02.07.2013 Views

Revue Territoires 2030 n°4 - Datar

Revue Territoires 2030 n°4 - Datar

Revue Territoires 2030 n°4 - Datar

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

La prospective urbaine ou l’enjeu<br />

d’une approche transversale<br />

faire est significative : environ 750 zones urbaines<br />

sensibles réparties sur près de 500 communes,<br />

touchant une population de l’ordre de 4,7 millions<br />

d’habitants. Le programme en cours (2004-2013)<br />

prévoit la réhabilitation de 400 000 logements, la<br />

démolition de 250 000 autres et la construction<br />

d’autant de nouveaux logements, ainsi que la<br />

réalisation de nombreux équipements sur la base<br />

d’un budget de 5 Md € sur huit ans, avec la possibilité<br />

de le porter à 6 milliards dans le cadre du<br />

projet de loi sur le droit au logement opposable.<br />

L’effet multiplicateur pourrait générer 17 milliards<br />

de travaux sur cinq ans et environ 30 milliards sur<br />

la durée du programme. L’effort est considérable.<br />

Dans ce contexte, une prospective territoriale<br />

peut se situer à deux échelles : l’aire urbaine (les<br />

visions régionales et d’agglomérations) et l’échelle<br />

de proximité, le(s) quartier(s) dans la ville.<br />

Les prospectives régionales et d’agglomérations<br />

sont généralement confrontées aux défis qui sont<br />

générés par des changements globaux avec de<br />

fortes implications environnementales, sociétales<br />

et économiques pour les territoires et les villes,<br />

difficiles à anticiper de façon précise. Elles ont été<br />

davantage tirées par l’économique, l’attractivité,<br />

la compétitivité et le marketing territorial (être<br />

encore meilleur, ou bien, le dos au mur, sortir de<br />

la crise économique), la concentration industrielle<br />

et l’espérance d’une revitalisation, le développement<br />

des services, l’économie de la connaissance<br />

et la stratégie de Lisbonne, la valorisation des<br />

ressources locales... Plus récemment, les thématiques<br />

de la ville durable sont mises en avant :<br />

construire la ville sur la ville avec de nouvelles<br />

technologies et des obligations de performance<br />

énergétique, la gestion économe de l’eau et des<br />

déchets dans les grandes villes, des déplacements<br />

sûrs et économes en carburant... La « vieille politique<br />

de la ville » n’apparaît plus.<br />

La prospective territoriale et la prospective sectorielle<br />

appliquée à un territoire, le plus souvent<br />

conduites dans des logiques de planification économique<br />

et spatiale, ont tendance à s’intéresser plus<br />

décembre 2007 n° 4<br />

à ce qui privilégie le développement qu’à ce qui<br />

risque de le menacer ou de le pénaliser.<br />

Les constructions systémiques de la prospective<br />

croisent des tendances, des faits et des chiffres,<br />

des politiques et des gouvernances qui ouvrent sur<br />

de grandes marges d’incertitude et sur des enjeux<br />

fortement dépendants de facteurs exogènes et de<br />

la mondialisation en relation avec la mobilisation<br />

de ressources sociales et patrimoniales locales.<br />

Les préoccupations susceptibles d’induire des<br />

discontinuités dans les politiques et dans l’action<br />

et la recherche de nouvelles finalités ont plutôt la<br />

faveur de la prospective. Il y a un paradoxe de la<br />

prospective : plus la conscience de l’incertitude est<br />

grande, plus une vision globale à long terme est<br />

perçue comme un besoin alors même que cette<br />

incertitude rend plus difficile la conception de<br />

solutions et de stratégies globales.<br />

Les problèmes urbains et sociaux liés à l’exclusion,<br />

à la ségrégation, à la précarité, au chômage, à<br />

l’inégalité d’accès aux services et au logement, à<br />

la perte de liens et de repères, risquent, au cours<br />

des vingt prochaines années, de perdurer et de<br />

s’aggraver tout en se renouvelant, alors qu’ils ne<br />

tiennent qu’une place marginale dans la prospective<br />

régionale et métropolitaine.<br />

Les enjeux de ségrégation et de paupérisation<br />

apparaissent au mieux comme des facteurs<br />

agrégés susceptibles de colorer des scénarios à<br />

long terme, sans jamais peser directement dans<br />

les choix stratégiques susceptibles de résulter des<br />

exercices de prospective. Ils sont présentés par<br />

les nombreux travaux de type projets de territoire<br />

comme des priorités sectorielles et territoriales<br />

(les sites d’intervention, les quartiers sensibles)<br />

à traiter localement et donnent lieu à des logiques<br />

de programmation financière (régionales<br />

et d’agglomérations) à la remorque des projets<br />

locaux sans avoir la force d’une politique conçue<br />

à l’échelon d’une grande aire urbaine, intégrant le<br />

« soft » et le « hard » pour orienter l’action locale.<br />

Les « bonnes » questions sont-elles posées dans<br />

le cadre des projets métropolitains ou d’agglomérations<br />

? Que signifie, à ces échelles, lutter<br />

33

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!