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LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo

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POIL <strong>DE</strong> CAROTTE (1926 – 1932)<br />

En 1931 DUVIVIER, interrogé sur son film préféré répondit que c'était POIL <strong>DE</strong> CAROTTE ; aimant<br />

avant tout les films d'atmosphère, il reconnaissait que POIL <strong>DE</strong> CAROTTE en avait les caractéristiques. Sur<br />

une adaptation à laquelle Jacques FEY<strong>DE</strong>R avait travaillé, il avait découpé l'oeuvre de Jules RENARD ,<br />

puis avait rassemblé en mosaïque ces petits tableaux cruels qui peignent la chronique de la vie provinciale,<br />

se permetttant seulement une transposition du Morvan dans les Hautes Alpes. Une interprétation sobre et<br />

typique achève d'en faire la meilleure réussite muette du cinéaste.<br />

Il reprit le même sujet en parlant, mais l'élargit, en empruntant dans d'autres oeuvres de Jules<br />

RENARD, notamment "La Bigote".<br />

<strong>LA</strong> BELLE EQUIPE ( 1936 )<br />

Raymond CHIRAT (Premier Plan N° 50)<br />

Cinq chômeurs, dans le plus complet marasme, gagnent à la loterie. Enthousiasmés, ils décident de ne plus<br />

se quitter et achètent une petite maison au bord de la Marne pour la transformer en guinguette. L'union ne<br />

dure pas : un premier copain, amoureux de la fiancée d'un camarade, s'enfuit. Un second réfugié politique<br />

est forcé de disparaître. Un autre se tue en tombant du toit. Restent en présence GABIN et Charles VANEL<br />

et, par malheur Viviane ROMANCE, ex-femme de VANEL. Jalouse de l'amitié des deux hommes, elle<br />

s'acharne à la détruire. Le jour tant attendu de l'inauguration arrive. Un véritable climat de haine s'est établi.<br />

GABIN tue VANEL à coups de revolver et, désespéré, s'obstine à répéter : "C'était une belle idée. Une belle<br />

idée qu'on avait eue.... Trop belle bien sûr pour réussir.<br />

Si le pessimisme cher à DUVIVIER n'est pas dans la ligne des promesses et des espoirs du Front<br />

Populaire, <strong>LA</strong> BELLE EQUIPE nous offre cependant un reflet véridique du climat de 1936 : le chômage, les<br />

réfugiés espagnols que l'on inquiète; la solidarité, symbolisée par la scène de la tempête, où les amis affolés<br />

de voir le toit de la maison soulevé par l'ouragan, se couchent dessus, l'étreignent et triomphent de la pluie<br />

et du vent; la formation d'une petite coopérative, et jusqu'à un attendrissement à fleur de peau bien dans le<br />

style du temps. Tous ces éléments mis en valeur par une interprétation très homogène, arrivent à neutraliser<br />

trop de détails roublards et agaçants : la lettre du copain qui n'oublie pas et qui arrive au moment voulu pour<br />

remonter les cœurs, le petit frère qui vient au nom de celui qui s'est tué et apporte un carillon : en sonnant<br />

celui-ci provoquera une douce émotion; la vieille grand'mère si touchante qui ouvre le bal avec GABIN, etc....<br />

Charles SPAAK est responsable de ces jolies choses et aussi des silhouettes stéréotypées : l'ivrogne bon<br />

garçon, le gendarme débonnaire, le propriétaire hargneux.... Le film est un peu trop abondant, un peu trop<br />

bavard, un peu trop insistant, mais il reste paré d'une manière de poésie de quat'sous : les bords de la<br />

Marne, les canots et la friture, l' accordéon qu'on entend sous les branches.<br />

De toutes façons DUVIVIER demeure très à l'aise dans les scènes à larges mouvements d'une part,<br />

avec la description attentive de l'hôtel au début du film : l'explosion de joie, le réveil des locataires qui<br />

dégringolent l'escalier pour fêter la bonne nouvelle – d'autre part, dans l'étude amère de l'amitié qui pourrit,<br />

ce qui nous vaut deux ou trois scènes d'une délectable méchanceté.<br />

RAYMOND CHIRAT ( Premier Plan )<br />

© Cinémathèque euro-régionale <strong>Institut</strong> <strong>Jean</strong> <strong>Vigo</strong> <strong>LES</strong> <strong>CAHIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CINEMATHEQUE</strong> N° 1 janvier 1971<br />

Arsenal espace des cultures populaires – 1 rue <strong>Jean</strong> Vielledent, 66000 PERPIGNAN Tél. 04.68.34.09.39 Fax. 04.68.35.41.20<br />

courriel : contact@inst-jeanvigo.com site internet : www.inst-jeanvigo.asso.fr<br />

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