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LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo

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Propriétaire de la plupart des terrains et immeubles du quartier des Variétés, l'homme politique<br />

perpignanais avait, on s'en souvient, loué la salle de "l'Alcazar" à "La Lyre perpignanaise" (1). La société<br />

Poulain jeta son dévolu sur cet ancien café-concert. Mais les transactions furent longues, et ce n'est qu'au<br />

début de l'année suivante, en 1911, que la presse locale fit savoir qu'un superbe cinématographe allait ouvrir<br />

ses portes, le 25 Mars, dans l'ancien établissement de Monsieur P<strong>LA</strong>NQUE (2). Mais, ce jour là, devant une<br />

salle archi-comble, un malencontreux et banal court-circuit occasionna un début de panique, et le directeur<br />

TURRIES décida de renvoyer son inauguration au 31 Mars (3).<br />

Le premier cinéma de Perpignan venait de naître, à l'emplacement même où, quinze ans<br />

auparavant, le forain DATIGNY avait projeté pour la première fois des images animées. Il s'appelait "l'Apollo-<br />

Cinéma-Théâtre", la Société Poulain ayant voulu lui donner la dénomination du modeste établissement en<br />

planches qui l'avait précédé. Tout en conservant sa décoration à la moresque et sa galerie circulaire<br />

soutenue en forme de trêfle, "l'Apollo" avait été confortablement aménagé, et réunissait toutes les conditions<br />

de sécurité (4), sa cabine de projection ayant été placée à l'extérieur. Ce cinématographe (5), fonctionnait<br />

tous les soirs, sauf le lundi, et certains jours en matinée. Le prix de ses places était de 1 Fr, 0,60 Fr et 0,30<br />

Fr, et son orchestre était dirigé par Joseph BELLOC, professeur au Conservatoire de Perpignan. Aux<br />

entractes, lorsque le temps le permettait, les spectateurs pouvaient consommer dans le parc attenant, au<br />

son d'un piano qui jouait les succès de l'époque. Il y avait souvent des lancers de ballons et des distributions<br />

de surprises aux enfants. L'été, sous les arbres, les projections avaient lieu en plein air, sur un "superbe<br />

écran" où se "déroulaient" des scènes instructives, dramatiques et amusantes, jouées par les meilleurs<br />

artistes français et étrangers, qui reposent à la fois l'âme et le corps.<br />

Ainsi, dans des conditions de confort qu'ils n'avaient pas connu jusqu'alors au cinéma, les<br />

Perpignanais purent assister, chaque soir, à un spectacle de trois heures où défilaient, devant leurs yeux,<br />

des "rouleaux" de toutes sortes, "des scènes d'un sentiment tendre et naïf, des paysages délicieux, de jolies<br />

notes d'amour, des vues drôlatiques". Ils applaudirent "Le Télégraphiste de Lonedale" de GRIFFITH, de<br />

nombreux "films d'art" et films "d'époques", comme "L'Education d'Aristippe" et "la Chute de Troie", "le Roi<br />

Lear" ou "le Grenadier Rolland"; des séries comiques avec CALINO ("Calino travaille", "Calino facteur"), ou<br />

GRIBOUILLE ("Gribouille employé de banque", "Gribouille somnambule"), et surtout LIN<strong>DE</strong>R ("Max<br />

manque un riche mariage", "Max fait le tour du monde"). Après la projection de quelques énigmes policières<br />

("l'Auberge sanglante", "Dick Johnson contre Nick Winter"), les âmes sensibles attendaient avec impatience<br />

l'heure des mélodrames ("Douloureux pardon", "le Voile du bonheur", "le Destin des mères"), tandis que les<br />

partisans de l'aventure se préparaient à chevaucher, dans les plaines américaines, derrière "la Fille du<br />

Peau-Rouge", vers "le Dernier combat du Lieutenant" (de INCE), se mêlant aux poursuites et galopades de<br />

BRONCO BILLY (6).<br />

Le succès ne se fit pas attendre, et cela d'autant plus que la concurrence était, comme nous le<br />

verrons plus loin, sinon inexistante, du moins trop faible pour rivaliser avec une salle comme "l'Apollo".<br />

Incontestablement, celui-ci était bien "le seul et unique cinéma dans la cité". Pourtant, cette situation<br />

privilégiée allait être de courte durée. Au mois d'Octobre 1911, des affiches sortant des presses de<br />

l'imprimerie Eloi PY étaient apposées sur les murs de la ville, annonçant l'ouverture du "Cinéma Castillet".<br />

(1) La Lyre quitta la salle de "l'Alcazar" à la fin de l'année 1910. En Juillet, elle avait donné des séances<br />

cinématographiques, projetées par "le Grand Cinéma Perpignanais".<br />

(2) Directeur, vers les années 1900, du café-concert "Alcazar".<br />

(3) Programme d'ouverture de "l'Apollo" : "Un drame chez le voisin". "La traversée du Rhin", "Médecin<br />

malgré lui", "la Piété d'une mère", "la Paix du foyer", "les Espagnols au Maroc", "Bébé millionnaire",<br />

"Calino facteur", "Surprise de Tontolini".<br />

(4) Circulaire du Préfet des P.O., relative aux mesures de sécurité dans les cinémas (voir<br />

"l'Indépendant" du 18 Mars 1913). En raison de nombreux incendies survenus dans les cinémas<br />

ambulants, entre autre à St Paul-de-Fenouillet en 1911 et à Bages en 1912.<br />

(5) Cette dénomination se trouve encore dans les journaux locaux en 1911.<br />

(6) "Choix sur les 324 films présentés à "l'Apollo", de Mars 1911 à Juin 1912.<br />

© Cinémathèque euro-régionale <strong>Institut</strong> <strong>Jean</strong> <strong>Vigo</strong> <strong>LES</strong> <strong>CAHIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CINEMATHEQUE</strong> N° 1 janvier 1971<br />

Arsenal espace des cultures populaires – 1 rue <strong>Jean</strong> Vielledent, 66000 PERPIGNAN Tél. 04.68.34.09.39 Fax. 04.68.35.41.20<br />

courriel : contact@inst-jeanvigo.com site internet : www.inst-jeanvigo.asso.fr<br />

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