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MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP

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•212 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />

•de la loi des substitutions qui a renouvelé la<br />

chimie.<br />

Il fut surtout un professeur incomparable, à<br />

la parole chaude et limpide à la fois, et qui avait<br />

le don de s'adapter aux auditoires les plus<br />

divers. Voici le vivant portrait qu'en traçait<br />

Pasteur qui assistait à ses cours en qualité<br />

d'élève de l'Ecole normale :<br />

Longtemps avant l'arrivée de Dumas, la salle était<br />

pleine, les hauteurs couronnées de groupes d'auditeurs;<br />

les derniers arrivés étaient refoulés jusque<br />

dans l'escalier. A l'heure sonnante, il apparaissait.<br />

•Les applaudissements éclataient de toutes parts, des<br />

applaudissements comme la jeunesse seule sait en<br />

donner. Toute sa personne avait quelque chose d'officiel<br />

: habit noir, gilet blanc et cravate noire ; il<br />

semblait qu'il se présentât devant le public comme<br />

un juge difficile, presque redoutable. La leçon commençait.<br />

On sentait dès les premiers mots qu'une<br />

exposition claire, facile, quoique mûrement étudiée,<br />

-allait se dérouler. 1 Comme il cherchait à renire la<br />

chimie populaire en France, il voulait à. la fois être<br />

•compris immédiatement de tous ses auditeurs et habituer<br />

les réfléchis à l'esprit d'observation. Nulle surcharge<br />

dans les détails, quelques idées générales, des<br />

"rapprochements ingénieux, un choix d'expériences<br />

•dont l'exécution était irréprochable. Son art consis<br />

tait non pas à accumuler les faits, mais à en présenter<br />

un petit nombre en demandant à chacun toute sa<br />

valeur d'instruction. Son respect pour le public était<br />

tel que si son préparateur laissait échapper la plus<br />

petite faute, il en était presque déconcerté. Autant il<br />

se fut imposé à chacun de ses auditeurs pris isolément,<br />

autant leur ensemble le dominait... C'est au<br />

bas de cette chaire que j'ai éprouvé pour Dumas les<br />

sentiments qu'il avait éprouvés lui-même pour les<br />

grands maîtres de sa jeunesse.<br />

C'est cette éloquence émue, cette raison_hardie<br />

mais sûre d'elle-même, c'est cet enseignement<br />

aux grands horizons qui faisaient de Dumas<br />

un des maîtres les plus aptes à éveiller les<br />

vocations scienlifiques.<br />

3. — Le Mois des Bonbons :<br />

Au laboratoire du confiseur.<br />

-La chimie alimentaire. — Ingénieurs pour fondants.<br />

— Les transformations du sucre. — Bonbons<br />

fourrés. — Gomment on les aromatise.<br />

Nous voici dans le mois des chocolatites et<br />

•des maladies de foies gras. C'est le moment<br />

d'entrer chez le confiseur et de pénétrer les<br />

•secrets de son laboratoire. Car la confiserie<br />

n'est aujourd'hui qu'une des branches de la<br />

•chimie alimentaire et les usines où se préparent<br />

nos fondants sont sou3 la haute direction<br />

d'ingénieurs sortis de l'Ecole centrale.<br />

N'êtes-vous pas émerveillé quand vous parcourez<br />

du regard les « créations » de nos plus<br />

randes maisons de confiserie, de toutes les<br />

f<br />

elles choses qu'on tire du sucre et des formes<br />

variées sous lesquelles on peut vous le présenter<br />

?<br />

Le docteur Borel nous introduit dans une de<br />

•ces usines en renom et nous initie aux secrets<br />

de la fabrication des fondants.<br />

Voici un fondant : abstraction faite du parfum avec<br />

lequel il est aromatisé, comment l'industrie le fabrique-t-elle?<br />

Ce fondant est une simple crème de sucre<br />

que l'on prépare en mélangeant, dans des proportions<br />

déterminées, du sirop de sacre et du glucose<br />

— amidon saccharifié — empêchant la prise en masses<br />

cristallines. Le tout est cuit dans un serpentin chauiïé<br />

à la vapeur et d'où découle petit à petit une crème<br />

sucrée arrivée au point voulu. On laisse refroidir la<br />

