LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo

5 Novembre
L’EXPRESSIONNISME
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« L’expressionnisme, au sens convenu... se signale par une grande dépense, parfois, nous semblet-il,
une excessive consommation de langage ».
LE CABINET DU DOCTEUR CALLIGARI
DE Robert Wiene (1919)
Qu’est-ce que l’Expressionnisme ?
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Dominique Tassel – (L’Arc – N° 25)
Le terme expressionnisme, utilisé pour la première fois dans le domaine pictural pour désigner des
toiles de van Gogh, Münch, Cézanne et Matisse, échappe toujours, d’une façon ou d’une autre, à une
définition précise.
Il désigne un courant artistique – moins une école qu’une tendance – englobant aussi bien la poésie
(Georges Trakl) que la peinture (Franz Marc, Ernst, Ludwig Kirchner), la musique (Schoenberg), le théâtre et
le cinéma, qu’il ne recouvre pas cependant tout entier.
Né dans l’Allemagne du kaiser, c’est à dire dans un climat de contrainte, ses premiers représentants
périrent sur les champs de bataille de 1914 – 1918. Ils avaient prédit ce conflit et ses funestes
conséquences. De même, après l’armistice, sous la déliquescente République de Weimar, les survivants
pressentirent la montée du nazisme qui, à son tour, allait décimer leurs rangs.
Un art de visionnaire
L’expressionnisme est dans son esprit typiquement germanique, ce qui implique obligatoirement
qu’une philosophie et une métaphysique la sous-tendent.
En rupture avec l’impressionnisme jugé sans profondeur – « trop bas de plafond », disait en France
Odilon Redon – et le naturalisme bourgeois, c’est un art de visionnaire qui préconise la recherche intérieure
afin de donner aux actes et aux objets « leur signification éternelle ».
Ce subjectivisme forcené tend évidemment à l’abstraction. Et l’historien de l’art, Wilhelm Woringer,
déclare dans son ouvrage capital : « Abstraction et Intuition » (que l’on désespère, comme toutes les études
esthétiques essentielles, voir un jour traduit en français), que l’abstraction est fille de l’angoisse, celle de’
l’homme face aux phénomènes qui l’entourent et dont il ne parvient pas à pénétrer les mystérieuses
correspondances.
L’expressionnisme reflète donc une vision du monde pessimiste qui croit en l’incommunicabilité
entre les êtres et le monde. Ce désespoir n’a pas été stérile puisqu’il a accompli sur le plan esthétique une
révolution qui fut aussi un signe de ralliement pour tous ceux qui désiraient, à défaut de la société, changer
radicalement les bases de l’art.
© Cinémathèque euro-régionale Institut Jean Vigo LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE N° 1 janvier 1971
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