MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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PARTIE<br />
A propos de la<br />
Quelques-uns des projets de relèvement des traitements<br />
des instituteurs qui viendront prochainement<br />
en discussion à la Chambre prévoient l'attribution<br />
d'une prime aux muîtres pourvus du B. S- ;<br />
d'autres admettent le principe d'une augmentation<br />
égaie pour les diverses classes et ca'égories du personnel,<br />
sans distinction de diplômes. Tout en déplorant<br />
que la lutte entre partisans et adversaires<br />
de la prime continue aussi vive gue par le pcCSsé,<br />
en un moment où l union d* tuus les efforts serait<br />
si nécessaire, nous publions ici, comme nous l'avons<br />
fait précédemment, les arguments fournis en faveur<br />
des deux thèses.<br />
I. — Pour la prime.<br />
Qu'avons-nous appris à l'Ecole n ormale?<br />
J'ai cela de commua, je pense, avec tous les B. S.,<br />
que j'ai commencé par le B. E. On nous a montré<br />
alors deux échelles de traitements : 1 200-18uU et<br />
1200-2 200. Nous — les « gras » dont parle M. Bah 1<br />
— avons choisi la 2®, et, après avoir dûment signé<br />
un engagement décennal et demandé à .nos parents<br />
de nous consentir encore quelques sacrifices, avons<br />
accompli trois années d'internat.<br />
D'autres — les « maigres » — avaient choisi la<br />
l r « échelle; ils ont débuté dans des postes médiocres<br />
(et encore !), mais ils y ont débuté plus vite, et ils<br />
arrivent aux bons postes avec nous. J'entends dire<br />
qu'ils enseignent souvent aussi bien, quelquefois<br />
mieut que nous. Je n'en veux pas disconvenir, mais<br />
si c'est vrai, on aurait peut-être pu nous avertir plus<br />
tôt, ou, mieux, supprimer les écoles normales.<br />
A présent, on fait arriver bi ou mono-brevetés à.<br />
la première classe, indistinctement. Je ne m'en fâche<br />
pas, au contraire; mais enfin, qu'on nous trouve<br />
ailleurs une compensation pour le temps et le travail<br />
supplémentaires que nous avons dépensés, croyant<br />
bien faire. Qu'on imagine une prime, une majoration<br />
dancienneté, je ne sais quoi encore, mais que, sous<br />
prétexte de « faire cesser la discorde au camp d'Agramant<br />
», on ne nous avoue pas froidement que nous<br />
n'avons rien gagné à l'école normale, ni instruction<br />
professionnelle ni avantage pécuniaire. — BERNARD<br />
Moscio, à Menton.<br />
L'égalité n p ar en h aut »;<br />
Pour concentrer tous les efforts en vue du relèvement<br />
général des traitements des ^instituteurs, il<br />
serait à souhiiter que l'entente se fit entre B. S.<br />
et B. E., selon le vœu exprimé par M. Ferdinand<br />
Buisson.<br />
Or, a voir la tournure que prennent les événements,<br />
il semble qu'on veuille faire la conciliation exclusivement<br />
au détriment des B. S .<br />
Les B. E. demandent la part du lion. Nous avons<br />
été avec eux, et pour eux, des partisans résolus de<br />
l'accessibilité. E l retour, ils rejettent tout projet de<br />
prixne, temporaire ou permanente, au B. S. Voici<br />
d'ailleurs leur thèse définitive : « A travail égal,<br />
salaire èajal... Point d'aristocratie diplômée dans une<br />
démocratie. »<br />
Ils oublient de reconnaître que cette « aristocratie »<br />
n'est pas fondée sur la faveur, mais sur le mérite et<br />
qu'il leur a toujour< été loisible de s'y classer.<br />
« Le brevet élémentaire est notoirement insuffisant.<br />
» C'est la grosse affirmation parue dans un<br />
entrefilet du Radical (n° du 5 décembre dernier) sous<br />
la signature d'un partisan résolu des B . E. Mais<br />
constatons qu'il aurait été facile à beaucoup de B. E.<br />
de faire disparaître cette « insuffisance » trop franchement<br />
avouée! Nous connaissons nombre de jeunes<br />
gens qui, par un effort sérieux et soutenu, ont conqui--<br />
le diplôme envié après trente' ans; nous savons<br />
a. ssi que les commissions d'examen se sont toujours<br />
montrées bienveillantes à l'égard des jeunes<br />
instituteurs qui ont consacré les loisirs de leur profession<br />
à préparer le brevet supérieur<br />
U.1- Voir Manuel général du 5 octobre 1912. "<br />
Prime au B. S.<br />
215<br />