pâte, puis on la malaxe fortement à l'aide d'un autre<br />

engin. Au cours de ce brassage, le sucre se cristallise<br />

en grains excessivement fins et cette opération donne<br />

au fondant la consistance spéciale qui en fera le<br />

charme lorsque, plus tard, on l'aura sous la langue.<br />

Quand il s'agit de bonbons fourrés à la liqueur,<br />

l'opération paraît plus délicate. On se demande, en<br />

effet, par quel artifice, par quel tour de main il<br />

devient possible d'enfermer une goutte liquide au<br />

sein d'une masse elle-même liquide ou tout au moins<br />

pâteuse à ce temps de la fabrication. C'est encore la<br />

chimie du sucre qui résout le problème. Par une<br />

savante cuisson on amène le sirop de ligueur k un<br />

degré tel de sensibilité au moindre refroidissement<br />

que,, à peine sorti de la bassine et versé par gouttes,<br />

il subisse aussitôt et tout au moins à sa périphérie,<br />

un' commencement immédiat de cristallisation. La<br />

liqueur s'enrobe d'elle-même et il n'y a plus qu'à,<br />

fortifier la croûte extérieure par un court passage à.<br />

l'étuve. La goutte parfumée est dès lors assez solide<br />

pour subir sans danger toute manipulation ultérieure.<br />

\<br />

Quant aux sucres d'orge, bonbons anglais et<br />

berlingots, ils sont aussi fabriqués avec le sucre<br />

cuit ou sirop de sucre. On obtient ainsi, selon<br />

le degré de cuisson, une pâte assez plastique<br />

pour être travaillée, moulée et, au besoin,<br />

fourrée avec du chocolat pilé ou des pâtes de<br />

fruits. Le parfum varie, bien entendu, selon la<br />

nature des bonbons, jus de pommes à Rouen,<br />

jus de cerises dans l'Est ou tout simplement<br />

essences qui les remplacent. C'est ainsi qu'on<br />

utilise, notamment, pour les bonbons anglais,<br />

l'acétate d'éthyle. Rien n'est sacré pour les<br />

chimistes et nos estomacs sont fleurs yeux des<br />

creusets comme les autres.<br />

4. — Le Roi des gibiers.<br />

La chasse à la bécasse. — Comment déjouer ses<br />

ruses. — Il faut connaître le pays. — La pratique<br />

et le flair.<br />

Avant que les chasseurs ne remettent leurs<br />

fusils au râtelier, M. Gaston Cherau nous rappelle<br />

les joies et les émotions de la chasse à la<br />

bécasse. Pour cela, il ne suffit pas d'être un bon<br />

fusil, un bon marcheur et d'avoir un bon chien.<br />

Il faut connaître à fond le pays où l'on opère,<br />

bois par bois, et mieux, arbre par arbre :<br />

Pour déjouer l'admirable instinct du roi des gibiers<br />

— et il n'y a pas un chasseur qui contesterait à la<br />

bécasse cette royauté qui date de loin — il est donc<br />

nécessaire de connaître son pays comme un vieux<br />

braconnier; quand on connaît un pays assez bien pour<br />

distinguer d'un arbre un autre arbre de mêmé essence,<br />

pour situer exactement tel repli de terrain, tel monticule,<br />

tel rocher, pour se rappeler qu'à cinquante pas<br />

d'un pin pousse un bouquet de saules, à dix mètres de<br />

quoi il y a un poste, on ne peut s'empêcher de chérir<br />

ce pays qui est le vôtre, précisément parce que vous<br />

vous dites que nul ne le connaît mieux que vous.<br />

Et puis, ce qui fait aussi que la chasse k la bécasse<br />

est la plus passionnante des chasses, c'est qu'on a<br />

toujours affaire à un gibier sauvage, rusé et qui peut<br />

déjouer votre science. L'oiseau qui s'envole sous le<br />

nez de votre chien n'a jamais connu le treillage d'un<br />

parc. Il est ici aujourd'hui; hier, il était très loin et,<br />

si vous le manquez, et que son humeur lui commande<br />

de déserter le pays où il avait décidé de prendre<br />

quelque repos, vous ne le reverrez plus...<br />

VouS ne lui faites pas la guerre ; vous jouez avec<br />

lui une partie tragique pour lui seul, mais une partie<br />

que vous n'êtes jamais certain de gagner.<br />

Je sais un vieux bécassier qui a coutume de dire<br />

que la bécasse est capable de « six finesses, à. terre,

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