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LES CAHIERS DE LA CINEMATHEQUE n°1.pdf - Institut Jean Vigo

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Malheureusement, en ce temps là comme de nos jours, « la grosse recette » était l’unique condition<br />

de succès d’un établissement de variétés. Les deux frères en firent la triste expérience. Un mois plus tard, le<br />

7 Mars, ils se trouvèrent dans l’obligation de fermer leur cinéma qui devint, peu de temps après, une salle de<br />

bal.<br />

En Mai 1913, <strong>Jean</strong> FONT fit construire, sur le terrain attenant à son cinéma, un immense skatingring<br />

à ciel ouvert dans lequel, durant les mois d’été, il donna des séances de projections en plein air. De son<br />

côté, la Société Poulain décida, au cours de la même année, d’agrandir et de rénover « l’Apollo ». La galerie<br />

circulaire qui entourait le premier étage fut supprimée et remplacée par un balcon, garni de fauteuils, qui<br />

n’occupait que le fond de l’établissement. La décoration de celui-ci et du foyer qui surplombai le parc, dans<br />

les tonalités grises et crème, mettait en valeur le cadre de la scène entourée de dorures, les murs ornés<br />

d’appliques de bronze et l’énorme lentille centrale à éclairage indirect. L’inauguration eut lieu le 4 Octobre<br />

1913. « l’Apollo » était devenu « Le Cinéma Familia ».<br />

Dès lors, et jusqu’à la déclaration de guerre, les deux grandes salles perpignanaises continuèrent,<br />

deux fois par semaine et sans aucune concurrence, à alimenter leur « usine à rêves »(1). Sur les écrans des<br />

ombres se glissaient à la suite des « Rats d’hôtel » et des « Scarabées noirs ». Le mélodrame triomphait<br />

avec « Repentir d’une mère » et « La Fille du ferronnier ». C’était le temps où, sur les affiches brillaient les<br />

noms de Max LIN<strong>DE</strong>R, d’Asta NIELSEN, de René NAVARRE, et où plus de trois cent spectateurs ne<br />

pouvaient trouver une seule place, dans « Le Castillet », lors de la première projection des « Misérables »<br />

(2). On allait rire avec LEONCE, ferrailler au côté des « Trois mousquetaires », chevaucher le coursier de<br />

TOM MIX (3). Dans l’obscurité des salles de Perpignan, chaque soir, la foule regardait de tous ses yeux ces<br />

images qui bougeaient, qui n’arrêtaient pas de bouger et l’emportaient dans un grand vent de rire, d’émotion<br />

et d’aventure.<br />

Dans la dernière semaine de Juillet 1914, « Le Cinéma Castillet » projeta « Ne touchez pas au<br />

drapeau », un film de Jacques ROULLET, avec « une musique de scène très entraînante et très guerrière<br />

qui souligna l’action avec un rare bonheur », et souleva l’enthousiasme de la salle. Ce programme était<br />

complété par le film du voyage de M. POINCARE en Russie, qui « a été longuement acclamé par un public<br />

qui ne peut oublier, dans ses moments de délassement, les angoisses de l’heure présente ».<br />

Le 1 er Août, l’avis officiel de mobilisation fut communiqué par le commandant de la place de<br />

Perpignan et placardé sur tous les murs de la ville. « Les clairons retentirent aux quatre coins de la cité, et<br />

jusque dans les faubourgs, sonnant le rassemblement ». C’était la fin de toute une époque.<br />

Tandis que les salles de spectacles allaient être réquisitionnées, d'un seul coup, les écrans s'éteignirent. La<br />

chanson aux lèvres et la fleur au fusil, des milliers d'hommes en armes partaient à nouveau vers les régions<br />

de l'est où, pour la première fois dans l'histoire du monde, l'œil d'une caméra allait rendre à jamais vivants<br />

leurs gestes de vie et de mort.<br />

A suivre<br />

(1) En Mars 1914, <strong>Jean</strong> FONT prit la direction de « l’Eldorado » où il voulut créer un cinéma populaire.<br />

Ce fut un échec. Un mois plus tard, le propriétaire du « Castillet » abandonna la salle de la place<br />

Bardou-Job, qui reprit ses séances de mimodrame et de music-hall.<br />

(2) En Janvier 1913.<br />

(3) En Octobre 1913 , le premier film de Tom MIX projeté au « Cinéma Castillet » fut « Tom MIX et le<br />

cheval de retour ».<br />

© Cinémathèque euro-régionale <strong>Institut</strong> <strong>Jean</strong> <strong>Vigo</strong> <strong>LES</strong> <strong>CAHIERS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CINEMATHEQUE</strong> N° 1 janvier 1971<br />

Arsenal espace des cultures populaires – 1 rue <strong>Jean</strong> Vielledent, 66000 PERPIGNAN Tél. 04.68.34.09.39 Fax. 04.68.35.41.20<br />

courriel : contact@inst-jeanvigo.com site internet : www.inst-jeanvigo.asso.fr<br />

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