Serait-il juste que le Parlement fasse aujourd'hui<br />
« le nivellement par en bas », qu'il refuse la prime à<br />
ceux qui l'ont gagnée, à ceux surtout qui, sans être<br />
passés par l'école normale, ont travaillé seuls pour<br />
éviter le stationnement en 3 e classe? Si oui, supprimez<br />
les écoles normales, décrétez qu'il ne faut plus<br />
« savoir beaucoup pour enseigner peu » et l'école<br />
laïque ne fera plus concurrence aux écoles libres et<br />
congréganistes.<br />
Ce jour ne viendra pas. Le brevet unique, ce<br />
sera le brevet supérieur, à moins de recul, et il<br />
donnera à nos écoles des maîtres instruits et nettement<br />
préparés à leur tâche! — LUCIEN S.,,, Instituteur,<br />
rue Dagobert, Clichy, au nom d'un groupe<br />
de B S.<br />
Ou est la véritable égalité?<br />
Légalement, les maîtres pourvus du seul B. E .<br />
n'ont droit d'arriver ni en 2 e ni en l re classe; si par<br />
mesure transitoire ils sont admis en 2 e depuis deux<br />
ans, l'ancien texte n'a pas encore été abrogé, et en<br />
les maintenant en 3 e classe jusqu'à la fin de leur carrière,<br />
l'Etat ne manquerait à. aucun de ses engagements<br />
envers eux. Serait-ce une mesure de tage<br />
administration? Là. n'est pas la question. Nous constatons<br />
simplement qu'en leur ouvrant les portes des<br />
deux classes supérieures, c'est 5 000 francs qu'on<br />
leur donne — (onze ans en 2 e classe à 200 francs<br />
d'augmentation par an : 2 200 francs, sept ans en<br />
l re classe à 4n0 francs : 2 800; total : 5 000 francs).<br />
— Et alors pourquoi ne rien accorder à ceux qui possèient<br />
le B. S? Nous ne croyons pas que ce titre<br />
soit une tare; ni qu'en être pourvu soit une raison<br />
suffisante pour être un mauvais maître. Si les B. E.<br />
sont d'excellents instituteurs, il n'a pas été démontré<br />
qu'ils ont le monopole de la science, du zèle et du<br />
dévouement à leurs fonctions, ni que la non-possession<br />
du B. S. leur conféré des aptitudes pédagogiques<br />
particulières... Et alors, s'ils ne valent pas<br />
mieux que les autres, pourquoi leur donner, à eux,<br />
5 000 fr.incs, et rien à leurs collègues? Ne seraitce<br />
pas dire : « Ceux q;ui possèdent le B. S., pour<br />
la seule raison qu'en l'obtenant ils ont fourni la<br />
preuve d'un travail plus grand, d'étuies plus longues,<br />
d'une culture générale plus étendue, n'ont aucun<br />
droit aux avantages accordés aux B. f£ ? » Ce<br />
serait un comble!... mais pas de justice, ni de logique.<br />
Nous désirons que le B. S. ne nous empêche pas<br />
d'être traités comme ceux qui ne l'ont pas. Puisqu'on<br />
leur donne 5 000 francs, qu'on nous les donne<br />
aussi; et pour cela il suffit qu'il soit établi une prime<br />
de 150 francs par an (34 ans de services : 5 100 francs).<br />
11 est bien évident que la prime doil êire accordée<br />
à tous les B. S. La refuser aux maîtres n'appartenant<br />
plus à la 5 e classe serait une injustice. Ce serait<br />
comme si l'on disait à tous ceux qui ont atteint la<br />
trentaine : « Votre engagement décennal est accompli,<br />
c'est vrai; mais que pouvez-vous faire, puisqu'en<br />
raison de votre âge, toutes les autres carrières vous<br />
sont maintenant fermées? Vous êtes rivés à l'enseignement,<br />
et par conséquent nous n'avons nul besoin<br />
de tenir compte de vos désirs ni de vos droits... » Il<br />
est douteux qu'un tel encouragement, qu'une pareille<br />
marque de so iicitude, soit de nature à exciter le zèle<br />
de maîtres qui. à bon droit, s'estimeraient lésés. —<br />
A. LADOUCK,Instituteur adjoint, Bourg-sur-la-Roche<br />
(Vendée).<br />
II. — Contre la prime.<br />
Un appât illusoire.<br />
Il y a quinze ou vingt ans, alors que les avantages<br />
accordés aux instituteurs équivalaient sensiblement<br />
à ceux accordés a 1 x employés des autres<br />
administrations, seuls les recalés des é-.oles normales<br />
entraient dans les Postes ou dans les Indirectes; on<br />
plaçait alors très peu de non-normaliens.<br />
Les temps sont changés et si l'on veut que tous les<br />
maîtres passent par l'école normale, il faut améliorer<br />
considérablement la situation de l'instituteur et non<br />
donner une prime au B. S.