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Le peuple de l'eau.pdf - Au diable vauvert

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<strong>Le</strong>s Derniers Hommes<br />

86<br />

effrayé, dans la pénombre d’une tente. Il se souvint que les<br />

Albains tenaient cloîtrées leurs femmes et leurs filles pubères<br />

jusqu’à la tombée <strong>de</strong> la nuit, une coutume héritée <strong>de</strong> l’ancien<br />

temps à laquelle ils n’avaient jamais renoncé malgré les<br />

mises en <strong>de</strong>meure réitérées du conseil général <strong>de</strong>s <strong>peuple</strong>s.<br />

Un remugle d’étable l’avertit qu’il approchait d’un campement<br />

<strong>de</strong> noma<strong>de</strong>s qui, comme les Sheulns, se déplaçaient à<br />

bord <strong>de</strong> chariots bâchés tirés par <strong>de</strong>s attelages, <strong>de</strong>s chevaux,<br />

<strong>de</strong>s bœufs mais aussi <strong>de</strong>s lamas et <strong>de</strong>s dromadaires. Ceux-là,<br />

les Ariotes, utilisaient davantage d’eau que les autres pour<br />

abreuver leurs bêtes et, donc, fournissaient d’importantes<br />

quantités <strong>de</strong> nourriture et <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> première nécessité<br />

au <strong>peuple</strong> aquariote. Dans une semaine, ils se lanceraient sur<br />

les pistes poussiéreuses d’Espagne en direction du Sud puis, à<br />

peine arrivés, ils <strong>de</strong>vraient rebrousser chemin pour participer<br />

au prochain rassemblement. <strong>Le</strong> désert avait débordé du cadre<br />

<strong>de</strong> l’Afrique du Nord pour s’étendre à toute la péninsule ibérique,<br />

hormis sur la côte atlantique où la fraîcheur marine avait<br />

préservé un marais verdoyant d’environ cinquante kilomètres<br />

<strong>de</strong> largeur. Un garçon d’une quinzaine d’années avait un jour<br />

expliqué à Solman que cette frange à la fois dérisoire et essentielle<br />

abritait les troupeaux sauvages et constituait la seule<br />

richesse <strong>de</strong>s Ariotes. Son regard s’était enfiévré lorsqu’il avait<br />

évoqué la saison <strong>de</strong>s chasses, les chevaux ou les dromadaires<br />

lancés au triple galop <strong>de</strong>rrière les vaches noires, vives, dangereuses<br />

quand elles se sentaient traquées, les tourbillons <strong>de</strong><br />

poussière, l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sueur et <strong>de</strong> sang, les cavaliers munis <strong>de</strong><br />

piques qu’ils <strong>de</strong>vaient plonger entre les vertèbres <strong>de</strong> leur proie<br />

pour atteindre le cœur. Ils possédaient <strong>de</strong>s armes à feu comme<br />

tous les noma<strong>de</strong>s, fusils d’assaut, pistolets, revolvers, mais leur<br />

tradition leur interdisait <strong>de</strong> s’en servir pendant les battues. Sans<br />

cesse obligés <strong>de</strong> se déplacer pour laisser aux troupeaux le temps<br />

<strong>de</strong> se régénérer, ils boucanaient les quartiers <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> qu’ils<br />

enrobaient ensuite <strong>de</strong> miel pour allonger leur durée <strong>de</strong> conservation.<br />

<strong>Le</strong> torse bombé, le garçon avait affirmé que, pour sa

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