Le peuple de l'eau.pdf - Au diable vauvert
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Légèrement en retrait à l’intérieur <strong>de</strong> la tente, les <strong>de</strong>ux<br />
autres pères et les trois mères du conseil ne bougeaient pas,<br />
horrifiés par les scènes <strong>de</strong> cauchemar qui se déroulaient sous<br />
leurs yeux. <strong>Le</strong>s chefs <strong>de</strong> famille sheulns les plus jeunes, les<br />
plus alertes, avaient eu le réflexe <strong>de</strong> courir, <strong>de</strong> se réfugier dans<br />
une tente ou <strong>de</strong> grimper sur l’aile d’un camion mais les plus<br />
âgés avaient sombré sous les vagues déferlantes <strong>de</strong> la hor<strong>de</strong>.<br />
«Quoi, les phares?» gémit Gwenuver.<br />
Elle se mordait les lèvres, se tordait les mains, haletait et<br />
reniflait pour essayer <strong>de</strong> réprimer ses sanglots. Jamais elle<br />
n’avait été pénétrée d’un tel sentiment d’impuissance.<br />
«Il faut que les chauffeurs les allument! Vite!»<br />
Gwenuver hocha la tête, décrocha les larmes qui perlaient<br />
à ses cils.<br />
«Ils auraient déjà… déjà dû prendre l’initiative…<br />
— Ils sont dans leurs tentes à cette heure-ci! glapit Irwan,<br />
excédé. Et ils ne peuvent plus en sortir.»<br />
<strong>Le</strong>s chiens avaient choisi le meilleur moment pour porter<br />
leur attaque, comme guidés par une intelligence supérieure.<br />
En tirant profit <strong>de</strong> l’obscurité, en s’approchant sans faire le<br />
moindre bruit, ils n’avaient pas eu le comportement habituel<br />
<strong>de</strong>s hor<strong>de</strong>s, pour lesquelles les affrontements se résumaient le<br />
plus souvent à <strong>de</strong> pures épreuves <strong>de</strong> force. Et d’ailleurs, jamais<br />
une hor<strong>de</strong> ordinaire n’aurait osé s’en prendre directement à<br />
un campement: les chiens maraudaient autour <strong>de</strong>s troupeaux<br />
domestiques, prélevaient <strong>de</strong> temps à autre un mouton, un<br />
veau, un porc et, parfois, quand la faim <strong>de</strong>venait plus forte<br />
que la peur, un humain isolé. Ils se tenaient à l’écart <strong>de</strong>s<br />
har<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sangliers, <strong>de</strong> vaches et <strong>de</strong> chevaux sauvages dont ils<br />
craignaient les hures, les cornes ou les sabots. La plupart <strong>de</strong>s<br />
<strong>peuple</strong>s éleveurs disposaient d’animaux dressés, chiens, chats<br />
ou lynx, pour prévenir leurs incursions. Il arrivait que le grand<br />
conseil <strong>de</strong>s <strong>peuple</strong>s ordonne une battue générale pour réduire<br />
la population <strong>de</strong>s hor<strong>de</strong>s quand celle-ci <strong>de</strong>venait trop importante<br />
et représentait une menace pour l’équilibre général.<br />
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