LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo
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3 Décembre<br />
L’HOMME A <strong>LA</strong> CAMERA (de Dziga-Vertov (1929)<br />
L’ECOLE SOVIETIQUE<br />
Le “Cinéma-Oeil” – cinéma-je-vois (je vois à travers l’appareil) – le Cinéma-j’écris (j’écris sur la<br />
pellicule) – Le Cinéma – j’organise (je monte un film).<br />
Monter un film c’est organiser des ciné-morceaux en ciné-choses, c’est écrire dans les cadres des<br />
vues prises une ciné-chose, mais ce n’est pas rechercher les plans en fonction des « belles scènes »<br />
(déviation théâtrale) ou bien rattacher des morceaux à des sous-titres (déviation littéraire).<br />
« Ciné-Oeil – peinture de faits – mouvement pour le film sans jeu dramatique.<br />
Le « ciné-oeil » est né pour la vie de la Révolution d’Octobre.<br />
Le « ciné-oeil » ce n’est pas un ciné-tableau, ce n’est pas un groupement de travailleurs de cinéma,<br />
ce n’est pas un courant quelconque dans l’art (à gauche ou à droite).<br />
Le « ciné-oeil », c’est un mouvement qui s’étend progressivement et qui a pour objet d’exercer une<br />
influence par les faits, s’opposant à l’influence de la pure fiction, quelque forte impression que l’on puisse<br />
garder de celle-ci.<br />
Le « ciné-oeil » c’est un déchiffrement documentaire du monde visible.<br />
LE TRAIN MONGOL d’Ilya Trauberg (1929)<br />
( Dziga Vertov )<br />
En cette année 1929 où le Parti Bolchevique est encore tout secoué par les discussions à propos<br />
de la Révolution Chinoise, trahie par Staline et massacrée par Tchang Kaï-Chek, le film de Trauberg arrive<br />
pour jeter un peu de baume sur les masses tenues à l’écart du débat. Il apparaît donc comme une soupape,<br />
un acte de propagande à distance. Mais il est et reste un grand film révolutionnaire éclairé aujourd’hui d’une<br />
exaltante lumière d’espoir.<br />
Dans un train qui traverse la Mongolie, toutes les classes sont représentées et, dans les wagons de<br />
1 ère classe, les agents occidentaux, français et anglais, fomentent des troubles et préparent le sabotage du<br />
train du progrès. Les Chinois parqués dans les wagons de dernière classe montent à l’assaut. Le train<br />
poursuit sa route. On tente de le détourner de la bonne voie. La bagarre bat son plein, le train fonce,<br />
emporté dans l’immensité par l’élan furieux. Les riches voyageurs, les saboteurs et les traîtres dégringolent<br />
au fur et à mesure. L’express reste enfin aux mains du prolétariat et les sous-titres grandissent jusqu’à<br />
l’immense :<br />
<strong>LA</strong> VOIE EST LIBRE !!<br />
1929 – Le sentiment est profond que la « voie est libre » et qu’il ne reste plus qu’à édifier le paradis<br />
socialiste. Après l’étape de la Révolution armée s’achève la deuxième étape de l’histoire de l’U.R.S.S., celle<br />
de la conquête du pouvoir par l’appareil du Parti. Staline et les bureaucrates sont solidement installés,<br />
l’opposition est bâillonnée, dispersée, exilée. Le Parti se monolithise. La culture aussi.<br />
Le cinéma soviétique vient de vivre son âge d’or, une période diversifiée, proliférante, riche de<br />
promesses, de recherches, de tentatives pas toujours réussies et de chefs-d’œuvre éblouissants.<br />
En cinq années, bien des voies ont été explorées, mais peu à peu les nécessités idéologiques d’une<br />
théorie fondamentalement anti-marxiste – « le socialisme dans un seul pays » - imposent au cinéma un<br />
alignement sur les ukases culturels.<br />
Culture et Révolution allèrent de pair tant que la Révolution alla de l’avant. En bloquant sur une<br />
seule tâche toutes les énergies, la dictature du premier plan quinquennal à tout prix trahit en même temps et<br />
la Révolution et la Culture.<br />
(Marcel Oms – Positif – 67/68 –Juin-Juillet 1964)<br />
© Cinémathèque euro-régionale <strong>Institut</strong> <strong>Jean</strong> <strong>Vigo</strong> <strong>LES</strong> <strong>CAHIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CINEMATHEQUE</strong> N° 1 janvier 1971<br />
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