MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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eaucoup à nous plaindre ni à nous louer de<br />
l'influence des hommes politiques. Homme politique<br />
à mon tour, je m'aperçois qu'on exagère<br />
à plaisir cette influence.<br />
Dans les conditions actuelles de la vie publique,<br />
un élu qui s'immisce dans les mouvements<br />
du personnel enseignant est bien imprudent;<br />
il se dessert lui-même. Les instituteurs<br />
se connaissent entre eux et sont jaloux de leurs<br />
droits. Tout acte de favoritisme se retourne<br />
contre son auteur. Il n'est qu'un cas dans lequel<br />
un représentant du peuple puisse légitimement<br />
intervenir, c'est quand il y va de 1 intérêt de<br />
l'école, de l'intérêt général des populations<br />
dont il est mandataire.<br />
Il ne saurait prendre aucun engagement qui,<br />
en cette occurrence, gêne son action.<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 211<br />
VARIÉTÉS<br />
Gela dit, jestime que "Té bon instituteur n'est<br />
sous la dépendance d'aucun homme politique,<br />
que les garanties qui lui sont accordées sont<br />
sérieuses et qu'on peut les renforcer sans inconvénient.<br />
Mais, en changeant le mode de nomination,<br />
on n'assurera aucun avantage aux maîtres et<br />
maîtresses. Le droit de proposition en demeurant<br />
intact entre les mains de l'inspecteur<br />
d'académie, le droit de nomination restant au<br />
préfet, il n'y a i as d'arbitraire possible quand<br />
ces deux hauts fonctionnaires font leur devoir.<br />
En France, heureusement, nos fonctionnaires<br />
ont le sentiment du devoir.<br />
F . BOUFFAN<strong>DE</strong>AU.<br />
REVUE SCIENTIFIQUE<br />
PAR SAINT-GILLES<br />
SOMMAIRE. — 1. Pour voir au fond des mers. — 2. Un Savant trop oublié : J.-B. Dumas. — 3. Le<br />
Mois d»s Bonbons : An laboratoire du confiseur. — 4. Le Roi des Gibiers. — 5. Les Poisons à la<br />
mode. — 6. Au Sahara : La « Montagne qui chante ». — 7. Les Bienfaits du Miel.<br />
1. — Pour voir au fond des mers.<br />
Plus on s'élève, mieux on voit. — La vision sousmarine<br />
en aéroplane. — Explication du phénomène.<br />
— Bateaux à fond de verre. —Tourisme<br />
« nouveau jeu ».<br />
Après l'inoubliable traversée de la Manche,<br />
Blériot disait au reporter d'un journal anglais :<br />
« Au large, un spectacle curieux s'offrit à mes<br />
regards. Je vis sous l'eau, nageant en long chapelet,<br />
des sous-marins qu'accompagnaient deux<br />
destroyers. Quand vous dominez la mer, en<br />
effet, la vue perce les eaux profondément. »<br />
Aubrun, en traversant la baie de la Seine, avait<br />
fait la même remarque : « Nous pourrions rendre<br />
aux escadres les plus grands services; cet<br />
après-midi je distinguais admirablement le<br />
fond de la mer, les bancs de sable, les rochers. »<br />
M. Ernest Coustet nous donne l'explication de<br />
ce phénomène :<br />
L'eau, si transparente qu'elle soit, n'absorbe pas<br />
tous les rayons lumineux qui viennent rencontrer sa<br />
surface : une partie de la lumière incidente s'y réfléchit,<br />
comme sur un miroir. Cette réflexion spéculaire<br />
est particulièrement mise en évidence quand le<br />
soleil, à son déclin, se mire sur la nappe liquide et<br />
l'embrase de feux aveuglants. Et quand le soleil est<br />
voilé, on ne se trouve pas placé de telle sorte que<br />
nous puissions apercevoir son image, il est a'sé de<br />
reconnaître que la couleur apparente de la surface<br />
des eaux n'est que le reflet de la voûte atmosphérique<br />
: si le temps est couvert, la mer est grise; elle<br />
est bleue, si le ciel est serein.<br />
Ce phénomène de réflexion contribue doublement<br />
à masquer les profondeurs sous-marines. La lumière<br />
réfléchie à la surface est perdue pour l'éclairement<br />
des objets placés au-dessous, et, de plus, les reflets<br />
éblouissent l'œil, l'empêchent de distinguer les fonds<br />
moins brillants que la surface.<br />
Or, le pouvoir réflecteur de l'eau augmente avtc<br />
l'obliquité des rayons qui rencontrent sa surface, et<br />
l'observateur qui s élève à une hauteur suffisante re<br />
çoit une plus grande quantité de rayons verticaux.<br />
Et,, en même temps que l'éclat du reflet diminue,<br />
celui des fonds sous-marins augmente, parce que, à<br />
mesure que l'observateur s'en éloigne, sa rétine reçoit,<br />
sur une surface donnée, une plus grande quantité de<br />
lumière ; de même que, dans un paysage, les lointains<br />
sont bien plus lumineux que les premiers plans.<br />
N'allez pas croire pourtant qu'il soit absolument<br />
indispensable de monter en aéroplane<br />
pour jouir de la vision sous-marine. Sur les<br />
côtes de la Californie on a mis à flot dernièrement<br />
des bateaux à fond plat percé de lucarnes<br />
garnies d'épaisses dalles en verre.<br />
« J'ai vu, dit un des touristes qui ont exploré<br />
au large de l'île Santa-Catalina, ces paysages<br />
sous-marins, des grottes dont la profondeur<br />
vous défendait de juger la grandeur. Par des<br />
fentes bizarres sortaient et entraient de gros<br />
et de petits poissons de toutes les formes, de<br />
toutes 1 -if nuances, depuis le jaune canari jusqu'au<br />
bleu de Sèvres uni ou tacheté d'or. D'autres<br />
avaient autour de leur corps arrondi comme<br />
une mousseline flottante qui ondulait. Eux<br />
étaient jaune clair, mais la gaze qui les entourait<br />
vaporeusement prenait des reflet-; venant<br />
je ne sais d'où, si changeants, si rapides et si<br />
surprenants qu'on aurait dit des « LoïeFuller. »<br />
Pourquoi, ajoute M. Goustef, n'acclimaterait-on<br />
pas chez nous ce tourisme « nouveau<br />
jeu »? Il ne manque pas sur nos côtes de régions<br />
où la limpidité de l'eau se prêterait certainement<br />
à ces curieux spectacles qui pourraient,<br />
par surcroît, favoriser d'importantes<br />
recherches scientifiques.<br />
2. — Un Savant trop oublié :<br />
J.-B. Dumas.<br />
Humbles débuts. — De la pharmacie à l'Institut.<br />
La loi des substitutions. — Un cours de Dumas<br />
raconté par Pasteur.<br />
J.-B. Dumas est aujourd'hui un peu délaissé.<br />
Il a lal u une récente séance de l'Académie des<br />
sciences pour réparer cette injustice. Il ne<br />
faut pas oub ier que c'est à ce petit apprenti<br />
pharmacien, devenu depuis membre de l'Institut<br />
et professeur à la Sorbonne et au Collège<br />
de France, qu'est due la création de l'Ecole<br />
centrale. Ses recherches sur la substitution du<br />
chlore à l'hydi-ngène et réciproquement dans<br />
les substances organiques, lui donnèrent l'idée