par le Bureau de Bienfaisance.<br />

Mais le succès dépassa toutes les espérances. "Les cinémas de la Loge, de l'avenue de la Gare et<br />

du "Palma" continuent à attirer les foules et, malgré le mauvais temps, les terrasses des cafés sont<br />

littéralement bondées". Chaque soir, une foule considérable, descendant de tous les quartiers de la ville, se<br />

dirigeait vers les lieux de projections, par familles entières. Les chaises de fer et les guéridons de marbre<br />

des cafés étaient pris d'assaut, tandis que sur la place Arago, le long des quais, près de la Loge et devant la<br />

façade de la Gare, les spectateurs envahissaient les trottoirs et la chaussée, debout, en grappes compactes,<br />

indifférents à la fatigue et aux pickpockets (4), attendant patiemment la disparition de la dernière clarté du<br />

jour. Certains étaient assis, en équilibre sur la balustrade en fer des quais, d'autres étaient descendus sur<br />

les berges de la Basse pour s'étendre plus commodément dans l'herbe (5). Alentour, des groupes privilégiés<br />

surchargeaient les balcons des maisons avoisinantes, tandis que, sur la place Arago, des gamins en liberté<br />

se juchaient sur les bancs et escaladaient la statue du célèbre astronome. Lorsqu'enfin, après une longue<br />

attente les images se mettaient à défiler sur l'écran, la grande foule se figeait, pendant que circulaient<br />

silencieusement quelques gardiens de la paix et deux ou trois garçons de café, ceints de leurs tabliers<br />

blancs.<br />

(1) Plus de 3000 mètres de films à chaque séance<br />

(2) Il y avait encore en 1908, 7 cafés sur la place de la Loge, et 2 restaurants "La Modern Brasserie" et<br />

"Le Maxim's Restaurant".<br />

(3) Cette plate-forme avait été mise en place le 12 Février 1907.<br />

(4) "Les cinémas n'attirent pas seulement les promeneurs sur la Loge et à la Gare, ils attirent aussi les<br />

pickpockets" (in "L'Indépendant" du 12 Juillet 1908).<br />

(5) En Août 1907, pendant les projections du "Palmarium", un enfant s'était blessé en tombant de la<br />

rampe du quai Vauban, tandis qu'un ouvrier ferblantier qui s'était endormi sur l'herbe, constata<br />

qu'une somme de 2,25 Fr lui avait été dérobée. "Quand on regarde le cinéma, il faut ouvrir l'œil",<br />

ironisait "L'Indépendant", en relatant ce second fait divers.<br />

© Cinémathèque euro-régionale <strong>Institut</strong> <strong>Jean</strong> <strong>Vigo</strong> <strong>LES</strong> <strong>CAHIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CINEMATHEQUE</strong> N° 1 janvier 1971<br />

Arsenal espace des cultures populaires – 1 rue <strong>Jean</strong> Vielledent, 66000 PERPIGNAN Tél. 04.68.34.09.39 Fax. 04.68.35.41.20<br />

courriel : contact@inst-jeanvigo.com site internet : www.inst-jeanvigo.asso.fr<br />

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