LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo
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<strong>LA</strong> FIN DU JOUR (1938)<br />
L'amertume et la déchéance de vieillir sont exposées dans un milieu bien défini. Ce sujet original,<br />
dont René LEHMAN écrivit : "C'est un grand film français, je dirais même un film qu'on n'eût pu réaliser<br />
ailleurs qu'en France" s'ouvre sur la représentation d'adieux de Louis JOUVET. Acteur autrefois adulé,<br />
briseur de coeurs, il entre à l'Abbaye de ST JEAN-<strong>LA</strong>-RIVIERE, institution charitable où les vieux<br />
comédiens sans ressources terminent leurs jours. Son arrivée sert de catalyseur. Parmi ses anciens<br />
camarades, il retrouve Victor FRANCEN dont il a jadis séduit la femme et Michel SIMON, cabot raté, vieux<br />
gavroche, éternelle doublure des grandes vedettes. Il rencontre également Gabrielle DORZIAT qui eut un<br />
enfant de lui et SYLVIE, rancunière, qui se venge de ses déceptions par la méchanceté et la médisance. Au<br />
village voisin, il tente de séduire une jeune servante, Madeleine OZERAY, la mène au bord du suicide, dont<br />
FRANCEN la sauvera à temps. A la fin du film, tandis que JOUVET sombre dans la folie, Michel SIMON<br />
meurt en coulisses, désespéré de n'avoir pu jouer le rôle de F<strong>LA</strong>MBEAU quand se présentait l'occasion<br />
unique de sa vie. C'est Victor FRANCEN, son souffre-douleur, qui, sur sa tombe, prononce son éloge<br />
funèbre, et , à travers lui, exalte le comédien...<br />
La technique du metteur en scène est d'une sûreté étonnante : le long travelling qui suit l'entrée de<br />
JOUVET dans le salon de l'abbaye où il s'avance, guidé par la voix d'une pensionnaire qui chante "Le<br />
Temps des Cerises", tandis que, peu à peu, ses camarades sont découverts à leurs occupations; les flashes<br />
au réfectoire sur les têtes des vieilles actrices; la scène, fielleuse à souhait, où Sylvie brandit les lettres<br />
d'amour de JOUVET : la révolte des pensionnaires pris de boisson, leur coucher à la lueur des bougies et,<br />
au début, la description hachée et comme essoufflée d'une fin de tournée médiocre sont les pièces<br />
maîtresses d'un ensemble calculé, dont la bande sonore est aussi très étudiée. En dépit de la dispersion des<br />
intrigues, le film, bien conduit, reste très clair, mais, conséquence du sujet, extrêmement bavard. Si<br />
DUVIVIER connaît les vertus de la brièveté dramatique, SPAAK appuie, explique, délaie et fait si bien que<br />
l'étude de ces cas frisant la pathologie finit par tomber dans un pessimisme arbitraire et ravalé à des<br />
mesquineries, des criailleries et des radotages.<br />
Raymond CHIRAT (Premier Plan N° 50)<br />
© Cinémathèque euro-régionale <strong>Institut</strong> <strong>Jean</strong> <strong>Vigo</strong> <strong>LES</strong> <strong>CAHIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CINEMATHEQUE</strong> N° 1 janvier 1971<br />
Arsenal espace des cultures populaires – 1 rue <strong>Jean</strong> Vielledent, 66000 PERPIGNAN Tél. 04.68.34.09.39 Fax. 04.68.35.41.20<br />
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